Renault réclame trois milliards à l’Etat… et organise des séminaires pour ses cadres à l’ïle Maurice. Vive la crise !
Il y a un mois Nicolas Sarkozy et le gouvernement décidaient, face à l’urgence de la situation, de débloquer six milliards d’euros afin de voler au secours des constructeurs automobiles français. Lesquels réclamaient en effet à cor et à cri, des aides sonnantes et trébuchantes de l’État, c’est-à-dire du contribuable, pour combler dare-dare leurs besoins de trésorerie. Faute de quoi, comme leurs cousins d’Amérique, ils ne répondaient de rien…
Sur ces 6 milliards, la moitié était affectée à PSA, l’autre à Renault. En contrepartie, les deux constructeurs s’engageaient à ne « pas fermer d’usines en France ». Un bien bel engagement donc. Carlos Ghosn se déclarait "très satisfait" du prêt accordé par l’État "face à la crise exceptionnelle qui frappe toute notre industrie". À crise exceptionnelle, mesure exceptionnelle donc ?
Enfin presque, puisque Carlos Ghosn, le patron de Renault, qui a bâti sa carrière sur sa réputation d’intraitable « cost-killer » n’est pas allé jusqu’à annoncer une réduction de sa propre rémunération. En revanche, il est fortement question de remettre en cause le dividende des actionnaires…
Il existe pourtant une certaine marge sachant que la rémunération du patron de Renault s’élève aux alentours de 18 millions d’euros par an. Somme qui ne tient pas compte des revenus perçus chez Nissan, cette dernière donnée relevant du secret industriel.
C’est dans le contexte de l’appel général à « l’effort » lancé aux contribuables, aux salariés, et demain aux actionnaires, « le pire est en train de se passer ! » , dixit Carlos, qu’il faut replacer « le séminaire de travail » que vient d’organiser Renault pour une grosse centaine de ses cadres (Italiens). Soit une petite semaine à l’île Maurice. À la « Pointe aux Canonniers » précisément, soit dans l’un des deux clubs Med dont cette île enchanteresse de l’océan indien est dotée.
Un « endroit idéal pour se ressourcer », assure la pub du Club, qui précise que les 286 chambres de cet établissement viennent d’être « fraîchement rénovées » et disposent toutes « d’une vue sur les jardins ou sur l’océan. » C’est bien le moins.
Un fidèle lecteur de Bakchich confirme que les « séminaristes » marquaient de fait un fort tropisme pour la grande bleue : « Le matin il y avait bien une petite séance « alibi » type présentation « Power point » mais ça ne durait pas bien longtemps » et de constater que « très vite » les travaux se déplaçaient vers les eaux cristallines de l’océan indien. « J’avoue que dans le contexte actuel, alors que Renault tend sa sébille à l’État, que ses sous-traitants mettent la clé sous la porte, le spectacle de ces réjouissances m’a un peu choqué », poursuit sans rire notre informateur.
Encore un qui, manifestement, n’entend rien à la gestion ni aux « ressources humaines ». Des ressources, il en faut ! Car au tarif catalogue, la semaine est facturée par le Club Med près de 2000 euros… Sans les extras. Mais gageons qu’en bon « cost–killer », Carlos Ghosn aura su négocier une ristourne.
« Il y a des choses qui ne changeront jamais et d’autres dont il faut profiter très vite », claironne la pub du Club. Bien vu.
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Il y a un truc qui finit par me choquer.
S’il est clair que la direction de Renault mérite les critiques les plus virulentes (et même devrait se réjouir de n’avoir à faire face qu’a des critiques…), qu’en est-il de ces fameux cadres (Moyens ? Sup’ ? De direction ?).
Ces types-là sont pourris à plusieurs niveaux : Accepter pareille indécence, particulièrement en ce moment. Et éventuellement faire le jeu de la direction, qui, mine de rien, que ce soit volontaire ou non, dresse là une catégorie de salariés contre une autre.
Pratique pour la suite ?