15 jours de détention pour les 2 journalistes français enlevés en Afghanistan. Dessin de Ludo.
Deux journalistes de France-3, reporters pour l’émission "Pièces à Conviction", ont été enlevés en Afghanistan le 30 décembre. Selon l’AFP, ils ont été kidnappés avec leurs trois accompagnateurs afghans : leur traducteur, le frère et le cousin du traducteur.
Leurs ravisseurs se sont fait connaître mercredi 6 janvier, exigeant le versement d’une rançon et la libération d’un commandant islamiste, mais dans le même temps la polémique a enflé à Paris à la suite de la réaction du président de la République Nicolas Sarkozy, rapportée par la presse.
D’après Le Canard Enchaîné, des journalistes ont interrogé Sarko deux jours après l’enlèvement, qui leur a répondu en substance : "Ils (les reporters) ont fait n’importe quoi. Ils ne nous ont pas écoutés et maintenant on doit prendre des risques pour eux en envoyant des drones et des forces spéciales."
Quelques jours plus tard au Conseil des ministres, selon Europe-1, "Nicolas Sarkozy (a) piqué (…) une grosse colère contre l’“inconscience” des journalistes enlevés en Afghanistan. Et (a) invité Hervé Morin (ministre de la Défense) à communiquer sur le coût des opérations pour obtenir leur libération." "Ces journalistes étaient inconscients. Ils ont agi en contradiction avec les consignes de sécurité."
Des critiques écartées par la Société des journalistes de France 3 et les grands reporters d’autres rédactions qui se rendent régulièrement en Afghanistan. "On ne peut pas se contenter de reportages effectués au sein des forces armées. Toutes les zones doivent être couvertes même si elles sont dangereuses, c’est le principe même du métier", explique un confrère, cité dans Le Parisien.
De même source, les deux reporters enlevés sont des habitués des conflits, l’un d’eux s’était déjà rendu sept fois en Afghanistan auparavant.
Jean-François Téaldi, secrétaire général du SNJ-CGT de France Télévisions, a réagi par communiqué aux propos présidentiels, parlant d’"une honte" : "La liberté de la presse ne se fractionne pas. Une zone de guerre doit-être accessible à l’information, même au risque de la vie des journalistes." Et de déplaire à l’Elysée.