A cinquante-quatre jours de l’élection présidentielle américaine, le démocrate Barack Obama est en panne. En panne sèche. Pour rebondir, il lui reste encore les trois débats télévisés qui l’opposeront à John McCain et qui débutent le 26 septembre.
La campagne de Barack Obama est en crise. Avec seulement cinquante-quatre jours qui restent avant l’élection de novembre, le sénateur de l’Illinois a perdu la confortable avance qu’il avait sur son rival John McCain après la convention démocrate. Il est de plus déstabilisé par le choix de Sarah Palin comme colistière républicaine et par les attaques mensongères du clan McCain. Le sondage Wall Street Journal-NBC, historiquement le plus fiable de tous et co-dirigé par un sondeur démocrate (Peter Hart) et un sondeur républicain (Neil Newhouse), confirme la dégringolade d’Obama. Le 9 septembre, il a montré que les deux candidats à la présidence sont maintenant statistiquement à égalité. Une réalité que valident d’autres sondages effectués à l’échelle nationale.
On perçoit aussi l’effet Sarah Palin chez les femmes : il y a un mois, McCain se trouvait à 14 points d’Obama chez l’électorat féminin mais, dans le sondage du Wall Street Journal-NBC, le démocrate n’a plus que 4 points d’avance. De son côté, McCain enregistre 10 points de plus qu’Obama chez les femmes blanches. Enfin, dans la tranche d’âge des femmes de 18 à 49 ans, l’effet Palin (elle a 44 ans) est encore plus perceptible : l’avance de 20 points d’Obama a été ramenée à 3 petits points.
Le discours de McCain à la convention républicaine, au cours duquel le sénateur vétéran a revêtu les habits d’un candidat de « changement » (le thème principal de la campagne d’Obama), a été vu à la télévision par un nombre record d’Américains. Et a, lui aussi, porté ses fruits. En juin, seuls 21 % des électeurs pensaient que McCain était capable d’apporter un « changement réel » au pays. Ils sont maintenant 35 %. Le sondage quotidien Gallup qui traque les fluctuations au jour le jour dans l’opinion publique a même montré que McCain disposait d’une avance de 3 points sur Obama le 13 septembre.
La montée de McCain est boostée par ce que E.J. Dionne, chroniqueur politique au Washington Post, a justement qualifié le 12 septembre de campagne « honteuse, pas honorable ». Parmi les pires vilenies de McCain figure un spot publicitaire accusant Obama, alors qu’il était sénateur du parlement local de l’Illinois, d’avoir voté pour « l’éducation sexuelle des petits enfants en grande section de maternelle avant même qu’ils sachent lire ». Il s’agissait en réalité d’un programme destiné à prévenir les petits des dangers que représentent les pédophiles en quête de proies.
Ce n’est guère le seul mensonge du candidat républicain comme l’a montré le Los Angeles Times du 14 septembre en détaillant ses falsifications. On pouvait notamment lire que « pendant des semaines John McCain et sa campagne ont fait des déclarations contredites par la réalité ». C’est le moins que l’on puisse dire.
Mais le pire, comme l’a si bien écrit Dionne, est qu’« il est clair qu’Obama a perdu le contrôle de cette campagne et il ne pouvait pas le reprendre avec les réponses hésitantes et réticentes, formulées sur le mode de la conversation qu’il a fourni jusqu’ici » à ces mensonges. Le politologue Michael Barone a, de son côté, écrit le 13 septembre dans l’hebdomadaire U.S. News and World Report que les réponses faibles d’un Obama sur la défensive « renforcent les points que McCain essaye de marquer et sape le message d’Obama ». Bien vu.
Du coup, depuis la convention républicaine, les démocrates de tout le pays s’arrachent les cheveux en se demandant quand Obama va-t-il devenir offensif pour de vrai ? Dans un courriel envoyé aux supporters nerveux du candidat démocrate le 12 septembre, son directeur de campagne, David Plouffe, a promis que « nous allons répondre avec rapidité et férocité aux attaques de John McCain ». Plouffe a offert comme preuve deux nouveaux spots publicitaires diffusés dès ce week-end. Hélas, ils sont bien trop « soft » ! Le premier soulève indirectement la question de l’âge de McCain (72 ans) en déclarant qu’il est « déconnecté de la réalité » car il ne sait pas utiliser Internet ni envoyer de mails. Mais on peut y admirer en prime un Rubik’s Cube, jouet populaire… d’un autre temps. C’était nullissime et totalement inutile pour tenter de convaincre les indécis ou impressionner la classe ouvrière. L’autre publicité montrait Obama promettant encore une fois le « changement » dans des termes bien trop vague et imprécis pour contrecarrer les revendications de McCain qui se positionne également comme le candidat du « changement ». Pour ne rien arranger, dans ses discours et interviews, Obama s’est montré imperturbable et sans passion. Ennuyeux, quoi. Comme l’a rapporté le Washington Post le 13 septembre au sujet du courriel de son directeur de campagne, « si les démocrates attendaient un changement radical dans les mots, le ton ou le tempérament » du candidat démocrate et de sa campagne, « ils ne l’ont pas eu ».
