Le « journalisme d’investigation », (le plus stupide des pléonasmes : l’investigation c’est la définition même du métier), se penche depuis peu sur un sujet dont l’importance fondamentale n’aura échappé à aucun lecteur de certains grands titres.
Non ! Il ne s’agit ni de la crise mondiale, ni de la faillite de l’Etat qui risque d’en découler ; encore moins de la guerre au Proche-Orient ou de l’avenir de l’Europe. C’est une « Affaire » à côté de laquelle celle de Dreyfus ou de Salengro sont des bluettes.
Une seule certitude : elle ne se terminera pas par un suicide.
Une journaliste qui se prend pour Zola accuse : le coup est parti du Nouvel Observateur, celui qui avait dénoncé sur son site Internet un SMS envoyé par Nicolas Sarkozy à son ex-épouse, tout en reconnaissant qu’il ne l’avait pas vu … mais exigeant du Président qu’il apporte la preuve qu’il ne l’avait pas envoyé. Plaisante déontologie nouvelle !
Le panurgisme aidant - cette maladie de la presse contemporaine - d’autres ont pris la relève : même le Figaro Littéraire s’y est mis ! Il est vrai que cette question bouleversante mérite qu’on s’y attarde. La France entière attend, haletante, la réponse : Pierre Perret, l’ami « Pierrot » dont nous avons tous repris les refrains en chœur, a-t-il aussi souvent qu’il l’affirme fréquenté Paul Léautaud ? Pire : n’aurait-il pas un peu copié par-dessus l’épaule de son copain Brassens ?
Cet affreux Jojo, Prince de la langue verte et de l’humour, qui a chanté l’Amour, l’érotisme, la Femme (avec une majuscule), les enfants, l’auteur du Tord-boyaux et du Zizi, de Blanche ou de Mon p’tit loup, ne mérite vraiment pas cela. Un poète révolté capable d’écrire Lily ou La petite Kurde ne saurait être un menteur.
Dans son « Journal Littéraire » ou dans ses entretiens radiophoniques avec Robert Mallet, le grand écrivain - anticonformiste de génie qui tint le secrétariat de rédaction du Mercure de France de 1908 à 1940 - ne l’aurait pas cité ? Et alors ? Perret l’aurait-il rencontré moins souvent qu’il ne le dit ? Mais qu’est-ce qu’on s’en tape !
Il y aurait une réminiscence d’un vers de Brassens dans une de ses chansons ? Quand vous écoutez les premières œuvres de Beethoven, vous y retrouvez un peu de Mozart, et à éplucher les plus grands écrivains on découvrirait bien des influences inconscientes.
C’est faire injure et diffamer un vrai poète. Il a raison de porter plainte. Saluons les juges Lyonnais qui ont eu le mérite de relaxer récemment notre confrère Maurice Sinet, viré de Charlie Hebdo par M. Val, le patron « putatif » de France-Inter, et poursuivi par la LICRA dont l’étrange microscope sélectif avait décelé dans deux chroniques des traces d’antisémitisme et d’incitation à la haine raciale. Il ne s’agissait que d’antisinémitisme ! La Cour a rappelé, en 70 pages d’attendus, que la liberté d’expression restait bien la première de toutes les libertés. Mieux : le Président de la 6ème Chambre, Fernand Schir, a eu le culot d’affirmer que « le bouffon joue un rôle éminent dans la défense de la liberté de la Presse ». Des magistrats de ce tonneau-là méritent nos applaudissements reconnaissants.
Les pisse-vinaigre et autres faux-culs ont perdu le procès de ce que l’on n’a plus le droit de dire. A l’inverse, les juges sauront condamner la diffamation et l’injure.
Vas-y Pierrrot : j’ai de nouveau confiance dans la justice de mon pays !
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Il se trouve que mon oncle, Louis Robert, est le véritable initiateur des entretiens de Léautaud avec Robert Mallet. C’est lui qui a monté le projet et qui l’a surveillé jusqu’à son terme. On remarquera que, pas plus que Pierre Perret, Louis Robert n’est cité dans les conversations radiophoniques entre l’écrivain et le prof. Par ailleurs, en 1967 ou 68 j’ai réalisé, pour France Inter un entretien avec Perret, la mémoire de sa relation avec Léautaud était alors fraîche et incontestable. Je pense qu’à ce sujet on peut interroger Pierre de Lagarde, le fondateur de "Chefs d’oeuvre en péril" qui a été le compagnon de service militaire de Perret… Quand je pense que l’on abat des forêts pour imprimer de telles investigations ! Vive Lili et les pirates de Somalie !
JM BOURGET
Bravo et merci pour cette intervention.
Que l’on s’occupe plutôt de dénoncer les vrais scandales et d’enquêter là où il y a du courage à le faire. Une presse de godillots et de laquais aurait bien besoin de retrouver le sens de l’honneur qui lui fait tant défaut en ce moment.