Plusieurs établissements de jeu, à l’instar des Cercles Concorde et Haussmann, ont été contraints de fermer pour irrégularités comptables. « Bakchich » s’est incrusté dans ces lieux hors du commun.
Qui n’a jamais tenté sa chance au Casino ? Pour une petite partie de poker, blackjack ou machines à sou (pour les moins téméraires) entre amis… Les Cercles de jeux, microcosmes au temps suspendu, sont, eux, réservés aux initiés. Quelques jeunots fréquentent certes ces établissements pour copier les copains et faire monter l’adrénaline, mais pour les habitués (la majorité des joueurs), jouer est une gentille drogue douce… ou dure.
Samedi 20 décembre, il est 19 heures à L’Aviation club de France, le « jeu sur la plus belle avenue du monde ». Les joueurs arrivent en masse, les croupiers s’installent et les serveurs commencent à prendre commande. Les joueurs prennent peu à peu place autour des tables de jeu, jetons en main, prêts à dégainer. Luxe, bonnes manières et paillettes ne sont pas vraiment la règle, contrairement à ce que le site internet du club suggère. Celui du Cercle Haussmann parle carrément d’« un prestigieux décor du style Second Empire, le cercle Haussmann vous accueille avec égard et élégance ». Ben voyons ! Le style Second Empire a bel et bien été abandonné pour un genre maison close plutôt décrépie.
A L’Aviation club, bien que les hommes soient largement majoritaires, quelques dames accros aux jeux squattent abondamment les tables. Pas vraiment des Sharon Stone les donzelles… [1]
Côté hommes, le panel est large. Allant du p’tit jeune qui se prend pour un gangster au gagne-petit qui délaisse femme et enfants, en passant par l’homme d’affaire – parfois à la tête d’un business douteux. C’est « un monde de visselards », confie un accroc des jeux.
Diversité des sexes, et des origines. De l’Asie, au Maghreb en passant par Israël, la clientèle est variée. Et plus ou moins « fidèle ». « Les joueurs et joueuses d’origine asiatiques sont parmi les plus accrocs », constate une habituée. Elle poursuit : « Ils vivent au rythme des tables de jeux et ne se permettent aucun luxe. Quoi qu’il arrive, ils tiennent à conserver un petit pécule pour faire chauffer le jeu ».
« Aucun luxe », aussi parce que les établissements de jeu n’hébergent pas que les rois du poker blindés aux as. Beaucoup de joueurs ont abandonné l’ambition de faire fortune et s’adonnent, simplement, à leur vice. A l’image de Jean-Pierre, qui passe son temps à « prier pour que l’un de ses « amis » gagne gros et récupère quelques biftons ». Mais Jean-Pierre doit serrer les fesses : « Si un des croupiers pense que je viens plus pour récupérer les miettes de mes amis que pour jouer, je me fait jeter d’ici par la peau du cul en moins de deux ! ».
Les cercles de jeux sont connus pour avoir abrité quelques grands gangsters. Michel Ardouin, ex-associé de Jacques Mesrine, déclarait il y a peu sur LCI.fr que Mesrine « jouait tous les soirs dans les cercles de jeux clandestins ». C’est du passé. Aujourd’hui, dans les coulisses des Cercles de jeux, l’intrigue est assez peu excitante et ressemble plus à une parodie pathétique du « Parrain » qu’à « Gomorra ».
Fini le grand banditisme. Au profit, peut-être, d’un petit air de famille… Les soirs de matchs, surtout quand le PSG est en lice, tout ce petit monde est attablé devant l’écran plasma. Discutant, criant, et se remémorant les belles années où les femmes et l’argent coulaient à flot. Mais cette douce « famille », que beaucoup évoquent sans peine, peut montrer ses griffes. Un sale coup n’est jamais loin.
Pour se protéger, les petits et petits-moyens cherchent à gagner la confiance d’un « grand » (traduction : un homme influent qui a de l’oseille). Là, c’est la course aux courbettes.
Le règne de la convivialité, de l’amour, de la famille, de la fraternité, bref, un endroit rêvé pour passer les fêtes de fin d’année !
Lire ou relire sur Bakchich.info :
[1] On pense ici à l’actrice, belle blonde sexy dans le film « Casino ».