Internetalis Universalus vous propose des notices biographiques alternatives et potaches en continu. Cette semaine : hommage à Tabarly.
Eric Tabarly est un navigateur français né à Nantes le 24 juillet 1931. Il ne peut toutefois être considéré comme un petit LU puisqu’il clame haut et fort, tel le cormoran chassant le bernard-l’hermite à marée basse, ses origines de galette bretonne. Depuis sa disparition en mer d’Irlande le 13 juin 1998, on peut aussi le considérer comme un poisson pané même si son corps a finalement été retrouvé.
La petite histoire ne raconte pas si le jeune Eric portait des culottes Petit Bateau - la marque date de 1893 (qu’est-ce qu’on ne vous apprendrait pas pour pouvoir briller en société ?) - mais c’est dès l’âge de sept ans que Tabarly entame son histoire d’amour avec la mer qu’en homme libre toujours il chérira, merci Baudelaire. Ça peut paraître un peu jeune pour se faire refouler du Complexe d’Œdipe, sorte de Club Mickey nautique, mais c’est bien son papa qui l’aura initié aux plaisirs marins à la suite de l’acquisition d’un rafiot tout pourri, le Jean d’Ormesson, pardon, le Pen Duick.
La love story entre Eric Tabarly et Pen Duick sera éternelle, un peu comme Eddie Barclay et ses épouses, puisque ce seront sept bateaux que le navigateur renommera successivement Pen Duick en leur accolant un numéro aux fesses histoire d’être certain de ne pas les confondre. D’ailleurs, grâce à Internetalis et Eric Tabarly, vous allez enfin éviter de vous prendre une paire de baffes parce que vous aurez appelé votre promis(e) du nom d’un(e) ex. La première solution est de les choisir systématiquement avec les mêmes prénoms, solution a priori pratique mais réfléchissez bien au début sinon c’est un coup à vous taper des Madeleine toute votre vie, ça fait grossir et gamberger façon Proust. Autre solution, donnez-leur toujours le même surnom. Cela surprendra probablement votre entourage voire provoquer une catastrophe géante si quelqu’un lâchait le morceau, mais apportera tout de même une certaine garantie pour la paix du ménage. Revenons à nos moutons (d’écume) : Eric Tabarly fera son coming-out en 1979 puisque son Pen Duick 7 sera renommé Paul Ricard, à cause des volumes d’eau requis.
C’est bien sympa d’enchaîner les conquêtes, mais faudrait pas non plus oublier les coûts de maintenance, trop souvent négligés quand il s’agit d’entretenir plusieurs propriétés. Voilà pourquoi Eric s’est engagé en 1952 dans la marine pour financer le Pen. Malgré d’évidentes similitudes, il n’y apprendra pas pour autant le morse, puisqu’il deviendra pilote en effectuant plus de mille heures de vol notamment au cours de la guerre d’Indochine remportée finalement par Nicola Sirkis sans sortir la tête de la cuvette.
C’est à la barre de Pen Duick 2 qu’Eric Tabarly gagnera en 1964 sa première Transat anglaise (New York / Newport en solitaire). Il doublera l’exploit en 1976 sur Pen Duick 6 alors que son pilote avait claqué dès le départ (automatique, le pilote). Se battre contre les éléments, tel Actarus aux commandes de Goldorak qui d’un coup de Cornofulgur puis d’Astéro-Hache pulvérise quelques Golgoths venus envahir depuis Vega la Planète Bleue, n’est-ce pas, après l’accouchement bien évidemment mesdames, le plus beau des combats ? Eric Tabarly sera alors métamorphosé en héros national avec descente des Champs-Elysées et titre du sportif de l’année alors qu’il a tout de même quarante-cinq balais, ce qui en dit long sur le sport en France.
Eric Tabarly remportera d’autres courses et établira quelques records, en équipage comme en solitaire, mais il restera surtout à la postérité parce qu’il est déjà mort et qu’en plus tous les marins vivants, dont l’amiral de Kersauson et ses bonnes réponses à Mme Bellepaire de Loches, revendiquent sa paternité, ce qui n’est que justice quand on a ainsi multiplié les partenaires. Ah ! Et quand vous chercherez à emballer cet été en faisant du pédalo, expliquez que c’est Eric Tabarly plutôt que Freddie Mercury qui vous a inspiré cette escapade, ça fera moins bourricot.
• Avoir été pilote d’avion pendant la guerre d’Indochine : 1 point
• Etre marin sans avoir donné l’impression d’avoir escaladé tout ce qui va bien dans les ports : -1 point
• Faire une remontée des Champs-Élysées façon Coupe du Monde : 1 point
• Avoir initié toute une panoplie de concurrents : 1 point
• Etre vénéré comme un moine Shaolin : 2 points
• Mourir sottement dans l’eau salée pendant le Mondial 1998 : -1 point
• Polluer la mer en tombant d’un bateau : -1 point
• Faire que l’on retrouve son corps comme Jonas alors que l’océan c’est quand même vachement grand : 1 point