Marine Le Pen a critiqué les Bleus, dont certains n’auraient pas "la nationalité de coeur" voire seraient vendus "au proxénétisme sur mineure". Question proxénétisme, son parrain en connaissait un rayon.
Bakchich s’est procuré le manuscrit, jamais publié, écrit en 1988 par Pierrette Le Pen, l’ex-femme de Jean-Marie Le Pen. Après 25 ans de vie commune, Pierrette Le Pen dresse le portrait intime du leader du Front national.
Un chapitre est consacré à "Monsieur Eric".
Henri Botey, dit "Monsieur Éric", fut l’un des empereurs des nuits de Pigalle dans les années 60 et 70. Proxénète, il sera condamné à plusieurs reprises et, par trois fois, pris pour cible par des hommes armés. Jean-Marie Le Pen et lui se lient d’amitié, au point que le fondateur du FN en fera le parrain de Marine.
Extraits :
Éric fit très bien les choses. Le baptême eut lieu en grande pompe à l’église de la Madeleine. Pour ceux qui ne croient pas « aux signes », je ferai remarquer qu’il s’en présenta un, de taille ; l’aumônier Pohpot qui officiait, et déposa l’eau sur le front et le sel sur la langue de Marine. Pohpot était une célébrité. Connu de tous les hommes du « Milieu » es-qualité d’aumônier de la prison de Fresnes. (…)
Le baptême eut lieu le 25 avril 1969. Eric et Jean-Marie se fréquentant hors de la maison, je ne le voyais que rarement. Pourtant, lorsque des amis louèrent "L’Eryx II" (l’ancien bateau du comte de Vogüe), Eric fut de la croisière aux Caraïbes (…) Au retour, ils furent arrêtés pas la police. Dans un premier temps, Jean-Marie me dit :
C’était fatal ! Il gagne trop d’argent. Le fisc lui cherche des misères…
Quelques jours plus tard des journaux me tombèrent entre les mains. Je lus : Eric Bottey exerce un phénoménal proxénétisme hôtelier et Véronique (ndlr : sa compagne) dirige l’ancienne maison de Mme Claude rue de Boulainvilliers…
Jean-Marie refusa évidemment de m’expliquer et s’en tira par une dérobade : « Laisse donc ! En attendant, j’interdis que Marine regarde la télé jusqu’à nouvel ordre ! » Marine était en effet très attachée à Éric Bottey. Avec elle, il débordait de gentillesse : un vrai parrain (…)
Eric Bottey, c’est la légende en noir et rouge comme les froufrous des danseuses de French Cancan, de Pigalle, la nuit et le sang dont il faut payer la puissance ! L’histoire de "Monsieur Eric", c’est celle, dans les années 50, d’un apprenti boulanger de vingt ans, assez fûté et habile pour ne pas passer sa vie dans le pétrin.
Sa rencontre avec Carmen, une ex-belle de nuit, va décider de son avenir. A partir d’un petit établissement, ils vont, morceau par morceau, bâtir leur empire au sein du "quartier chaud" de Paris. Une fortune colossale, en forme de holding ou de poupées russes, sans propriétaire identifié. La "Bohème", le "Yellow Dog", le "Tiffany", le "Sulky", le "Lautrec", sans compter des établissements hôteliers de prestige propres à redorer n’importe quel blason. (…)
C’est la gloire pour le couple. Ils ont la protection du Milieu, des frères Zemour, qui font régner la loi. Ils ont aussi, chuchote-t-on, d’importants et très haut placés appuis policiers et politiques. Avec cette double alliance, "Monsieur Eric" porte beau dans son somptueux manoir de Tracy-sur-Mer, dans le Calvados (…)
En 1978, son parcours royal connaît sa première embûche. Carmen, l’épouse, la complice, demande le divorce, saute d’humeur due aux trop nombreux coups de cœur de son époux pour l’une ou l’autre beauté de son "cheptel". On se quitte souvent amis et partenaires ! En guise de cadeau d’adieu, il lui offre un superbe hôtel particulier de la rue Boulainvilliers, dans le XVIe arrondissement : l’ex-maison de rendez-vous de Mme Claude ! Tout un symbole !
Le 11 juin 1982 va marquer le glas de l’impunité choquante d’Eric Bottey. Sur commission rogatoire du juge d’instruction Jean-Louis Debré, la brigade financière et les inspecteurs de la brigade du proxénétisme et des stupéfiants à l’époque dirigée par le commissaire divisionnaire Morin, un incorruptible, jettent un coup de pied dans la fourmillière. Voilà les bénéfices et les sociétés occultes de Monsieur Eric passés au crible. Il va être condamné à dix mois de prison, ainsi que son ex-épouse, et à une amende d’un bon milliard d’anciens francs dont il ne s’acquittera d’ailleurs que partiellement.
(…)
Il fut un temps où les voyous se précipitaient respectueusement vers Bottey pour lui porter sa mallette. "L’empereur" régnait en compagnie de son épouse Carmen Vallet, sur plusieurs bordels dont le Saint-Georges. Ils avaient sous leur coupe un véritable village de bars, dont la grand-rue était la rue Frochot, qui débouche sur la place Pigalle. (…) Les journalistes ne peuvent pas être au courant de tout. Ils ignoraient l’existence du "Café de France", rue Godot-de-Mauroy, une autre "affaire" d’Eric Bottey.
Pierre Durand, le seul ami survivant de Jean-Marie Le Pen son compagnon constant, ci-devant directeur du très catholique journal Présent grand moralisateur devant l’Eternel en était bien étrangement le prête-nom.
Le même Pierre Durand qui dans son journal Présent du 13 juin 1987, me consacra, après le coup d’éclat de Playboy, un éditorial intitulé "Les bornes de l’abjection sont franchies". Qu’ajouter ?
Pour en savoir plus, lisez "Le livre de Pierrette enterré sur Le Pen" et "Le FN dans son petit pull Marine" dans Bakchich Hebdo n°27, en vente en kiosques samedi 5 juin et ici même.