Le gouvernement signe des chèques en blanc pour les entreprises privées qui viennent au secours de Pôle Emploi.
Une plaie, le chômage ? Pas pour tout le monde, Dieu merci. Le président du groupe Alpha, Pierre Ferracci, s’apprête à passer de succulentes fêtes de Noël.
Un personnage dans l’air du temps, passé du syndicalisme militant au business lucratif du « placement » de chômeurs. Alléluia : Pôle emploi, l’organisme public issu de la fusion entre les Assedic et l’ANPE, a désigné en août dernier Sodie Emploi, une des filiales du groupe Alpha, pour accompagner pendant deux ans le reclassement de quelque 100.000 chômeurs.
Soit le tiers d’un gros marché, celui des licenciés économiques et autres « éloignés de l’emploi ». Le gouvernement signe des chèques en blanc pour ces entreprises privées qui viennent au secours d’un service public à peine crée et déjà dépassé. Ainsi, le groupe de Pierre Ferracci récoltera entre 1600 et 2000 euros par « demandeur d’emploi » recasé.
Si une intervention de la divine providence n’est jamais à exclure, Pierre Ferracci n’a jamais été mieux servi que par lui-même. Ce Rastignac à la mode corse quitte son île à 16 ans. Direction Paris où bascule son destin, en 1983. Avec un certain Guy Maréchal, compagnon de route de la CGT et expert-comptable de son état, il crée le cabinet Secafi-Alfa, spécialisé dans le conseil aux comités d’entreprise (CE). Longtemps, l’étiquette cégétiste aura collé à la peau du duo. Pas sérieux quand on aspire à rejoindre le gotha des dirigeants. Leur rachat de Sodie en 2002 comblera les attentes du sémillant quinqua. Désormais, le groupe Alpha travaille aussi pour le compte des entreprises.
Question subsidiaire : peut-on à la fois épauler les CE dans leur stratégie anti-dégraissage et conseiller les employeurs dans les mêmes dossiers de « restructurations » ? « Si on fait ça, on est morts, jurait Pierre Ferracci à nos confrères de Liaisons sociales magazine (1er octobre 2003). L’idée est d’intervenir sur toute la chaîne afin qu’à terme, CE et directions se mettent d’accord sur l’outplacement. » Derrière le jargon, l’habile posture du « dialogue social constructif » entre les directions d’entreprise et les syndicats. C’est plus tendance que la lutte des classes et ça peut rapporter gros.
En 2008, la ministre de l’Emploi, Christine Lagarde, bombarde Ferracci à la présidence d’un « groupe multipartite » sur la formation professionnelle, dont la cagnotte de 27 milliards d’euros excite la convoitise du gouvernement. L’occasion de jouer de son entregent et de se placer auprès des conseils régionaux, des syndicats et de l’État, tous clients… d’Alpha.
Dorénavant, il faudra compter avec celui qu’on compare déjà à Raymond Soubie, le conseiller de Nicolas Sarkozy pour les questions sociales.
À lire sur Bakchich.info :
J’ai eu à faire avec ce type de cabinet il y a quelques années. Ce n’est pas nouveau mais c’était à une plus petite échelle mais c’était déjà le folklore.
Dans le premier cabinet ou j’avais rendez-vous, je me suis retrouvée parmi une quinzaine d’hommes. Personne à l’accueil, pas une seule representante du sexe féminin, la plupart des hommes ne parlait pas le français. Je pense que c’était une structure mise en place pour apprendre à lire et à écrire. Je n’ai pas demandé mon reste je me suis sauvée en courant….et j’ai rappelé mon conseiller qui me repondait ha bon ha bon Donc vous voyez déjà à l’époque, on commencait à faire du fric sur le dos des chomeurs…..avec la benediction de l’anpe et de l’assedic….
aujourd’hui, la soi-disant finalité était de réunir les 2 pôles pour gagner en efficacité mais aussi de faire des économies ……Moi je pense qu’on s’est bien moqué des contribuables mais surtout des chomeurs qui ne sont qu’une manne financière. J’entendai l’autre jour un chomeur pris en main dans une de ces boites raconter son histoire. Il a été menacé de dénonciation parce qu’il ne voulait par accepter un poste pour une raison x ou y……Le conseiller en reclassement allait perdre sa prime…..