A la question « qui veut gagner davantage ? », les maires, présidents de conseils généraux, régionaux, et autres présidents d’intercommunalité répondent quasiment de concert : « nous ! » Et leur voeux se réalisent…
Il n’y a pas que Sarkozy qui s’est octroyé une substantielle augmentation de salaire pendant que le bon peuple est appelé à se serrer gentiment la ceinture. Les élus locaux, maires, présidents de conseils généraux, régionaux, présidents d’intercommunalité… ne refusent pas non plus de s’accorder une petite augmentation de temps en temps. En veillant à ce que leur pouvoir d’achat ne pâtisse pas de la hausse, même modérée, des prix. On n’est jamais mieux servi que par soi-même…
Ainsi, selon des données publiées discrètement au Journal officiel le 23 janvier 2007, il apparaît qu’entre 2000 et 2003, le montant des indemnités que se versent les maires et autres adjoints des conseils municipaux a augmenté de 260 millions d’euros, soit une hausse de 35,8%. Un joli bond ! Pendant ce temps, l’indemnisation des élus intercommunaux (surtout les présidents et vice-présidents) a grimpé de 54 millions à 128 millions, soit un saut de +137% ! Une flambée rendue possible par la multiplication des structures intercommunales et des dispositifs d’indemnisation assez laxistes.
Le montant total des indemnités touchées par les élus locaux s’élevait à
1 305 501 343 euros en 2004, selon le Journal officiel.
75% de cette sommes revenaient aux maires et adjoints : 987 millions d’euros
8,8% étaient reversés aux présidents et vice-présidents d’intercommunalités : 128 millions d’euros
4,9% étaient destinés aux conseillers régionaux : 64 millions d’euros
0,8% aux élus de Paris : 11 millions d’euros
« Quand aux indemnités des conseillers généraux et régionaux, elles ont connu des hausses très fortes, conséquence de la fixation élevée du plafond légal par rapport aux indemnités antérieurement perçues », déplore René Dosière, député (app-PS) de l’Aisne, spécialiste des comptes publics, et auteur d’une proposition de loi sur ce sujet, déposée le 29 mai dernier, juste avant les élections législatives, c’est-à-dire avec des chances minimes d’être discutée et votée…
Le bouillant député, réélu en juin, souhaite pourtant remettre un peu d’ordre dans tout ça. Il ne va pas se faire que des amis parmi ses collègues. Il suggère notamment de ramener le plafond des indemnités perçues par les « cumulards », - ils sont très nombreux à l’Assemblée – de 1,5 fois l’indemnité parlementaire de base (soit 8 100 euros), au niveau de l’indemnité parlementaire, soit 5 400 euros… C’est vache ! « Il s’agit d’une incitation financière pour limiter le cumul des mandats » écrit René Dosière.
Mais, en réalité, ce plafond n’est pas très efficace : car les élus locaux ne sont parfois guère impressionnés par de telles limites. Les conseillers généraux des Bouches-du-Rhône, par exemple, perçoivent en moyenne une indemnité annuelle égale à 38 286 euros, soit 26% de plus que le plafond actuel autorisé pour cette strate de collectivité. Un « bonus » qui s’élève à 16% au dessus du plafond dans les Alpes-Maritimes, ou à 34% dans le Val-de Marne…
Dans son élan, René Dosière, dont le club de fans élus risque de perdre ses derniers membres, propose également « que les avantages en nature (voiture, logement, cartes de crédit), dont bénéficient certains élus soient pris en compte dans le calcul de l’impôt sur le revenu »…
Pire, le député de l’Aisne souhaite « que l’usage de véhicule de service par les élus et les fonctionnaires d’une collectivité résulte désormais d’une délibération annuelle qui précise les conditions d’utilisation »… « Actuellement, fait valoir le parlementaire, c’est l’exécutif de la collectivité qui fixe, dans la plus grande opacité, l’attribution de véhicules et les modalités de fonctionnement. Les contrôles des chambres régionales des comptes ont souligné, à de multiples reprises, les abus qui en résultaient ».
On frise l’insolence.
vu comme çà, c’est présenté, encore une fois, comme "tous pourris", et ça fait avancer le débat !!!
il faut dire que la plupart des élus se dévouent beaucoup pour très peu, il suffit de voir la difficulté à faire des listes dans beaucoup d’endroits.
beaucoup d’indemnités frisent le ridicule ramenées à l’engagement et la disponibilité demandés.
que certains abusent, c’est bien sûr vrai, mais ça n’en fait pas une généralité.
les généralités, on peut leur faire dire n’importe quoi …
comme de dire, au hasard : les journalistes, ce ne sont tous que des lâches, veules, serviles et vénaux …ça ne cherche que le scandale pour générer du trafic, la vérité, mon brave monsieur, la vérité, ça ne fait pas vendre.
Cher monsieur,
Qu’avez vous contre la transparence ? Cet article se contente de révéler des chiffres qui me semblent peu connus. A chacun de juger si les augmentations relatées sont justifiées. Est-il justifié, à l’heure d’internet, de disposer toujours de 500.000 élus locaux, de 36.800 communes, et de cinq niveaux d’administration (commune, interco, département, région, Etat) ? A chacun de juger. Est-il sain que certaines collectivités semblent ignorer les plafonds fixés par la loi et allouent aux élus des indemnités les dépassant allègrement ? A chacun de se faire une opinion. La vertu des élus vertueux, dévoués,n’est pas niée ici. A tout mélanger, on confond tout. Il ne s’agit pas de dire "Tous pourris". Mais de livrer des faits, des chiffres, incontestables, et le plus souvent cachés. Cordialement, Jeanne Larousse
Chère Jeanne, vous avez bien noté que le titre du papier est :
Les élus locaux ne connaissent pas la crise.
A voir, comme vous écrivez, vous savez que le titre donne la tonalité, l’angle de lecture, et normalement, le contenu de l’article. Certains se laissent tenter par l’accroche plus que par le contenu, maladie très répandue de nos jours.
Même si le papier est plus équilibré que le titre peut le laisser penser, le mal est fait et la lecture déformée. Je ne vous apprends rien. De plus, beaucoup s’arrêtent aux titres.
Ainsi "les élus" , ça veut dire "tous les élus". L’auteur aurait pu dire "certains élus ne connaissent pas la crise", comme il aurait pu aussi donner la moyenne des indemnités , des maires ( grands et petits), des conseillers, etc…….Croyez vous que le choix soit innocent ?
Même si les chiffres sont exacts, ce qui est le moins, le papier ne donne que quelques exemples, qui ne sont pas significatifs de "les élus" …
Les mots ont un sens , non ?
Cordialement
> […] il faut dire que la plupart des élus se dévouent beaucoup pour très peu, il suffit de voir la difficulté à faire des listes dans beaucoup d’endroits.
Cette remarque ne doit pas concerner tout le monde, à observer comme certains se battent comme chiffonniers et vendraient père et mère pour entrer au Sénat, à l’Assemblée européenne, ou encore faire ou rester ministre avec les jolies Safrane à cocarde (et à chauffeur) - il est vrai que là, ce ne sont plus des élus, mais le propos reste le même, je veux dire que la soupe ne doit pas être si mauvaise…