Le 20 mai, tout le monde est réquisitionné pour célébrer le sauveur de la nation. Enfin presque tout le monde.
« Pôôôl Biyaaa, notre président, père de la nation, lala lalala… ». Enfin ! Après des jours d’attente, le 20 mai est arrivé. Comme chaque année, les préparatifs de la fête nationale ont été intenses : les milliers de pagnes affichant la sympathique frimousse de Paupaul ont été distribués, les trottoirs longeant le parcours présidentiel nettoyés, les cerveaux soigneusement lavés à grand coup de patriotisme télévisé… Et puis, enfin, le grand jour est arrivé. Fanfares, flonflons et trois heures de défilé au centre de Yaoundé. Boulevard du 20 mai, militaires, douaniers, partis politiques et écoliers réquisitionnés s’apprêtent à déambuler en rangs serrés sous la moustache présidentielle. Jour de fête ! Jour d’unité !
Comme pour fuir ce triste carnaval, Christelle s’est réfugiée dans un des rares cybercafés ouverts les jours fériés. Un œil sur un ordinateur qui mouline, un œil sur un téléviseur qui grésille dans un coin de la pièce. Malgré les commentaires enflammés du speaker alors qu’apparaît la Mercedes blindée du « père de la nation », la lycéenne ne semble pas très passionnée par les festivités. « Je suis un peu têtue », confie-t-elle en retirant un écouteur de son oreille. À 19 ans, la demoiselle préfère Christina Aguilera à Chantal Biya, les profonds décolletés aux pagnes RDPC et les riches Blancs qu’on pêche sur Internet aux gorilles en armes qui claquent les talonnettes.
Par chance, sa classe n’a pas été « sélectionnée » pour le défilé. « L’année surpassée, j’avais fait les majorettes, explique-t-elle. On avait attendu des heures au soleil, sans boire et sans manger. C’était pénible !… Et au moment où on a demandé les 500 F [Cfa] que l’État donne pour notre transport, on s’est aperçu que les dirigeants de l’établissement avaient tout mangé ! ». Elle avait dû rentrer chez elle à pied. Deux heures de marche forcée : une belle récompense après dix jours d’entraînement intensif à jouer les majorettes pour le plaisir du prince. Alors, vraiment, les fêtes officielles…
« On a déjà la levée des couleurs, précise Christelle pour justifier son manque de patriotisme. Tous les lundis matin, à 7h30, on doit se rassembler dans la cour de l’établissement pour hisser le drapeau et chanter l’hymne national ». Toutes les administrations camerounaises sont au même régime, explique-t-elle : levée des couleurs chaque lundi matin. « La dernière fois, je suis arrivée en retard pour la levée des couleurs, concède l’effrontée. Le proviseur m’a collée quatre heures de consigne… » De consignes ? « Ce sont les corvées : on doit nettoyer les salles de classes ou les bureaux des surveillants, laver les latrines, ramasser les papiers dans la cour, etc., etc. » Et ça arrive souvent ? « Ben… oui. On passe notre temps en consigne ! » Le système des corvées est si bien rôdé que l’établissement de Christelle n’a jamais eu à dépenser le moindre sous pour le nettoyage. Un vrai soulagement pour les budgets publics ! Comme quoi, « têtue » ou pas, on est toujours un peu « patriote » au Cameroun. Tant qu’il y a quelqu’un pour se sucrer sur votre dos.
Ca me rappelle le Lycee.Le defile du 20 Mai. C vrai qu’il fallait faire gaffe a ne pas rater la levee des couleurs. En general des que l’on commencait a chnater l’hymne national, plus personne ne bougeait. A propos de pagne, j’ai un post recemment sur on blog Weapons Of Mass Communication : African Presidents On Printed Fabric. Vous pouvez le consulter a www.themediacity.com
Thanks.