Bakchich a dégoté en avant-première le texte de la déclaration qui appelle à décriminaliser l’homosexualité et qui sera lue cette semaine à la tribune de l’Assemblée Générale des Nations Unies.
Cette semaine, l’ONU vivra un événement inédit. Pour la première fois de son histoire, une déclaration en faveur des droits des homosexuels et des trans-genres qui demandent la décriminalisation universelle de l’homosexualité sera lue à la tribune de l’Assemblée Générale des Nations Unies, à New York. A l’initiative de la France qui assume jusqu’au 31 janvier la présidence de l’Union européenne. La déclaration a déjà été signée par 55 pays de par le monde (cf encadré pour le texte et la liste des signataires).
Selon un rapport détaillé de l’ILGA (l’International lesbian and gay association, qui regroupe des mouvements des « LGBT », ou lesbiens, gay, bisexuels et trans, dans plus d’une centaine de pays) publié en mai, « en 2008, pas moins de 86 pays membres de l’ONU criminalisent toujours les relations entre adultes du même sexe promouvant ainsi institutionnellement une culture de la haine. Dans sept de ces pays, l’homosexualité est passible de la peine de mort. »
L’idée de la déclaration qui sera lue à l’ONU cette semaine vient de Louis-Georges Tin. A seulement 34 ans, cet universitaire d’origine antillaise, professeur à l’université de Nanterre et spécialiste de la littérature française du 16è siècle, a déjà eu un parcours mouvementé.
Au beau milieu des émeutes de banlieue de 2005, il est alors responsable de l’association créole « An nou Allé » (« Allons-y ») et fonde le Cran, le Conseil représentatif des associations noires. Il a également créé l’Idaho, l’International Day Against Homophobia (Journée internationale contre l’homophobie), qui a lieu le 17 mai de chaque année en commémoration de ce jour de 1993 où l’Organisation mondiale de la santé a rayé l’homosexualité de sa liste des maladies. Cette année, l’Idaho a été marqué par des événements dans plus de 60 pays, avec le soutien du Parlement européen et de nombreux gouvernements, notamment belge et du Honduras.
En novembre 2006, en tant que président du Comité International pour l’Idaho, Louis-Georges Tin dévoile lors d’une conférence de presse à Paris une pétition mondiale en faveur d’une déclaration de l’ONU appelant à décriminaliser l’homosexualité. Celle-ci a été lancée par des centaines de VIP dont cinq prix Nobels (comme l’évêque sud-africain Desmond Tutu), des people oscarisés (Bernardo Bertolucci, Meryl Streep), une belle brochette d’écrivains (Salman Rushdie, Tom Stoppard, Gore Vidal) et des gens du « show-biz » comme le chanteur David Bowie.
S’est ensuivie une longue campagne de lobbying auprès du gouvernement français bien coordonnée par Tin et une alliance des associations LGBT dans laquelle GayLib, proche de l’UMP, a joué un rôle important. Mais tout a basculé en mai dernier à l’Elysée lors d’une réunion avec Rama Yade, secrétaire d’Etat aux droits de l’homme.
Juste avant, Tin et d’autres militants vêtus de t-shirt avec les noms des pays punissant l’homosexualité de la peine de mort avaient été arrêtés par la police pour avoir manifesté devant l’Elysée sans autorisation. D’après Louis Georges Tin, « les arrestations ont provoqué une rafale de protestations instantanées de la part des parlementaires à la radio. Embarrassant pour une France qui prétendait soutenir pleinement les droits de l’homme. Pendant un an, le gouvernement nous a dit qu’“il n’était pas possible” de soutenir officiellement l’Idaho. Mais après les arrestations, quand nous sommes arrivés plus tard le même jour à la réunion avec la ministre, au lieu d’une réunion symbolique avec des petits-fours et du champagne à laquelle on s’attendait, Rama Yade nous a dit que non seulement la France soutiendra l’Idaho mais que le gouvernement utilisera la présidence française de l’Union Européenne pour lancer une initiative en faveur de la décriminalisation universelle de l’homosexualité ! » Pourtant la France a encore des progrès à faire en matière de respect des droits des homosexuels. Un rapport rendu le 10 décembre au commissaire européen chargé de la justice et des libertés (et vice-président de la Commission européenne), Jacques Barrot, révèle que, comme la moitié des pays européens, la France entrave la liberté de circulation des couples homosexuels.
Mais Rama Yade a tenu sa promesse et, avec la France à sa tête, un groupe de travail s’est par la suite constitué avec les gouvernements des Pays-Bas, d’Argentine, du Brésil, du Gabon, du Japon et de Nouvelle-Zélande pour rédiger la déclaration et collecter les signatures d’autres gouvernements.
