Après les élections et le sacre de Jacob Zuma, l’ANC reste au pouvoir. Mais le parti de Mandela, comme le pays, est miné par les rivalités. L’analyse de Philippe Hugon, directeur de recherche à l’IRIS.
En Afrique du Sud, le 22 avril, 23 millions d’électeurs étaient appelés pour élire l’Assemblée nationale ainsi que les assemblées des 9 régions. Les 400 députés éliront le président de la République le 6 mai prochain.
Selon les premiers résultats, l’ANC (African National Congress) sort vainqueur avec plus de 60 % des députés, contre environ 20 % pour l’Alliance démocratique, « parti blanc » dirigé par Helen Zille, maire du Cap, et moins de 8 % au Congrès du peuple, (COPE), parti dissident de l’ANC. L’ANC sort comme prévu grand vainqueur même s’il n’a pas collecté a priori les 2/3 des voix lui permettant de modifier par voix parlementaire la Constitution. Il a également gagné dans huit des neuf régions.
Malgré des défaillances concernant des bulletins de vote, le vote s’est déroulé sans incident et le taux de participation est estimé à 80%. L’ANC avait auparavant 2/3 des voix et 293 députés sur 400, contre 47 pour l’Alliance démocratique, 23 députés pour le parti libéral Inkatha et 37 divers. Le parti avait connu une crise avec l’élection de Jacob Zuma à la tête de l’ANC avec 60% des voix contre Thabo Mbeki qui briguait un nouveau mandat de 5 ans. Ce dernier avait été contraint de démissionner de la présidence en septembre 2008. Les milieux d’affaire avaient été alors très inquiets du fait de la démission provisoire du ministre des finances, Trevor Manuel, et l’ANC avait éclaté en deux. L’éclatement de l’ANC et la naissance du Congrès du peuple (COPE) avaient renforcé les forces centripètes dans un Etat fédéral. Kgalema Motlanthe avait été désigné en septembre 2008 président par intérim.
Jacob Zuma, actuel président de l’ANC, qui avait été blanchi des procès de corruption, sera élu président par la Chambre des députés le 6 mai. Il est zoulou, d’extraction très modeste, alors que Mandela et Mbeki étaient Khosa de milieu bourgeois et intellectuel. Il est populaire dans les milieux pauvres mais a une réputation assez sulfureuse et tient un discours populiste et démagogique qui inquiète les milieux d’affaires. Privé de formation scolaire, il s’est formé en prison à Robben Island grâce notamment à Nelson Mandela. Il s’est engagé à lutter contre la pauvreté, le chômage, la criminalité, qui touchent la majorité de la population noire et à accélérer la réforme agraire redistribuant 30% des terres aux Noirs.
L’Afrique du Sud affronte aujourd’hui trois défis, celui des effets de la crise financière mondiale, celui des incertitudes liées à la prise de pouvoir par Jacob Zuma et les effets de contagion de la crise zimbabwéenne (réfugiés, choléra). Elle connaîtra une récession économique et une montée du chômage dans un contexte de chute des prix des produits miniers, malgré sa politique de change et ses investissements publics, créateurs de forts déficits publics. Les défis sociaux sont considérables avec le VIH/Sida, la criminalité, les inégalités sociales ou le chômage. Ce dernier, officiellement à un niveau de 24%, a augmenté depuis 6 mois de 300.000 personnes alors que 350.000 jeunes se présentent sur le marché du travail. Malgré l’existence d’une réelle démocratie, l’inquiétude est grande face à l’indépendance de la justice, du fait du non respect par l’ANC des échéances présidentielles pour le départ de Mbeki ou du blanchiment in extremis de Zuma.
Un an avant d’organiser la Coupe du monde de football, l’Afrique du Sud, définie comme une poudrière par Mgr Tutu, est plus que jamais sur le fil du rasoir entre la nécessité de rassurer les milieux financiers et d’éviter la fuite des compétences, et la réponse aux aspirations des Noirs exclus de la terre, de l’emploi et du revenu. Plus que jamais, l’Afrique du Sud a un devenir incertain et le changement de cap lié à l’élection de Zuma peut être celui des tempêtes comme celui de bonne espérance.
Retrouvez les analyses des chercheurs de l’Iris sur le site de la fondation et sur Affaires stratégiques.
À lire ou relire sur Bakchich.info :
Non mais vraiment Bakchich là c’est du foutage de g***** ! Voilà un article, certes clair, mais qui n’apporte strictement rien en terme d’infos. On trouve exactement les mêmes articles sur LeMonde.fr, LeFigaro.fr… Et dire que vous dépêchez Philippe Hugon… Soit disant spécialiste de géopolitique africaine et qui termine son article par une conclusion affligeante :
"[…] le changement de cap lié à l’élection de Zuma peut être celui des tempêtes comme celui de bonne espérance."
Elle est où la valeur ajoutée IRIS ? Vraiment sans intérêt.