La France détient le record du monde du nombre d’élus au mètre carré que gauche et droite peuvent se partager. Nicolas Sarkozy veut tailler dans le vif et passer de 6000 à 3000 élus en cinq ans. Texte au Parlement en fin d’année.
« Qu’on leur laisse leur bagnole ! ». Barre blaguait à peine quand on évoquait déjà dans la campagne présidentielle de 1988 l’urgence de réduire le nombre d’élus dans ce pays. Car s’ils se payent souvent de grands mots pour défendre leur condition, nos politiques, en réalité, ne tiennent jamais à hypothéquer leur confort. Plus de vingt ans après, l’urgence est toujours là. En pire !
Régions, départements, municipalités, communautés de communes, communautés de pays, communautés urbaines, parcs régionaux même : un véritable souk où l’on ne marchande pas la dépense. Il suffit de voir les panneaux au bord des routes : les communautés de communes ont surgi de partout logées parfois dans des hôtels d’un luxe inconvenant.
On ne sait plus à quoi sert un conseiller général mais subsistent encore plus de 4000 cantons hérités du Consulat. Paris, peu le savent, marche à deux vitesses : conseil municipal un jour, conseil général un autre jour, double mandat pour ses élus, par ici la monnaie ! Guyane, Réunion, Martinique, Guadeloupe : quatre départements d’outre mer, quatre régions ! Merci Mitterrand !
Nous détenons le record du monde du nombre d’élus au mètre carré que gauche et droite peuvent se partager. Sarkozy veut tailler dans le vif. Passer de 6000 à 3000 élus en cinq ans. S’il va jusqu’au bout de ce marathon, faudra lui tirer notre chapeau. Car on entend déjà les cries d’orfraie. La République menacée ! Nos élus martyrisés ! Le sénat outragé ! Dans ce sénat qui ne déçoit jamais, trente présidents de conseil général qu’on n’y voit rarement mais qui vont maintenant rappliquer.
Le corporatisme politique va se déchaîner. Osez le contester ? Ils vous taxeront de populiste. On connaît leur rengaine. Qu’avec ses 140 milliards de dette, la France vit au dessus de ses moyens, n’est pas leur problème. Certains de nos politiques ressemblent à ces petits bourgeois qui, selon le mot d’Emmanuel Berl, « ne prétendent pas que les choses aillent bien, simplement qu’elles ne peuvent aller mieux ! »
Tant pis, Sarkozy a raison : les Français là lui donneront raison. Que nos politiques nous épargnent le spectacle de leur indécence. Et puis si l’on ne peut pas leur laisser leur bagnole, contentons-les avec une prime à la casse !
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