Rien ne va plus. les actionnaires minoritaires d’ANovo se préparent à défiler, Marx profite de la crise et les montres de luxe résistent à l’enquête de Tracfin à l’encontre de Julien Dray.
Avec la crise certains se servent au passage. La Tribune décrit le joli tour de bonneteau des dirigeants du groupe ANovo, le leader européen du service après-vente. Voici une entreprise florissante qui avec la débâcle financière voit le cours de son action plonger de 76% et qui s’endette considérablement. Classique. Et bien que croyez vous qu’ont fait les dirigeants du groupe, dont le but fort noble, annonce la Tribune, est de restaurer le bilan d’ANovo et de pérenniser l’entreprise ? Ces petits malins ont le projet de racheter la dette et de faire avaler par une Assemblée Générale le 20 janvier, la hausse de leur participation au capital, désormais presque la moitie des parts sociales. Et cela a un taux, deux fois plus avantageux que celui propose aux actionnaires minoritaires. Bien joué et vive la crise. À moins que l’Autorité des Marchés Financiers ne mette bon ordre à ces petits arrangements entre amis. Les petits porteurs s’y emploient. Ils se sont regroupés dans le site tousensembleanovo.com. "Tous ensemble, tous ensemble…" Voici des capitalistes qui reprennent les slogans des manifestants. Drôle d’époque.
Dans une suite de micro-articles sur « ce qui marche malgré la crise », Enjeux les Echos de janvier 2009 nous annonce que les PUF ont vendu trois fois plus d’exemplaire du Capital de Karl Marx. Que les bourgeois se rassurent la révolution n’est pas pour demain. Trois fois plus, ça ne fait que 150 exemplaires vendus en un mois. Rien qui ne prédise la révolution pour demain.
Voilà qui doit surprendre les économistes. La crise touche tout le monde sauf les bénéfices du CAC 40. Accrochez vous. Les Echos estiment que les bénéfices du CAC 40 seront d’"un peu plus de 94 milliards d’euros en 2008, soit un recul de 5,4 % par rapport aux 100 milliards environ engrangés en 2007". Surprenant non ?
Selon une étude d’Eurostaf le marché des montres de luxe devrait continuer à croître de « 10 à 15 % en moyenne jusqu’en 2013 ». En baisse donc de quelques points. Nous voilà rassuré, Julien Dray n’était donc pas leur seul client.
Philippe Houzé, le Président des Galeries Lafayette, dans Capital de janvier 2009 propose de « déduire des impôts les intérêts des crédits à la consommation ». Le généreux patron nous rappelle qu’ « il en faut pas oublier que le crédit est un des moteurs fondamentaux de l’économie ». Voilà un patron qui souhaite une nouvelle crise. Les subprimes aussi étaient des moteurs de la croissance.
Tout le monde se souvient d’Eric Le Boucher le très libéral chroniqueur du Monde. Il sévit aujourd’hui en directeur de la rédaction d’Enjeux les Echos. Le pauvre homme est complètement perdu. Hier ses propos étaient clairs. En 2005 dans Politiquement Incorret, il louait Reagan, le marché. Les mots coulaient, "L’Amérique sous Reagan a défait l’Urss et le communiste. L’Amérique sous Reagan a baissé les impôts et engagé la révolution libérale : place aux marchés, à l’initiative entrepreunariale, à l’innovation, au recul de l’Etat, au démantèlement des régulations publiques". Avec la crise notre chroniqueur doute et ses propos perdent de leur cohérence, on ne comprend plus rien. « L’efficacité de l’immédiateté libérale, pouvoir changer, est remplacée par l’économie de solidarités communautarisées, pouvoir avoir confiance ». Si un lecteur comprend qu’il nous explique.
"les Echos de janvier 2009 nous annonce que les PUF ont vendu trois fois plus d’exemplaire du Capital de Karl Marx"
Les Echos ignorent probablement que la librairie des PUF, sur le Bd Saint Michel, est fermée depuis au mois trois ans…
Monsieur
J’entends votre information. Je sais les PUF ont été remplacées par un magasin de fringues et le Boul Mich de mon adolescence n’est plus qu’un long magasins (il y en a beaucoup) de fringues sans âme, sans vie. En écrivant ça je me sens vieux.
Mais les PUF c’est heureusement autre chose qu’une librairie, c’est aussi une maison d’édition, et elle, elle continue à exister. Heureusement.
les chiffres doivent venir de la maison d’édition. Car 150 exemplaires vendues dans une seule librairie feraient changer ma conclusion. La révolution serait peut être pour demain.
Cdt
Bertrand Rothé