"La Poste vous simplifie la vie", disait le slogan. Mais depuis la machinisation du tri, des courriers - et des baffes - se perdent. On n’arrête pas le progrès.
Nul ne peut imaginer les effets du progrès. A la Poste notamment. D’innombrables petites sociétés disposent d’une adresse officielle, dite de « siège social », qui n’est pas celle de leur gérant, lequel n’habite pas forcément dans des locaux à usage commercial. C’est une obligation légale. Il y a des entreprises spécialisées qui, moyennant finance, reçoivent ainsi et réexpédient le courrier : impôts, TVA mensuelle, organismes innombrables - qui sont, paraît-il, censés simplifier la vie de ces mini entreprises - mais aussi les chèques en règlement des factures émises par la société domiciliée à cette adresse. Un jeu d’étiquettes autocollantes permet cette réexpédition systématique. Quand l’enveloppe arrive à l’adresse « officielle » de domiciliation - le siège social - le courrier est immédiatement réexpédié à l’adresse personnelle du gérant. Jusqu’à présent, sans problème.
Le gérant d’une de ces entreprises, dont le siège social est situé dans le XVIème arrondissement, vient de vivre une expérience kafkaïenne. Le courrier adressé au siège social de sa société a été, comme à l’accoutumée, réexpédié immédiatement à son adresse personnelle, dans le Vème arrondissement, avec l’étiquette autocollante habituelle. Mais trois fois de suite, le courrier est revenu à l’expéditeur, c’est-à-dire à l’adresse du siège social chargé de faire suivre.
Intrigué, le gérant de la société est allé interroger le responsable de son plus proche bureau de Poste. « Expliquez-moi ! Depuis dix ans le courrier envoyé à l’adresse de mon siège social est réexpédié sans encombre à mon adresse personnelle. Depuis une semaine, tout courrier réexpédié, avec la même étiquette fort lisible, revient à l’envoyeur dans le XVIème ! ».
Explication : depuis quelque temps, le tri postal n’est plus manuel. Quand il est fait à la main, le postier met automatiquement l’enveloppe de réexpédition dans la bonne case. Mais depuis peu, le tri est informatisé ! La machine lit donc le code-barres imprimé en bas de l’enveloppe, au-dessous de l’adresse primitive - celle du siège social – et renvoie donc automatiquement le courrier … au siège social, car elle ne sait pas lire l’étiquette indiquant la nouvelle adresse pour faire suivre.
Il faut donc désormais que les sociétés chargées de ces réexpéditions veillent bien à rayer, d’un coup de stylo rageur, le code-barres imprimé en bas de l’enveloppe ; ou collent la nouvelle étiquette par-dessus. C’est simple, non ?
Malheureusement, la direction de la Poste a omis d’informer les usagers, notamment les sociétés faisant fonction de siège social. Si vos chèques n’arrivent pas, ne cherchez plus : c’est la faute à la machine. Merci la Poste !
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"la Poste a écrit à ses usagers"
Elle aurait mieux fait de passer par la case "usagé par la poste", ce qui n’est finalement que la réalité… pourquoi croyez-vous que les circuits parallèles se taillent une telle part de marché (pour ne pas faire beaucoup mieux d’ailleurs !)
Toute "innovation" à la Poste est en fait un recul dans la notion de service public. On peut trouver des dizaines d’exemple.
La dernière innovation : les machines à affranchir, qui permettaient de se débarrasser des pièces de 1 ou 2 centimes, refusent désormais d’avaler plus de vingt pièces en une seule fois.