Rien ne s’exporte facilement aux USA. Même la caisse-claire en or de Ringo Starr a suivi un véritable chemin de croix pour atterrir au MET, le musée d’art de New York. Épreuve
Si vous êtes à New York cet été, le Metropolitan Museum of Art vous réserve une divine surprise, séquence nostalgie.
Le 7 juillet, 70ème anniversaire de Ringo Starr, la direction du musée a en effet inauguré avec éclat, la présentation au public de la caisse-claire en or offerte en septembre 1964 par William F. Ludwig Jr, Président de la firme éponyme, au batteur des Beatles.
Un cadeau de l’industriel en témoignage de sa reconnaissance envers l’artiste pour avoir utiliser son matos lors du Ed Sullivan Show au début de l’année 64 et plus encore, lors du concert de Chicago de septembre de la même année ; des apparitions des 4 garçons dans le vent qui avaient boosté les ventes du mythique drum set de 5 fûts couleur perle noire, au delà des espérances les plus folles de son fabriquant.
La caisse claire est exposée au 2ème étage du musée, dans la galerie des instruments de musique, où elle cohabite jusqu’en décembre prochain, avec des instruments venus des 6 continents dont les plus anciens remontent à 300 ans avant Jésus Christ. Que les rescapés du naufrage des Bleus en Afrique du Sud se rassurent ; pas de vuvuzelas en vue… Jason Kerr Dobney, administrateur associé du musée, s’est bien sûr fendu d’un petit discours inaugural : « ….Nous sommes également très heureux de pouvoir présenter dans notre galerie, ce prêt spectaculaire de Ringo en personne, qui détient cet instrument depuis qu’il lui a été offert en septembre 64 et qui sera admiré par des milliers de visiteurs au cours de cette année commémorative… ».
Ce que l’on sait moins en revanche, c’est que ce temps fort de l’actualité culturelle n’a été rendue possible que grâce à l’intervention déterminante du Ministère des Affaires étrangères US, en la personne de Maura M. Paully, assistante-adjointe du Secrétaire aux échanges culturels et professionnels. Qui a du pondre un texte spécial pour permettre à la caisse claire de passer les fourches caudines du protectionnisme ricain.
Son arrêté du 2 juin 2010 n°7043 (« Objets culturels signifiants importés en vue d’une exposition : la caisse-claire de Ringo Starr ») empreint d’une indiscutable solennité, ne laisse subsister aucun doute sur l’importance de l’évènement. Mieux vaut en faire des caisses… « ….En vertu des pouvoirs qui me sont conférés par la loi du 19 octobre 1965, l’instruction exécutive n° 12047 du 27 mars 1978, la loi de reforme et de restructuration des Affaires Etrangères de 1998, la délégation de pouvoir n° 234 du 1er octobre 1999, la délégation de pouvoir amendée n° 236 du 19 octobre 1999, et la délégation de pouvoir n° 257 du 15 avril 2003, j’ai décidé que l’objet figurant dans l’exposition La caisse claire de Ringo Starr qui fait l’objet d’une importation en vue d’une exposition temporaire aux USA, a une signification culturelle. L’objet est importé aux termes d’un prêt de la part du propriétaire étranger ou de son dépositaire. J’ai également décidé que l’exposition ou la présentation de l’objet au Metropolitan Museum of Art de New-York du 1er juillet 2010 au 31 décembre 2010, et en d’autres lieux éventuels restant à déterminer, se tient dans l’intérêt national… ».
Sacré Ringo, il s’en tire bien ; pour un peu, les Yankees lui auraient refilé la Distinguished Service Cross pour l’ensemble de ses efforts en faveur de la maison Ludwig.
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