Lors du congrès de Reims, Pierre Moscovici n’a pas pensé à évoquer, dans son discours consacré aux affaires internationales, la situation en Afghanistan et en Irak…
Un grand moment samedi en fin de matinée à Reims : le discours de Pierre Moscovici, délégué national du PS aux affaires internationales qui montre à quel point le vieux parti d’Epinay est sur les ballons. En effet, quinze minutes de platitudes sur la crise financière et l’Afrique, enchainant les remerciements encore plus creux aux délégations étrangères qui avaient fait la route. Pas un mot sur l’augmentation de l’engagement français en Afghanistan. Un très grand moment de pensée socialiste qui restera dans les annales du congrès de Reims.
On se souvient de la réunion du groupe socialiste avant le vote au parlement sur le maintien du contingent français dans ce pays durant laquelle Marisol Touraine (député d’Indre et Loire) et Manuel Walls (député-maire d’Evry) et quelques autres ont affirmé, avec des accents très bushiens, que « nos soldats là-bas, défendent nos libertés ici », reprenant tous les poncifs de la « guerre globale contre le terrorisme ». En effet, les néo-conservateurs ne sont pas qu’à Washington, mais ont visiblement fait des émules aussi dans les rangs de ce qui reste du parti de François Mitterrand. Et Pierre Moscovici est, depuis longtemps, passé maître dans l’atlantisme post-molletiste qui nous ramène à la vieille SFIO avant l’expédition franco-anglaise sur le canal de Suez.
Et le grand Mosco continue. Pas un mot non plus sur les conflits du Proche Orient. Rien sur l’Irak, encore moins sur la Palestine, mais des appels très inspirés à l’instauration de la démocratie en Iran et en Syrie, bien sûr. Bref, mieux que du Bernard Kouchner dans le texte. Alors, question : comment se fait-il que sur les questions internationales aussi, le PS soit aussi absent ? La réponse est très simple. Depuis que Mosco a mis la main sur le domaine international, il a commencé par virer tous les experts compétents qui travaillent un tant soit peu sur l’international. On se souvient de la mise à la trappe de Pascal Boniface et d’Alain Chenal, notamment. Par conséquent, privé de toute expertise technique, le PS court derrière les Reporter sans frontière (RSF) et autres belles âmes d’ONG dont on ne saisit pas toujours, ni les objectifs réels, ni les financements, ni les indignations sélectives.
Donc, assister à Reims à une convergence organique entre Pierre Moscovici, la voix internationale du PS, et la pensée profonde de Bernard Kouchner n’est pas un accident. A la faveur du prochain remaniement, Mosco espère peut-être devenir le prochain ministre des Affaires étrangères de Sarkozy.
À lire ou relire à Bakchich :
Si la France entend donner des lecons aux autres, il faut qu’elle commence d’abord par contribuer au budget permanent de l’OTAN. Comme ca la France peut donner des lecons et en meme temps assumer ses responsabilities, ce qui serait equitable.
Ou c’est deja chose faite ?
Vous avez mis le doigt sur un vrai problème que l’ensemble de la presse qui s’est ruée à Reims pour tenir le bon peuple informé sur la "nuit des longs couteaux" n’a même pas entrevu.
Le direction sortante du parti, celle qui s’est rendue célèbre en prônant le "oui" au référendum et en soutenant aveuglément à la fois le renforcement du contingent en Afghanistan et notre retour au sein de l’OTAN, campe en plein désert, sur les problèmes de politique internationale.
Nous autres lecteurs de Bakchich attendons tous le rapport de la mission du député Glavany parce que nous savons qu’il y est allé et ce qu’il y a fait. Espérons que cette mission n’aura pas été inutile et que la future direction du parti saura se construire, à partir de ce rapport, une position cohérente et compatible avec les idées que le Parti socialiste est censé représenter, même sur le plan international.