Jean Miot, ancien patron du « Figaro » puis de l’AFP, analyse pour « Bakchich » les propositions de Nicolas Sarkozy pour sortir la presse française de la crise.
Nicolas Sarkozy se penchant sur la Presse : la profession ne cachait pas son scepticisme, d’aucuns allant même jusqu’à dire que les conclusions avaient été tirées avant même la remise du Livre Vert issu de ces Etats Généraux que la Presse elle-même aurait du initier. Mais cette belle et grande famille relevait trop des Atrides pour le faire …
Quoi qu’il en soit, n’en déplaise à quelques beaux esprits, quand, à la crise structurelle dont elle souffre depuis longtemps, s’ajoute une crise mondiale, c’est bien à l’Etat de sauver la presse d’opinion et d’information générale. Cela se justifie d’abord parce que la presse – « la conscience d’une Nation » disait Camus – est l’élément essentiel de la démocratie ; ensuite parce qu’il s’agit d’un secteur économique qui fait vivre plus de cent mille salariés en France.
Certes, l’affection que porte aux médias ce Président qui carbure au Colbertisme suractivé ne laissait pas d’inquiéter.
Et bien, que nenni ! Il a tiré la substantifique moelle des 90 propositions rédigées par quelque 150 représentants de la profession.
Les Sociétés de Rédacteurs avaient choisi la chaise vide : il n’y a pas pire erreur stratégique.
Pour répondre à l’urgence, créée par l’effondrement des perspectives publicitaires, il a annoncé trois mesures immédiates.
La hausse insupportable des tarifs postaux (acceptée en juillet par une profession qui est allée désunie à la bataille et que la Poste n’a jamais justifiée par une véritable comptabilité analytique démontrant le coût réel du transport des journaux) est reportée d’un an ; espérons qu’elle sera renégociée …
Priorité à la vente : les marchands de journaux doivent être remis au centre de tout, affirme à juste raison Nicolas Sarkozy. Nos diffuseurs – qui sont les moins bien payés d’Europe – vont bénéficier immédiatement d’un abaissement de 30% de leurs charges ; 4000 € par an, ce n’est pas négligeable.
Enfin, l’Etat va doubler ses dépenses de communication (achats d’espace pour les campagnes nationales) au profit de la Presse.
Respectant strictement les limites de la gestion industrielle, Nicolas Sarkozy s’est bien gardé de déborder du contenant, se bornant à saluer l’avancée des négociations sur le problème des droits d’auteur, à encourager le Code de déontologie et les Chartes éditoriales, ainsi que la transformation du Conseil Supérieur des Messageries en nouvelle instance indépendante, ayant notamment en charge la sauvegarde du pluralisme.
En revanche, il a rappelé aux patrons de presse les règles élémentaires ; ne serait-ce que de s’interroger sur le contenu éditorial ! Ils les a mis au pied du mur, face à de lourds chantiers, mais en leur donnant réellement les moyens de les affronter.
Abroger la loi Bichet, qui instaure la liberté de distribution depuis 1947, serait une erreur. Mais il est indispensable d’en modifier les règles d’application afin que les diffuseurs ne soient pas accablés par la manutention des invendus. Les points de vente doivent être démultipliés : grandes surfaces, petits commerces, buralistes, stations services … Le fait d’inciter la presse régionale, qui assume elle-même sa distribution, à prendre aussi en charge les quotidiens nationaux va y contribuer grandement. L’expérience sera conduite pendant six mois.
Portant l’aide de 7 à 70 millions, Sarkozy parie sur le portage à domicile, seul moyen de fidéliser le lecteur ; ce qui permettra de créer 18 000 « petits boulots » nets de charges. Bravo !
Au risque de provoquer des hurlements, ce n’est pas une mauvaise idée que d’autoriser les gratuits à s’exposer près des kiosques : ainsi les lecteurs pourront-ils être tentés par des titres qu’ils n’auraient jamais approchés.
