A en croire les sondages, le premier débat entre Barack Obama et John McCain, qui a eu lieu le 26 septembre, a été remporté par le candidat démocrate. Celui-ci jouit maintenant d’une large avance au Collège électoral.
Le premier soi-disant « débat » télévisé entre Barack Obama et John McCain ce 26 septembre n’était pas sans rappeler celui qui a opposé John F. Kennedy à Richard Nixon. C’était en 1960 et c’était le premier débat de l’Histoire à avoir été vu par les téléspectateurs de tout le pays. Obama-McCain, comme Kennedy-Nixon, a été un affrontement entre un sénateur jeune, beau, méconnu il y a peu du grand public et accusé de manquer d’expérience, face à un politicien familier des Américains et expérimenté que les médias citent depuis des années.
En 1960, beaucoup d’électeurs protestants ont émis des réserves sur Kennedy à cause de sa religion. Jamais en effet un Catholique n’avait été élu président, tandis que la candidature d’Obama engendre bien des préjugés parmi les électeurs blancs en raison de sa couleur de peau. Vendredi soir, comme en 1960, deux questions se sont imposées d’elles-même : Le candidat le plus jeune allait-il arriver à tenir tête au candidat habitué des coulisses de pouvoir ? Est-ce que les électeurs indécis seraient capables de se sentir à l’aise avec l’idée que le pays soit entre les mains du plus jeune, aux origines étrangères ?
La prestation télévisée de Barack Obama semble avoir donné des réponses positives à ces deux questions clé. Sur la chaîne d’information MSNBC, même le commentateur ultra-conservateur Pat Buchanan (extrême droite du Parti républicain) a clamé qu’Obama « a su rassurer sur le fait qu’il n’est pas un dingue de gauchiste comme le veut la caricature républicaine ni une mauviette qui rechigne à utiliser la force. Mais qu’il saurait choisir prudemment où frapper et comment ».
En 1960, après le face-à-face Kennedy/Nixon, les sondages montraient que ceux qui avaient l’écouté à la radio trouvaient que Nixon avait gagné mais que ceux qui l’avaient vu à la télévision pensaient que c’était Kennedy. De même, si après la soirée entre Obama et McCain plusieurs commentateurs ont estimé que le candidat républicain avait gagné « techniquement », les sondages instantanés réalisés par les chaînes de télévision immédiatement après le débat montraient au contraire qu’Obama avait été le meilleur car le « langage du corps » des deux candidats visible sur le petit écran a beaucoup joué. Dans le sondage de la chaîne CBS effectué sur un échantillon de 500 électeurs indécis, 39 % affirment qu’Obama a gagné contre seulement 24 % pour McCain tandis que 37% optent pour le match nul. Dans un sondage CNN, 51 % des personnes interviewées pensent qu’Obama a gagné contre 38 % pour McCain.
Ce premier débat télévisé (sur les trois programmés) était censé porter sur les affaires étrangères comme l’avait demandé avec insistance Obama. Au début, le débat du 26 septembre devait traiter de politique intérieure américaine mais l’état-major d’Obama a craint que si on commençait avec des thématiques de « chez nous », les questions raciales ressurgiraient et handicaperaient le démocrate. Du coup, il y a un mois, la commission privée qui organise ces débats est passée en force et a imposé que le premier débat porte sur l’international. Une erreur car, entre temps, est survenue la crise à Wall Street qui fait planer sur l’Amérique (et le reste du monde) le spectre d’une nouvelle Grande Dépression. En effet, quand il est question d’économie flageolante, c’est logiquement le Parti démocrate et son candidat qui en profitent, au détriment du parti de George W. Bush au pouvoir à la Maison-Blanche.
Toutefois, à cause des faillites bancaires en série de la semaine dernière, les 32 premières minutes du débat ont exclusivement tourné autour de questions économiques. Dans cette partie de la soirée, le comportement de McCain a œuvré contre lui. Il semblait mal à l’aise au début de la discussion économique et s’est efforcé de ne jamais regarder son rival. A l’inverse, Obama est apparu calme, cool, confiant… Présidentiel, quoi ! Et il s’est souvent tourné vers McCain pour le tancer et lui reprocher d’être un défenseur acharné de la politique économique de Bush qui ne brille pas par sa réussite.
