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Paupaul arrose les électeurs

Cameroun / vendredi 20 juillet 2007 par Moussa Ka
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Alors que les élections couplées du 22 juillet approchent à grands pas, les partis d’opposition attendent toujours les subsides que la loi prévoie pour les aider à faire campagne. Du côté de l’inamovible RDPC par contre, on arrose les Camerounais de bières et de billets de banque. Une générosité on ne peut plus touchante venant d’un parti qui se plaint chroniquement de n’avoir plus un sous en caisse…

Pour remédier à cette tragique situation financière, et à l’impérieuse nécessité de venir en aide aux miséreux en ces temps électoraux, Paul Biya s’est permis d’envoyer, en tant que président national du RDPC, un carton d’invitation à quelques uns de ses amis pour leur demander de donner un coup de main aux fonctionnaires, pardon, aux militants qui sillonnent courageusement le pays à la rencontre des électeurs. Ce carton d’invitation, intitulé « circulaire n°003/RDPC/PN », a mis sur pied, au sein de la « Commission Centrale » chargée de coordonner la campagne électorale du RDPC, une « sous-commission de l’intendance et de la logistique » [1].

En clair : un groupe de généreux donateurs chargés de renflouer les caisses. Et comme le président du Parti a de l’entregent, et qu’il se trouve être président de la République depuis vingt-cinq ans, ladite « sous-commission » rassemble à peu près tous les directeurs généraux de sociétés publiques et parapubliques (Sitabac, Sodecoton, Sonara, Tradex, Camtel, Camship, CDC…) et tous les dirigeants des administrations « sensibles » (directions des Impôts, des Douanes, du Budget, de la Caisse Nationale de Prévoyance sociale…). Le Parti n’a pas de thune ? Ce qui vivent dans les caisses de l’Etat, eux, en ont des tonnes…

Le détournement des deniers publics n’est bien sûr nullement conseillé. Mais comme le phénomène existe, paraît-il, au Cameroun – si du moins l’on en croit Paupaul qui dénonce le fléau avec une admirable persévérance depuis 1982 – il n’y a aucune raison que les heureux DG soient les seuls à en profiter ! Et s’ils peuvent, en plus de leur obole personnelle et militante, mettre leur administration à la disposition du Parti, en prêtant par exemple leurs 4x4 et leurs fonctionnaires le temps de la campagne électorale, ça ne sera pas de refus…

La confusion des genres n’est bien sûr pas nouvelle. Pour preuve, le procès fleuve de Gérard Ondo Ndong, ex-directeur général du Feicom (Fonds d’équipement et d’intervention intercommunale [Une sorte de banque « au service » des communes camerounaises]) qui vient d’écoper de cinquante ans de prison – eh oui, cinquante… – pour avoir détourné plusieurs milliards de francs Cfa. « C’était pour la bonne cause ! », s’est défendu pendant des mois le pauvre homme, dos au mur, expliquant par le menu comment il avait, des années durant, sponsorisé le Parti de Paul Biya (et la Fondation « caritative » de sa femme) [2].

Médiatise-moi

Les apparatchiks de l’Etat-RDPC ne sont pas les seuls à se mobiliser pour les « élections ». Les journalistes des médias « publics », c’est-à-dire gouvernementaux, sont eux aussi sur le pied de guerre. En dépit de la loi, le temps de parole accordé aux différents partis en lice pour le double scrutin municipal et législatif du 22 juillet est totalement déséquilibré. Comme ce fut déjà le cas lors de la présidentielle de 2004. Selon une étude réalisée l’année suivante par François Marc Modzom, la Cameroon Radio Television (CRTV) – la pravda audiovisuelle locale – avait alors consacré les deux tiers de son temps d’antenne au candidat (jamais) sortant [3]. Lesquels deux tiers furent, on s’en doute, accompagnés de commentaires extrêmement critiques [4]… Un déséquilibre total donc, mais qui permet tout de même aux (rares) téléspectateurs et auditeurs de la CRTV d’apprendre – le temps d’une campagne – qu’il existe d’autres partis politiques au Cameroun que le RDPC.

Les « membres donneurs » du RDPC sont donc d’ores et déjà prévenus : quand bien même ils remercieraient généreusement le chef du parti-Etat de les avoir nommés, cela ne les empêchera pas pour autant d’être sacrifiés sur l’autel de la « lutte contre la corruption » le jour où la nécessité – et la pression internationale – se fera sentir…

[1] Le Messager, 5 juillet 2007

[2] Voir : Paul Biya sonne le Ndong

[3] Mutations, 19 avril 2007

[4] Pour s’en convaincre, lire :Biya, à qui vœu-veut


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