La presse a largement mésestimé les prouesses de la marine française qui a mis fin, au large de la Somalie à une puissante attaque de pirates surarmés. Rappelons les faits : la frégate française Nivôse croise, dans cette mer infestée de pirates, pour sécuriser le transport des cargos. Le temps est beau, la mer est calme, la belote paisible. Quand soudain : alerte ! Un hors-bord fonce à quille rabattue sur notre bâtiment de guerre avec un équipage de gredins terrifiants dont on apprendra ensuite qu’ils avaient au moins 17 ans ! Que faire ? N’écoutant que leur courage, nos marins mettent à l’eau une embarcation rapide et se dirigent vers le navire ennemi (qui faisait au moins 10 mètres de long !). Leur détermination farouche est telle que les attaquants en avalent leurs chewing-gums et lèvent les bras. Trafalgar est vengé !
À la réflexion, on comprend la discrétion du gouvernement français : n’est-il pas en effet un peu humiliant que nos redoutables navires de guerre soient confondus avec des cargos chargés de riz et notre Royale avec une équipe de mousses philippins ? Qu’est-ce qu’on leur apprend à l’école en Somalie ? Il est plus prudent que notre porte-avions nucléaire Charles de Gaulle reste à quai en révision : croisant dans le golfe d’Aden, il pourrait être attaqué par une jonque à moteur qui le prendrait pour un porte-conteneurs ! On a sa fierté, quand même !
Et la presse de se demander : mais pourquoi cette mer ressemble-t-elle à la Manche au temps des rois de France, lorsque les pirates et corsaires décimaient les vaisseaux anglais pour en piller les soutes ? Qui sont ces gamins à peine sortis de maternelle qui prennent en otages nos navires ? On connaît la réponse grâce aux journalistes qui sont allés sur place en Somalie [1] : ces prises d’otages sont dues au désespoir de populations de pêcheurs privés de leurs ressources par le transport maritime polluant. Ils pourraient crever dignement en silence dans leurs gourbis. Mais non : ils se font de la thune sur le dos des assureurs en réclamant des rançons. Moralité : encore une connerie du mercantilisme occidental dont l’apport à la civilisation humaine reste toujours aussi méconnu !
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[1] Notamment « L’Hebdo » suisse et « Politis »