Quand, enfin, les questions ont abordé la politique étrangère, McCain, avec ses saillies de néo-conservateur, a semblé souvent irrité et méprisant à l’égard du candidat démocrate. Il a répété à maintes reprises que « Sénateur Obama ne comprend pas » de quoi il parle. Si Obama a continué sur sa ligne de centriste pur jus, il a su rester imperturbable mais a commis une importante erreur en répétant à huit reprises « you’re right » (vous avez raison), en parlant de McCain. Les républicains ne manqueront pas de l’utiliser dans un spot publicitaire… Néanmoins, la mauvaise disposition du candidat républicain envers Obama a eu pour effet de faire apparaître Obama comme le plus sympathique des deux. Un détail important quand on sait que beaucoup d’électeurs américains choisissent leur président au « feeling ».
McCain avait vraiment besoin de mettre KO debout son adversaire dans ce premier débat car tous les sondages publiés la semaine du 22 septembre montrent que la crise financière le dessert, comparé à Obama. Selon le sondage du Los Angeles Times-Bloomberg News du 24 septembre, Obama est jugé meilleur sur l’économie par 46 % des Américains contre à peine 32 % pour McCain. Le sondage du Wall Street Journal-NBC (le plus fiable) donne, lui, un avantage de 12 % à Obama, toujours sur les sujets économiques.
Dans la bataille du Collège électoral, on voit aussi les effets de la crise de Wall Street sur les Etats considérés comme « indécis. » Dans le Missouri (11 voix au Collège) qui, il y a deux semaines, s’est mis à pencher en faveur de McCain, un sondage Research 2000 publié le 26 septembre montre qu’Obama a rattrapé son retard et ramené l’écart à un point (46 % pour McCain et 45 % pour Obama). Le même jour, un sondage plus fiable et réalisé pour le grand quotidien du Missouri, le St. Louis Post-Disparch, est sur la même ligne : 47 % pour McCain contre 46 % pour Obama. Enfin, un sondage du National Journal mené dans l’Etat clé du Michigan (17 voix au Collège), également publié le 26 septembre, donne Obama à 47 % pour un McCain à 39 %. Soit une marge confortable de 8 points. Selon les calculs du site Real Clear Politics, Obama dispose maintenant de 228 voix au Collège contre seulement 163 pour McCain. Et il en faut 270 pour être élu président… Pour CNN, Obama a engrangé 240 voix au Collège contre 200 pour McCain.
Traditionnellement, les choix des électeurs commencent à se fixer après le premier débat présidentiel. Ce qui signifie qu’excepté une gaffe d’Obama ou un sursaut le 4 novembre, dans l’isoloir, du racisme larvé que les sondeurs n’ont pas réussi à capter (les sondés blancs mentent toujours lors des questions destinées à cerner les préjugés raciaux),on commence à avoir du mal à voir comment McCain pourrait rebondir.
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C’est vrai qu’Obama est apparu dans ce débat comme un homme qui a le profil d’un Président. Mc Cain au contraire m’a fait l’effet du senior sans emploi qui ressasse inlassablement son cv
Les premiers interviews de Sarah Palin laissent penser qu’elle n’a pas l’etoffe d’une personne pouvant un jour être amenée à remplacer le Président.
Le tandem Mc Cain + Sarah Palin n’est pas fait pour le job !
C’est vrai.
Mais dans le flot des paroles, Obama a quand même dénoncé la présence de militaires russes en Ossétie du sud. Il se trouve que les Russes se trouvent en Ossétie depuis 1992, en application du traité de Dagomys qui a été reconnu par les Nations Unies.
Dans l’envol étasunien de ses autres paroles, on a entendu aussi qu’Obama continuerait de soutenir l’entrée de l’Ukraine et de la Géorgie dans l’OTAN alors que l’Europe s’oppose fort justement à cette intégration parce qu’elle est effectivement dangereuse pour l’équilibre de la région.
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