Certes, le texte final ne sera pas soumis à l’Assemblée Générale des Nations Unies pour un vote cette semaine. Il faudrait pour cela qu’une majorité des 192 pays membres de l’organisation l’ait signé, ce qui prendrait des années. Mais sa lecture à la tribune de l’ONU, à New York, représente la première fois où l’Assemblée Générale est formellement appelée à considérer les violations des droits civiques des homosexuels et transgenres ainsi que leur criminalisation comme étant interdites. Un progrès remarquable qui redonnera de l’espoir à des millions de persécutés.
« Nous avons l’honneur de faire cette déclaration sur les droits de l’homme, l’orientation sexuelle et l’identité de genre au nom de […].
1- Nous réaffirmons le principe d’universalité des droits de l’homme, consacré dans la Déclaration universelle des droits de l’homme dont nous célébrons le 60ème anniversaire cette année, et qui prévoit en son article premier que « tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits » ;
2- Nous réaffirmons que chacun peut se prévaloir des droits de l’Homme, sans distinction aucune, notamment de race, de couleur, de sexe, de langue, de religion, d’opinion politique ou de toute autre opinion, d’origine nationale ou sociale, de fortune, de naissance ou de toute autre situation, comme le prévoient l’article 2 de la Déclaration universelle des droits de l’homme, les articles 2 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques et du Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, ainsi que l’article 26 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques ;
3- Nous réaffirmons le principe de non-discrimination qui exige que les droits de l’Homme s’appliquent de la même manière à chaque être humain, indépendamment de l’orientation sexuelle ou de l’identité de genre ;
4- Nous sommes profondément préoccupés par les violations des droits de l’Homme et des libertés fondamentales fondées sur l’orientation sexuelle ou l’identité de genre ;
5- Nous sommes également inquiets au sujet de la violence, du harcèlement, de la discrimination, de l’exclusion, de la stigmatisation et des préjugés dont sont victimes des personnes, dans tous les pays du monde, en raison de l’orientation sexuelle ou de l’identité de genre, et du fait que ces pratiques puissent porter atteinte à l’intégrité et à la dignité des personnes subissant ces abus.
6- Nous condamnons les violations des droits de l’Homme fondées sur l’orientation sexuelle ou l’identité de genre, où qu’elles soient commises, en particulier le recours à la peine de mort sur ce fondement, les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires, la pratique de la torture et autres traitements ou peines cruels, inhumains et dégradants, l’arrestation ou la détention arbitraire et la privation des droits économiques, sociaux et culturels, notamment le droit à la santé ;
7- Nous rappelons la déclaration prononcée en 2006 devant le Conseil des droits de l’homme par cinquante-quatre pays demandant au Président du Conseil de permettre, lors d’une prochaine session appropriée du Conseil, la discussion de ces violations ;
8- Nous nous félicitons de l’attention accordée à ces sujets par les procédures spéciales du Conseil des droits de l’Homme et par les organes des traités et nous les encourageons à continuer à intégrer la question des violations des droits de l’Homme fondées sur l’orientation sexuelle ou l’identité de genre dans le cadre de leurs mandats respectifs ;
9- Nous saluons l’adoption de la résolution AG/RES. 2435 (XXXVIII-O/08) sur « Les droits de l’Homme, l’orientation sexuelle et l’identité de genre » par l’Assemblée générale de l’Organisation des États américains, lors de sa 38ème session le 3 juin 2008 ;
10- Nous appelons tous les Etats et les mécanismes internationaux de protection des droits de l’Homme pertinents à s’engager à promouvoir et à protéger les droits de l’Homme de toutes les personnes, quelles que soient leur orientation sexuelle et leur identité de genre ;
11- Nous demandons instamment aux Etats de prendre toutes les mesures nécessaires, notamment législatives et administratives, pour garantir que l’orientation sexuelle et l’identité de genre ne soient, en aucune circonstance, le fondement de sanctions pénales, en particulier d’exécutions, d’arrestations ou de détention ;
12- Nous demandons instamment aux Etats de garantir que des enquêtes sont menées sur les violations des droits de l’Homme fondées sur l’orientation sexuelle ou l’identité de genre et que leurs auteurs sont reconnus responsables et traduits en justice ;
13- Nous demandons instamment aux Etats d’assurer une protection adéquate aux défenseurs des droits de l’Homme et de lever les obstacles qui les empêchent de mener leur travail sur les questions des droits de l’Homme et de l’orientation sexuelle et de l’identité de genre. »
l’occident croit toujours qu’il a le droit (voir l(obligation) d’imposer ses idée aux pays de differentes cultures.
