Le bourbier afghan éclabousse l’état-major US

Après les échecs de ses faibles tentatives de mettre fin à la crise économique, de brider l’avarice des banquiers de Wall Street, ou d’arrêter la fuite désastreuse de pétrole dans le Golfe de Mexique, Barack Obama va bientôt affronter la défiance de son électorat vis-à-vis de sa stratégie en Afghanistan : un échec programmé -et sous les feux de la rampe.

La semaine dernière, le commandant en chef des militaires américains et de l’OTAN en Afghanistan, le général Stanley McChrystal, a avoué devant une commission du Sénat qu’il a dû reporter l’offensive contre les Talibans dans Kandahar, prévue début juin, jusqu’en septembre au plus tôt. La raison ? La population locale et ses chefs ne la soutiennent pas, et ne veulent pas être protégés par les soldats étrangers ! Et dire que les militaires d’Obama avaient vendu l’offensive de Kandahar comme le pivot de leur stratégie de « contre-insurrection »…

Qui plus est, le Washington Post a publié en une la semaine dernière un rapport dévastateur et très détaillé sur l’échec total de l’offensive à Marja en février, une campagne alors très médiatisée.

Le début de la retraite des « boys » d’Afghanistan promis par Obama pour juillet 2011, alors qu’il a presque doublé le nombre de ses soldats sur le terrain, semble une promesse de plus en plus intenable. A l’issue d’une séance de commission au Sénat sur l’Afghanistan la semaine dernière, un porte-parole du Pentagone, Geoff Morell, a confié au New York Times que parler d’un commencement de retrait en juillet de l’année prochaine était « prématuré ». Le président afghan Hamid Karzai ne pense pas qu’Obama et l’OTAN soient capables de stopper les Talibans, selon le Times du 11 juin, qui rapporte que pour cette raison, Karzai a entamé des « négociations secrètes » avec les Talibans, qu’il a cachées aux Américains !

A qui la faute de l’échec en Afghanistan ? A Washington cette semaine, le buzz vient d’un article explosif du magazine Rolling Stone rapportant des critiques amères du général McChrystal et de son état-major contre Obama et son équipe.

Choisi par Obama lui-même il y un an, McChrystal qualifie aujourd’hui en privé le président, qu’il a rencontré à la Maison-Blanche, de «  peu préparé » sur la question afghane. Et il méprise le vice-président Joe Biden, farouche opposant au renfort des troupes en Afghanistan décidé par Obama. McChrystal et son équipe n’épargnent pas non plus les militaires d’Obama : un aide du général qualifie de "clown resté figé en 1985" le conseiller de la Maison Blanche à la Sécurité nationale, Jim Jones, un général quatre étoiles à la retraite, et McChrystal s’est même senti «  trahi » par l’ambassadeur de Washington en Afghanistan, Karl Eikenberry, lui aussi un général quatre étoiles. L’article a été repris dans toute la presse, et McChrystal contraint de pondre un communiqué formulant ses « excuses les plus sincères », mais à la Maison Blanche on parle (en "off") d’« insubordination », et McChrystal a reçu l’ordre de s’y présenter dans les plus brefs délais. Ses jours en Afghanistan semblent comptés.

Si même les militaires commencent à se blâmer les uns les autres, la déception du public envers Obama ne peut que s’accroître encore davantage.

Mise à jour le 22 juin à 19h45 :

Le président Barack Obama a révoqué le général Stanley McChrystal de ses fonctions de chef des troupes de l’Otan en Afghanistan et va le remplacer à ce poste par le général David Petraeus.

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