Deux réalisateurs ont passé deux mois avec un bataillon de la jeune armée afghane. On découvre une guerre psychologique et un choc des cultures entre l’US Army et les troupes de Karzaï. Ce mardi soir sur France 5
Compagnons d’armes, les réalisateurs français Yuri Maldavsky et australien Timothy Grucza sillonnent ensemble les conflits, caméra au poing. En septembre 2008, Timothy, embedded dans une unité américaine croise un bataillon de l’armée afghane. Intrigué, il s’interroge sur l’histoire de cette jeune armée vieille de sept ans. Mais qui, selon les nouvelles orientations d’Obama, devraient gérer seule le pays d’ici deux ans. De retour à Paris, il décide avec Youri de traiter le sujet au plus près. En 2009, l’armée américaine les autorise à filmer.
Ils débarquent dans la région de Khost, au nord du Waziristan, à la limite du Pakistan. Ils vont vivre deux mois dans un poste-frontière et passent comme les soldats « 90% de leur temps à attendre ». « C’est compliqué », raconte Youri, « de filmer ce "rien" qui en fait n’en est pas un. Les Afghans et les Américains vivent sous une pression permanente. Source de traumatisme. »
Au fur et à mesure des séquences, vierges d’action, on arrive presque à oublier la guerre, peut-être comme ces hommes. Puis avec fatras, les balles sifflent, les tirs de mortier s’écrasent. On ne sait pas d’où viennent les attaques. Vent de panique. Les militaires américains et afghans répondent mais ne savent pas s’ils touchent leurs ennemis. Précipitation pour les premiers, désorganisation pour les seconds.
Guerre impalpable, frontière floue, ennemi invisible. Certains s’épuisent. Faut dire, les contours du conflit sont assez difficiles à cerner. Une scène, étonnante, pour l’illustrer. Munis d’un talkie-walkie, les militaires de l’armée afghane et les Taliban se répondent. S’amusent à se chambrer et rient comme des enfants. Extrait
Les deux réalisateurs commentent les enjeux de cette scène :
Comment doivent se former les militaires afghans, qu’apportent les Américains, comment obtenir des infos sur la localisation des Taliban. Toutes ces questions jalonnent le film. Des focus sont réalisés sur les commandants afghans et américains. Un personnage intriguant, Mouzafar, fils d’un grand chef tribal, au sourire rusé, questionne sur un possible double-jeu des Afghans. Ami des Américains, ils leur donnent des infos contre quelques caisses.. Infos pas toujours utiles puisque l’essentiel concerne le Pakistan, une zone infranchissable, pour la coalition. Depuis les choses ont quelque peu changé, nous renseignent les deux auteurs. Les Pakistanais s’enquièrent davantage des Talibans afghans, ils ont attaqué récemment quelques foyers d’insurrection. Mais la guerre est encore loin d’être gagnée pour les Américains…
Le film produit par la Compagnie des phares et balises sera diffusé prochainement sur France 5. Il a été diffusé en avant-première au festival du FIGRA au Touquet en mars dernier.
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