Dans un excellent livre, le journaliste Martin Even revient sur les relations du candidat démocrate avec le révérend et extrémiste noir Wright. Un sujet habilement déminé par Obama durant sa campagne.
Le débat entre McCain et Obama, mercredi soir, aura été un exercice particulièrement périlleux, où chaque mot fut soupesé et chaque silence interprété. Dans un livre brillant, « Obama, le nouveau rêve américain » (Fayard), le journaliste Martin Even, ne cache guère sa tendresse pour « le premier candidat noir en mesure de remporter l’élection présidentielle ». Mais l’auteur décrit aussi, au terme d’une enquête très poussée, les failles du passé Obama, celles-là même que McCain a refusé d’exploiter, mercredi soir, lors de leur débat télévisé, en raison de la prééminence de la question économique pour la plupart des électeurs américains.
Seul Georges Bush feint de confondre Obama et Oussama. McCain aura été plus fin, jusqu’à mercredi soir, qui s’est gardé d’attaquer trop frontalement Obama sur ses relations avec le sulfureux Révérend Jeremiah Wright, le chef de la Trinity United Church of Christ". Au nom, a toujours professé le candidat républicain, du respect de la foi.
Martin Even revient, lui, sur le rôle décisif joué par le pasteur dans la formation du jeune Obama, lorsqu’il débarque à Chicago à l’age de vingt quatre ans. Sur cette période de sa vie, Obama a pu déclarer, d’une formule digne de Woody Allen : « À Chicago, j’ai découvert que j’étais noir, et je le suis demeuré depuis ».
Mais le Révérend, qui l’a tant marqué à l’époque, n’est pas un enfant de chœur, plutôt du genre communautariste dur, comme le décrit le journaliste Martin Even, ancien chef du service culturel au Monde : « Les sermons de Jeremiah Wright empruntent volontiers un ton prophétique. Le révérend prêche contre les ennemis de Dieu, et ceux-ci sont souvent blancs, placés aux plus hauts postes ». L’homme d’église a même été, rappelle toujours Even, jusqu’à déclarer en chaire que le 11 Septembre fut la punition de l’Amérique. « Dieu maudisse l’Amérique », a-t-il même proclamé.
Le rappel des relations troubles d’Obama fut souvent utilisé, ces dernières semaines, par les militants Républicains, qui ont multiplié les attaques raciales contre « le terroriste » et « l’arabe » Obama Et dans le « team » McCain- Sarah Palin, c’est cette dernière qui a fait le sale boulot et multiplié les attaques en dessous de la ceinture.
En fait, l’amitié entre Obama et Wright durera vingt ans, mais ne survivra pas aux Présidentielles, lorsque le candidat dénoncera les déclarations extrémistes du pasteur. Mais, pour autant, Obama devait reconnaitre tout ce qu’il doit à son ancien ami.
Bon dialecticien, Barack Obama s’est souvent justifié de cette amitié passée, en osant un parallèle osé entre son ancien ami et sa grand mère maternelle, blanche, mais elle aussi, occasionnellement limite sur les questions raciales.
Parmi les nombreux extraits que Martin Even donne des principaux discours électoraux d’Obama, tous particulièrement brillants, l’un d’eux concerne le révérend Wright : « Je ne peux pas d’avantage le renier, lui, que je ne peux renier la communauté noire. Je ne peux pas d’avantage le renier, lui, que je ne peux renier ma grand mère blanche-une femme qui m’a permis de m’élever, une femme qui s’est sacrifiée encore et encore pour moi (…) Une femme qui m’aime plus que tout en ce monde, et pourtant cette femme a avoué une fois sa crainte d’hommes noirs qui la croisaient dans la rue, et en plus d’une occasion, elle a proféré des lieux communs de caractère racial et ethnique qui m’ont fait grincer des dents ». Et d’ajouter : « Ces personnes là font partie intégrante de moi, ils sont une partie intégrante de l’Amérique, ce pays que j’aime ». Du grand art oratoire ! Racistes blancs, racistes noirs, vous êtes mes frères. Il faut admettre qu’être métisse et présidentiable oblige, aux États-Unis ou ailleurs, à quelques contorsions.
Plus sérieusement, le New York Times, qui avait d’abord soutenu Hillary Clinton, s’est rallié à la campagne Obama, tout en rappelant ses cinq premiers reniements, que rappelle Martin Even : le renoncement du financement de sa campagne sur fonds publics ; son accord pour laisser passer au Sénat, une législation sur les écoutes téléphoniques qui réduit de facto les pouvoirs de la Justice ; son soutien à l’application possible de la peine de mort pour les crimes sans homicide ; sa permissivité en matière de port d’armes ; l’extension des fonds publics aux organisations religieuses. Autant de retournements que McCain n’a pas hésité à mettre en exergue durant le rude débat qui a eu lieu hier soir.
Une autre critique est fait à Obama que rappelle Martin Even et qui émane de sa propre épouse, Michelle, une maitresse femme. A l’en croire, « Barack ronfle, et son haleine, au réveil, n’est pas ce qu’il y a de mieux ». Cette faiblesse là, McCain a eu l’élégance de ne pas en faire état durant le débat d’hier soir. L’Amérique est décidément une grande démocratie
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Dernier sondage Gallup
Obama 49%
BigMac 47%
Marge d’erreur 3%
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