il y a (a peu pres) 20ans, l’homosexualité etait inscrite comme maladie dans l’organisation mondiale de la santé, et là aussi c’est l’occident qui a décidé de l’inscrire, puis de la desinscrire.
donc vous voulez que les musulmans (il y’a pas que le smusulmans, les Etats unis aussi) vont contre leur religion et depenalise l’homosexualité.
je crois que la France n’aurait pas accepté qu’on l’oblige à accepter les filles voilées dans ses ecoles.
la democratie c’est quand le peuple decide, à ce que je sache les musulmans sont extrement contre l’homosexualité.
don il faut que l’occident arrete son arogance, et qu’il n’essaye pas d’imposer aux autres ces idées.
on peut aimer une personne du même sexe, mais pourquoi penser à avoir des relations sexuels avec lui ? aime le sans sexe.
j’ai quand même le droit de dire que l’homosexualité est un peché grave et anormal, sinon il est où la liberté d’expression ?
réponse a la personne qui a écrit un commentaire le 17déc 2008….
je suis outrée de constater que des gens encore a notre époque puissent dire et surtout écrire que l’homosexualité est un péché !!! ayant fait des études en Histoire l’homosexualité depuis l’Antiquité existe..mais aussi au sein des Corps religieux musulmans,catholiques,protestants….arrétons l’hypocrisie !!! nous vivons dans des pays démocratiques qui eux ont l’intelligence de ne pas condamner la liberté sexuelle… pourquoi ne pas condamner un couple hétérosexuel de s’embrasser dans la rue ?? de quel droit ne pas l’accepter pour les homosexuels ?? croyez vous vraiment que les couples hétérosexuels sont plus aptes a maintenir un couple ??combien y a t’il de divorces chaque année ???combien d’enfants sontqui es tu toi qui a écrit ce commentaire pour juger des autres alors que surement toi meme tu n’es pas quelqu’un de parfait !!!! je ne changerai pas ta façon de penser mais je voulais seulement répondre a ton absurdité évidente…. sur ce balayes devant ta porte au lieu de t’occuper et d’afficher ils déchirés ?? que répondent les croyants a cela ???cela m’intéresse !!! personne n’a le droit d’interdire une orientation sexuelle du moment que les choses sont faites dans le respect de chacun !!!! si cela dérange et bien regardez chez vous avant de faire des jugements de valeur…. des propos sur les autres….. a bon entendeur
permettez-moi de réagir immédiatement à cet article ; j’aime et lis beaucoup Bakchich, mais cet article touche un domaine dans le quel je suis engagé depuis plusieurs années au sein du milieu associatif. Et je suis très déçu. Je ne sais pas quelles sont les sources d’informations originelles, mais cet article est truffé d’erreurs (la présidence française finit le 31 décembre, la déclaration est signée par plus de 60 pays, le groupe de pays qui s’est réuni pour écrire le texte est fantaisiste, il ne faudrait pas absolument la majorité des membres de l’AGNU pour adopter le texte mais une majorité relative… et je pourrai en dire encore beaucoup).
ce qui m’a plus le choqué cependant (et je suis loin d’être fan de Sarko eet de Rama Yade !!!), c’est la place qui est accordée à Louis-Georges Tin. Cela relève aussi de l’erreur factuelle.
Tout d’abord, M. Tin est inconnu au niveau international, aucune des ONG internationales sérieuses (je veux dire ILGA, Human rights watch, Amnesty international…) ne le connait. Il a certainement eu l’occasion de rencontrer des personnes de ces ONG, mais sans laisser de souvenir inoubliable.
Surtout la pétition de 2006 à laquelle il est fait référence est une initiative de l’ILGA et non de M. Tin. M. Tin semble se réapproprier bien facilement les travaux de cette association incontournable pour la défense des droits des LGBT.
Enfin, quant à l’idée de déclaration, je ne crois pas que M. Tin soit assez au courant des Nations unies pour avoir cette idée de déclaration… Rappelons que act up souhaitait de son côté une résolution (beaucoup d’article peuvent être retrouvés sur internet à ce sujet), qui paraissait trop ambitieuse si l’on réfléchit au rapport de force aux Nations unies. Espérons qu’il ait appris des choses depuis quelques mois qu’il découvre ces questions…
Je suis gêné d’écrire cela car c’est surtout un problème avec l’article que j’ai. je n’en ai aucun avec M. Tin que je croise depuis quelques années (les associations qui s’occupent des LGBT en France sont un petit monde !). Mais je pense que lui comprendra ma réaction et devrait être le premier à réagir.