L’affaire dite des infirmières bulgares et du médecin palestinien va, tout bientôt, connaître une issue « heureuse »… un peu grâce à Paris, selon les infos de Bakchich.
Rappels des faits : les cinq infirmières Kristiana Valtcheva, Nassia Nenova, Valia Tcherveniachka, Valentina Siropoulo et Snejana Dimitrova sont arrivées en Libye au début des années 90, au lendemain de la chute du mur de Berlin, avec des rêves de Mille et une nuits, de tapis volants et de trésor d’Ali Baba. Quant au médecin Achraf Joumaa Hajouj, il effectuait, tout simplement, un stage dans l’un des hôpitaux de Benghazi, à 1000 kilomètres à l’Est de Tripoli. Accusées d’avoir délibérément inoculé le virus du sida à 438 enfants de cette localité, ces six personnes ont été emprisonnées en 1999, puis inculpées en 2000. Condamnées à mort en 2004, les six prévenus se sont vus confirmer la peine capitale en 2006. Mercredi dernier, la Cour suprême – la plus haute instance judiciaire libyenne – a confirmé la décision.
Dès la prononciation du premier verdict, Seif al-Islam, le fils du président libyen Muammar Kadhafi entre dans le jeu afin d’éviter que la peine capitale ne soit exécutée. Ce jeune président (il a 35 ans) de la Fondation Kadhafi pour le développement s’est fait connaître, depuis plusieurs années, comme l’intermédiaire obligé de tous les grands dossiers sensibles, de la reconnaissance de la responsabilité libyenne dans l’attentat de Lockerbie à la libération des otages de Jolo (aux Philippines) en juillet 2000.
Et maintenant ? Selon nos informations voilà comment tout cela devrait se terminer… Conformément aux procédures libyennes, la présidence - à savoir le « guide » lui-même - conserve le pouvoir, sinon d’accorder une « grâce présidentielle », en tout cas la possibilité de commuer la peine capitale en détention à perpétuité, les peines pouvant être accomplies dans le pays d’origine des condamnés. Et comme la Libye et la Bulgarie sont liées par un accord d’extradition, les infirmières et le médecin ayant acquis la nationalité bulgare pourront bientôt rentrer à Sofia et, peut-être, se refaire une petite santé à la Mosquée des Bains…
Parallèlement, et on retrouve la Fondation de Seif, des infrastructures de lutte contre le Sida doivent être installées en Libye et les enfants soignés, notamment en France. Au passage, les responsables libyens de la santé qui ont foiré seront – eux-aussi – punis et suivront quelques programmes de rééducation médicale afin de ne plus reproduire les négligences qui ont abouti à l’empoisonnement des enfants. Comme dans l’affaire des attentats de Lockerbie et de l’UTA, un fonds de compensation sera largement pourvu. Mais l’enjeu des négociations ne se limite pas à des considérations financières. L’Union européenne souhaite obtenir de la Libye une meilleure coopération pour lutter contre l’immigration clandestine, tandis que Tripoli demande d’être associée au partenariat euro-méditerranéen où elle n’a, pour l’instant, qu’un statut d’observateur.
À terme, en effet, le règlement de l’affaire des infirmières bulgares concerne un plein retour de la Libye au sein de la communauté internationale. La suspension des sanctions onusiennes en 1999 a engagé la Libye dans ce processus de réintégration sur les plans politiques et économiques. Le dénouement judiciaire de l’affaire Lockerbie et de celle d’UTA, les accords trouvés avec le Royaume-Uni, la France et les Etats-Unis sur l’indemnisation des victimes de ces attentats ont permis la levée définitive des sanctions onusiennes en septembre 2003. Deux mois plus tard, la Libye annonçait l’abandon de son programme d’armes de destruction massive.
La réponse de l’Union européenne et surtout celle des Etats-Unis ne se sont pas faites attendre. En avril 2004, le président George Bush a levé une partie des sanctions unilatérales américaines en vigueur depuis 1982 en autorisant la reprise des activités commerciales, des transactions financières et des investissements entre la Libye et les Etats-Unis. Les Britanniques, les Italiens et les Allemands ont suivi avec empressement, parce qu’indépendamment des investissements pétroliers, la Libye est un pays de Cocagne en matière d’infrastructures, de télécommunication, d’eau et de sécurité… Dans ce contexte libyano-méditerranéen en rapide évolution, les investisseurs français restent spectaculairement absents, à la grande surprise des Libyens eux-mêmes…