Depuis la rentrée, comme le clame son nouveau slogan, le service public de la télévision a fait le « choix de la différence ». Première victime, la laïcité qui a pris un petit coup derrière la tête avec la couverture médiatique de la visite de Benoît XVI en France, qui s’achève dimanche 14 septembre.
On a pas finit d’en papoter. La visite du pontifex maximus sur les terres gauloises aura fait couler de l’encre, beaucoup d’encre. Plus que jamais, Benoît seizième du nom aura mobilisé les médias, tout à leur ferveur de couvrir l’événement. Pas un mouvement de papamobile - l’immatriculée conception comme disait le grand Coluche - n’aura échappé à l’œil des caméras. Et peu importe que seuls 5% des Français déclarent se rendre à la messe une fois par mois. Aux pompes républicaines initiées par Nicolas Sarkozy, auront suivi les pompes médiatiques. Et le service public de la télévision est loin d’être le plus mauvais élève.
A la fois hôte et diffuseur, France Télévisions n’a pas lésiné sur les moyens. 500 personnes mobilisées, 50 caméras pour les directs à Paris, 40 pour ceux de Lourdes, de nombreux motards, et aussi deux hélicoptères. A croire que la « laïcité positive » louée par le chanoine d’honneur de Saint-Jean de Latran, grand suppresseur de la publicité sur les écrans du service public, fait désormais partie du cahier des charges. Programmes bousculés, émissions spéciales en pagaille, et directs interminables… Une rédaction largement mobilisée pour rendre compte des quatre jours de la visite papale avec parfois quelques cocasseries, comme cette bande-annonce signalée par Guy Birenbaum sur son blog, aux accents un brin liturgiques :
Tout à son sujet, la direction de France Télévisions n’a d’ailleurs pas hésité à retarder de 15 minutes l’édition du journal télévisé de 13h le vendredi 12 septembre pour poursuivre en direct l’arrivée du pape. Un retard dont s’est émue la Société des journalistes de France 2. « Certes, une chaîne de service public doit couvrir cette visite avec des émissions spéciales mais rien ne justifie de le faire au détriment de nos rendez-vous d’information », a déclaré à l’AFP un des porte-parole de la SDJ. « On ne peut pas obliger nos téléspectateurs à suivre une spéciale sur le pape, ou autre chose d’ailleurs », à la place du journal télévisé. « Ce n’est pas un plus, mais quelque chose que l’on met à la place de », a-t-il ajouté, estimant que cela posait un problème de fidélisation pour les téléspectateurs. Selon ce même porte-parole, « beaucoup de téléspectateurs ont appelé le standard pour protester ».
De son côté, la direction n’a rien vu d’anormal assurant que de tels retards du journal télévisé avait déjà eu lieu pour d’autres événements d’importances comme le 21 août dernier lors de l’hommage aux Invalides aux soldats morts en Afghanistan.
Le fait que la messe dite par le pape aux Invalides soit diffusée samedi en direct simultanément sur les deux principales chaînes hertziennes, à savoir TF1 et France 2, n’a pas beaucoup ému. Et pourtant, qui a pensé aux inconditionnels de l’émission de jeunesse KD2A dont la diffusion a été annulée pour cause d’ « appel aux vocations » ? Sans parler de TF1 qui a du déprogrammer l’indépassable Vidéo Gag pour l’occasion. Que de sacrifices ! Le groupe France Télévisions, dont le sort doit être décidé le 8 octobre en conseil des ministres (date à laquelle le projet de loi sur l’audiovisuel public doit être adopté) aura en tout cas fait son possible pour ne pas froisser le président qui a une idée bien à lui du service public. Au risque d’apercevoir quelques stigmates sur les courbes d’audiences… Heureusement il nous reste Julien Courbet.
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C’est bien beau de gueuler quand le JT de 13h commence en retard à cause du pape mais quand Stade 2 est supprimé sous pretexte qu’on doit absolument suivre le 1er tour du n° 6 français à Rolland Garros y’a plus personne !
C’est pas juste !