Quelle est la réalité du travail en prison ? Quatre curieux se sont penchés sur la question au travers d’un essai qui vient de sortir.
Avec peut être deux millions d’euros planqués en Serbie, le convoyeur de fond et désormais taulard Tony Musulin peut dormir peinard en prison. Ce qui n’est malheureusement pas le cas de ses camarades de cellule qui triment en moyenne pour 520 euros par mois, tarif en 2008. Seul un détenu sur deux a déjà exercé une activité et presque aucun en maison d’arrêt.
C’est du moins ce que révèlent 4 chercheurs peu banals –un universitaire, un psy, un détenu et un musicien- qui se sont penchés sur le problème du « travail incarcérés vue des prisons » aux éditions Syllepse. Un ouvrage collectif dont l’objectif est de mesurer « si la prison est bien une excroissance de la société, une reproduction exacerbée » en soumettant à l’analyse les réalités du chômage et du travail du monde clos. C’est donc par le trou de serrure des portes du pénitencier qu’ils observent les formes que prennent la précarité de l’emploi, la variabilité des temps de travail comme celle des rémunérations. Et montrent à quel point les effets de la crise économique se manifestent aussi en prison puisque les « offres intra-muros dépendent avant tout de l’état du marché du travail ».
Loin d’un discours savant et élitiste, nos curieux larrons ont le mérite de défricher avec sérieux un terrain qui se détourne des sentiers battus de l’univers carcéral. On s’aperçoit que le travail derrière les barreaux transforme le rapport à la peine, à la prison, à la société et « à soi même ». Qui ne s’en serait pas douté ? On a beau changer de couplet, on connaît le refrain de la chanson : suicide en prison, audimat à la télévision.