Sur la carte du Collège électoral, on observe également un transfert d’opinion vers McCain dans plusieurs des Etats considérés comme essentiels à une éventuelle victoire d’Obama. Jeudi dernier, le directeur politique de la chaîne NBC, Chuck Todd, un as de la mathématique électorale, a déclaré que le Missouri (11 voix au Collège électoral) « penche » maintenant pour McCain alors que la semaine dernière, il était encore classé dans les Etats « indécis ». Todd a aussi estimé que le Wisconsin (10 voix au Collège électoral), qui une semaine auparavant « penchait » pour Obama a rejoint les « indécis ». Un nouveau sondage de CNN effectué en Floride (27 voix au Collège) montre que McCain jouit maintenant d’une avance de 5 points sur Obama dans cet Etat clé. Si en Ohio, avec ses 20 voix au Collège, Obama conserve une mince avance (équivalente a la marge d’erreur dans le sondage CNN), il cumule en revanche 5 points de retard sur McCain en Virginie (13 voix), un Etat que le staff du démocrate espère rafler aux républicains et où le candidat a passé beaucoup de temps à personnellement faire campagne sur le terrain. Ainsi, sur la carte du site Real Clear Politics, Barack Obama ne dispose plus que de 217 voix au Collège électoral, contre 238 la semaine dernière. Et ce, alors qu’il lui faut 270 voix au minimum pour gagner.
Les attaques et mensonges de McCain ont tellement réussi à affaiblir son rival que la question de l’économie — la préoccupation numéro un des électeurs — en a presque été oubliée. Or, seule une campagne énergique portant sur l’économie pourrait permettre à Obama de surmonter le racisme larvé de l’électorat. Reste à savoir si dans les jours qui restent le candidat démocrate mettra de la passion dans ses discours de centriste mou et rendra plus concret son projet pour l’économie, une thématique où tous les sondages montrent qu’il a perdu la main.
La prochaine fois qu’Obama pourra s’adresser à la nation toute entière est le « débat » présidentiel du 26 septembre, le premier des trois face-à-face télévisés entre lui et McCain et dont toutes les questions seront posées par des journalistes. Mais autant Obama est un grand orateur avec un texte écrit, autant il est un piètre interviewé et patauge dès qu’il s’agit de fournir des réponses improvisées convaincantes. Avec McCain c’est tout l’inverse. Le candidat républicain est mal à l’aise avec un discours écrit qu’il lit sur un prompteur alors qu’il excelle dans les petites phrases spontanées et les interviews à la télévision où il projette une « authenticité » qui plait à l’Amérique profonde. Quant au centriste Obama, dès qu’on lui pose une question devant les caméras, on peut presque voir tourner les rouages de son cerveau pendant qu’il essaye de fabriquer une réponse qui n’offensera personne. Peu convaincant. C’est pourquoi de nombreux démocrates, déjà tracassés par une campagne où Obama a perdu l’initiative face à son rival, s’inquiètent d’un plantage de leur candidat à la télévision, face à McCain le 26 septembre. A suivre…
"Kerry bis"
Curieux que personne n’ait cité ce précédent, pourtant il n’est vieux que de 4 ans …
Eh oui, nos medias franchouillards (Bakchich compris, honni soit qui mal y pense !) avaient tous décrété que Kerry ne ferait qu’une bouchée de Bush…
Mais pourquoi ces Américains, décidément indécrottablement stupides, s’obstinent-ils à ne pas vois "le chemin" que nous, Français, peuple le plus intelligent de la Terre comme chacun sait, leur montrons avec constance ?
Allons, notre arrogance dans la détention sans partage de la Vérité vaut très largement celle des Américains…
Je connais bien ce pays, et je sais que leur jeunesse (ils n’ont que 200 ans derrière eux, et nous 2000) se compare très favorablement à notre engourdissement, et à notre nombrilisme antichambre d’un déclin déjà bien entamé.
Oui, comme le dit un contributeur, c’est, présenté par nos media, "la lutte du Bien contre le Mal, avec l’innocent et gentil Obama contre le perfide et ignoble McCain"…
Et le résultat, qui me parait couru d’avance, c’est que, Dieu merci, nous n’aurons pas à la Maison Blanche un naïf prêt à débattre 4 ans avec Ahmadinedjad des mérites de la Bombe des mollahs.
Et pour citer à nouveau le même contributeur, que je trouve décidément bien mieux inspiré que beaucoup d’autres qui enfourchent simplement les dadas à la mode,
"Il ne manque plus à cet article qu’une ode à la gentillesse et à l’honnêteté du facteur joufflu pour faire attraper le fou-rire aux lecteurs de Bakchich"
Mais si un jour c’était lui qui venait vous apporter le courrier, cela pourrait bien être à l’heure du laitier…
Ca vous tenterait, vous, d’être le président sous lequel l’économie du pays s’effondre comme un château de cartes ? Avec en plus les néocons prêts à la maintenir sous perfusion pendant les deux mois qui viennent, quitte à ruiner le pays, pour que leurs larbins gagnent ?
Et le tout dans un pays qui ne connait d’autre solution à quelque problème que ce soit qu’envoyer ses mômes tuer et piller quelque part (je parle de la forme de pillage indirect qu’on désigne sous les noms de "reconstruction" ou de "rétablissement de la démocratie")
Déni de réalité…
Ruine de l’illusion du financiarisme… de l’illusion mondialiste… de l’illusion-mensonge de la… prétendue… « protection financière » !
Aveu tragique du mensonge constant des patrons du CAC40 qui ont choisi, avec la complicité du régime socialogaulliste, cette financiarisation au détriment de leur vrai métier… qui ont choisi de jouer à leur « casino spéculatif » pour s’enrichir (personnellement)… et ont détruit les métiers de leurs entreprises… et les emplois de leurs concitoyens !
Et si ce n’était qu’un début ?
http://www.enfiniraveclesocialogaullisme.com/social2.php ?article=101
« Protection financière » où es-tu ? Où sont tes « experts » ? Où sont tes gourous ?..
Les « vaches maigres » avancent… la disette aussi !