Ce n’est pas Internet qui menace la presse, c’est la presse qui a besoin d’Internet pour se relancer. Sarkozy s’engage à l’aider pour accélérer ce développement primordial : « l’écran sauvera l’écrit ». Et de proposer un statut d’éditeur de presse en ligne : on ne peut qu’applaudir ! Ainsi, les éditeurs en ligne seront sur un pied d’égalité avec les titres imprimés. Mais pour passer de 19,6 à 2,1 de TVA, il va falloir l’accord de Bruxelles … Néanmoins, l’exonération de taxe professionnelle est déjà acquise.
Une autre décision rétablit un juste équilibre sur le plan des recettes de publicité : le hors média sera soumis à la loi Sapin.
L’absence de fonds propres, cette tare originelle de la presse française issue de la Libération, va pouvoir être compensée par le mécénat. La Caisse des Dépôts et Consignation pourra collecter des fonds de particuliers destinés à l’investissement, leur permettant de bénéficier de 66% de réduction d’impôts.
Autre excellente proposition : offrir à tous les jeunes, l’année de leur citoyenneté, un abonnement gratuit au quotidien de leur choix, une idée qui a fait ses preuves. Ouest-France l’a expérimentée : 15% de réabonnement. L’Etat assurera le transport. Merci d’encourager les enfants du Net à lire aussi sur du papier.
Enfin, c’est aux éditeurs qu’il revient de régler l’énorme problème de la fabrication. Les partenaires sociaux ont exprimé leur volonté de rédiger un nouveau contrat social. C’est votre problème, leur a dit en substance Nicolas Sarkozy. Quand on sait qu’il s’agit de réduire de 30 à 40 % les coûts, pour les aligner sur les confrères européens, on mesure l’ampleur de la tâche. Modernisation des règles de gestion, rationalisation, amélioration de la productivité, mutualisation des imprimeries, réduction des sureffectifs, reconversion et acquisition de compétences nouvelles : « L’idée ne nous fait pas peur », a déclaré Michel Müller, le secrétaire général de la FILPAC – CGT. L’Etat aidera ; il y a des solutions, mais cette fois-ci il faudra véritablement que le plan aboutisse à de réels résultats. Les négociations vont commencer sur le champ.
C’est un authentique plan de sauvetage que Nicolas Sarkozy propose à la Presse. Soyons clairs : la balle est maintenant dans le camp des éditeurs. Ils disposent de moyens substantiels pour se redresser, voire même sauver les plus menacés. A charge pour eux maintenant d’entamer les grands chantiers dont il a ouvert la voie ; ne doutons pas que cette aide de 600 millions d’€uros est conditionnée aux avancées de la profession, en particulier sur les chapitres distribution et impression.
Nicolas Sarkozy a eu le mérite de rappeler que si la presse n’est pas une marchandise, elle est une industrie ; et que son indépendance commence par son équilibre économique.
Sur l’air d’ « aide-toi, le ciel t’aidera », il a apporté des remèdes à des maux cent fois diagnostiqués.
« La Passion de la Presse », il l’a bien compris : c’est au sens latin du terme qu’il faut l’entendre !
Lire ou relire dans Bakchich :
Pas le moral… les journalistes « en place » de la presse écrite ou parlée… qui voient chaque habitant de la planète connecté à Internet prendre leur place en vérité et rapidité.
Leur monopole confortable issu du pacte gaullo-communiste de la dernière Guerre vole en éclats.
Leurs articles ou bavardages mensongers et flagorneurs au profit du système socialogaulliste et de ses affidés, qu’ils soient des politiques ou des industriels, n’intéressent plus personne sauf à constituer les preuves de leur basse corruption.
Transformés en fait mais aussi en droit en veules et vils « fonctionnaires du régime », ils seront balayés, en même temps que leurs journaux ou émissions de radio, dès lors que ce régime totalitaire socialogaulliste sera mis à bas, l’indépendance recouvrée et la République rétablie par le peuple français.
Lueur d’espoir ?