Si vous voulez sortir des bouquins à 80€ qui vont proposent une histoire du rock pasteurisée, achetez plutôt celle vécue par les grands dessinateurs de BD.
« Les journalistes de rock sont des gens incapables d’écrire qui interviewent des gens incapables de parler pour des gens incapables de lire ». Dit comme ça, Frank Zappa avait peu de chance de figurer, malgré l’entière vérité du propos, dans ce qui pourrait avoir encore grâce à ses yeux, « l’Histoire du rock en BD ». Et pas de la branlette de carte postale pour passer chez Drucker.
Flammarion, qui est à l’underground de l’édition ce que Joe Dassin est au black métal, a vu les choses en grand. Le Wembley du rock dessiné par les cracks. Berberian, Catel, Luz, Sattouf, Killofer replongent dans leur adolescence, boutonneuse et suicidaire, pour illustrer au son des guitares, les groupes qui ont fait muter de gentils fils à papa en bêtes sexuelles ou du Gévaudan. Au final, plus de 200 pages de strips en noir et blanc à la gloire des monuments du rock. De Little Richard aux White Stripes en passant par la lave rouge des Led Zeppelin, Hendrix, Iggy Pop et Sex Pistols. Une approche de la tendre émancipation, loin des ronflantes encyclopédies, celle des « 1000 disques à écouter » sauf à rester un con. Nous, c’est depuis le balcon des dessinateurs qu’on préfère voir vivre et mourir les musiciens. Ils savent encore ce que c’est le bonheur monté au galop.
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