Au Cameroun, l’élection présidentielle française intéresse. Un peu, beaucoup, passionnément, pas du tout. Selon les cas. On peut voir des voitures publicitaires aux couleurs de la candidate socialiste. On s’interroge sur l’éventuelle politique africaine de François Bayrou. On se demande si Le Pen peut à nouveau passer au second tour. Mais c’est surtout le kärchérisateur de racailles et d’émigrés qui suscite le débat…
« Sarkozy, c’est un malade ! » On n’a pas terminé la question que la réponse fuse déjà. « Un malade ! ». Jules, la vingtaine tout juste, commente la campagne présidentielle française. Les coudes posés sur le bar, sous une taule qui abrite de la pluie, le jeune cuisinier observe les ferrailleurs qui s’activent dans la rue, dans la boue. Nous sommes à Tsinga Elobi, quartier déshérité de Yaoundé, qui a la réputation de fournir d’importants contingents d’émigrés. Des dizaines de soudeurs en guenilles se débattent au milieu d’immenses tubes en acier, de fils électriques, de carcasses de voitures.
Jules ne le cache pas : il aimerait bien, lui aussi, partir. Il n’en rêve pas, non. Mais y a-t-il une autre solution pour sortir de la misère, de la galère ? Comme beaucoup d’autres, il en a marre des poches vides et, comme beaucoup d’autres, il aimerait connaître le « pays des Blancs » dont on lui remplit la tête. L’émigration fait partie de son quotidien. Il y a sa sœur qui a eu un enfant avec un Français mais qui attend un visa depuis quatre ans, en vain et au grand désespoir de Jules qui comptait sur quelques billets venus d’ailleurs pour lancer une petite affaire. Il y a les amis du quartier qui racontent mille expériences d’exil : l’espoir toujours, l’effort souvent, et l’échec dont on ne parle pas. La rumeur gonfle, de bouche à oreille. Et puis il y a TF1, qu’on regarde autant au Cameroun qu’en France, et qui fait quotidiennement la leçon : « contrôle d’identité », « centre de rétention », « expulsion » ! Tous les aspirants au départ connaissent, depuis déjà longtemps, quelles souffrances les attendent.
Et voilà que, pour arranger les choses, un petit bonhomme leur répète chaque soir, sourire aux lèvres, qu’avec lui, ils pourront ranger leur dernier espoir au placard, pour toujours. Sans qualifications reconnues, pour la plupart, les gars de Tsinga Elobi n’ont à peu près aucune chance d’accéder à l’auguste statut d’« immigrés choisis ». Un discours d’autant plus ignoble, aux yeux de Jules, qu’il est tenu par un « immigré » – « il est russe, c’est ça ? ». Il faudra donc crever la bouche ouverte dans la rue ? Dans la boue ! Pour le jeune homme, le message est aussi clair qu’une déclaration de guerre. « Non seulement plus aucun Africain ne pourra entrer en France mais, en plus, les Noirs de France seront expatriés ! », croit-il savoir. On introduit un bémol, il embraye sans nuance : « Sarkozy n’aime pas les Noirs, donc les Noirs n’aiment pas Sarkozy. C’est pas plus compliqué que ça ! ». Il y a pourtant des Camerounais qui l’apprécient ! « Ah bon !? Où ça ? Ici, au quartier, si quelqu’un arrive en soutenant Sarkozy, on le chasse ! »
Sarkozy, le seul candidat à la présidentielle dont il a retenu le nom, est donc l’homme à abattre. Et pas seulement dans les urnes, visiblement : Jules ne cache qu’à moitié son envie d’assassiner celui qui tue l’espoir d’une vie meilleure. « En tout cas, jure-t-il pour conclure, si les Français le votent, Sarkozy ne mettra jamais les pieds au Cameroun. Jamais ! » Jules et ses potes ont déjà prévu de faire sauter l’aéroport dès la première visite officielle.
Bonjour certaine de tes idées paraissent sympathiques mon cher ami et compatriote, mais sans polémique, à défaut de régler nos problèmes là où ils sont, on prétend détesté les autres et même chez eux pour ne pas regarder le nôtre. est ce Sarkozy qui est responsable de la naissance, de l’éducation, du travail, du devenir d’un jeune camerounais quelqu’il soit dont Jules ? est ce Sarkozy qui appauvrit le Cameroun ?qui y crée la corruption ? si je comprends bien, le cameroun de Jules est prêt à accueillir et accueille sans broncher des dictateurs de toute sorte et autres responsables de sa situation difficile, mais pas un possible président français s’il est élu (français libre de choisir la meilleure politique espérée qu’il veule). par ailleurs, attention de pas mélanger des problèmes comme le racisme (humain) avec des conceptions politiques (immigration) de solution qui ne relèvent souvent pas de la même chose !
Enfin Jules, ce sont les camerounais qui dirigent le cameroun. Meme la petite Guinée équatoriale a expulsé et expulse des camerounais. A t on attaqué le président équatoguinéen. Et comme montre la télévision, faudrait bien se rendre compte que l’Europe et la France sont bien plus que de droite car partout l’extreme droite augmente,les idées de droite sont majoritaires et personne (même élue de gauche) ne remet jamais en cause les lois votés (hypocrisie) Des tonnes de nos filles camerounaises ou gars se prostituent ou volent partout pour répondre de la prétendue "belle vie automatique en Europe", et enfin mon cher, la seule façon de s’ensortir à Yaoundé comme partout en Afrique et surtout centrale, c’est au minimum d’abord de régler nos problèmes chez nous avant d’accuser les autres de nos maux et d’être responsables de notre devenir. bonne journée