Pas besoin de courir après les timbres au Sénat. Les parlementaires profitent de leurs quotas postaux et s’arrangent avec les règles. « Bakchich » a déniché l’envoi d’un courrier d’une association franc-maçonne.
Entre menus avantages bien français, les sénateurs de la Ve République bénéficient de légers avantages postaux. « La gratuité de l’affranchissement du courrier parlementaire, dans la limite d’un forfait annuel, est accordée pour les lettres nécessitées par les obligations du mandat parlementaire. Les correspondances collectives aux élus locaux peuvent également, dans certaines conditions, bénéficier de la gratuité de l’affranchissement », décrit le site Internet de la chambre haute du Parlement.
Mais entre l’esprit et le texte du règlement, existe une différence, qu’il n’est point besoin de trop expliciter aux sénateurs. Ils la connaissent bien.
Ainsi, quelques libéralités sont prises quant « aux lettres nécessitées par les obligations du mandat parlementaire ». Pour preuve, une étrange enveloppe arrivée entre les mains de Bakchich. Avec en-tête « Sénat, la vice-présidente » et marquée du cachet du bureau de poste du Sénat, daté du 7 mars 2008, la missive se veut bien peu « parlementaire ». Il s’agit d’un bulletin de liaison du « groupe fraternel d’Études des questions africaines, Fraternité Europe Afrique ». Bref, une gentille association de franc-maçonnerie franco-africaine qui fait distribuer sa petite lettre d’information à l’œil.
Sans que quiconque trouve cela désobligeant, surtout pas la vice-présidente du Sénat, Michèle André – présidente d’honneur de l’association – jointe par Bakchich.
« Cela vous gêne parce que c’est une association maçonnique c’est ça ? ».
Ben, pas vraiment. Plutôt que les services de l’État (et ses finances) cajolent une association « spirituelle ».
« Oh, mais vous savez, c’est une aide parce que je suis très soucieuse du développement de la francophonie ». Avant de conclure en renvoyant Bakchich à ce quota « postal » accordé à chaque parlementaire, que chacun use comme il l’entend. Rien à redire, donc.
Entre l’esprit et le texte de son règlement, le Sénat a fait son choix. En usant de l’équerre et des compas ?