Luttes patronales et patrons voyous. Le fabuleux combat de dame Parisot, qui donne aujourd’hui mardi 18 mars une conférence de presse, contre les héritiers du comité des forges. Et certains disent que les luttes sociales sont vaines…
Il était une fois, une femme intrépide à qui rien ne résistait. Héritière d’une petite société industrielle créée par son père, Optimum, elle se fit un nom en dirigeant un institut de sondage. Cette frêle créature adorant les voitures de sport eut ensuite l’idée de se lancer à l’assaut du Medef, une organisation patronale animée exclusivement par des hommes. Épaulée par quelques vieux messieurs, dont un super banquier du nom de Michel Pébereau, elle parvint à se faire élire « patronne des patrons » malgré l’hostilité d’autres vieux messieurs contrôlant un machin portant le doux nom d’UIMM. Depuis, la gentille Laurence cherchait à mater les dinosaures de cette organisation héritière du Comité des forges. Pas pour des raisons sociales car notre « patronne des patrons » est une pure libérale, qui pense qu’il faut supprimer les 35 heures et réformer le Code du travail qui donne trop d’avantages aux salariés.
La révélation par la presse que Denis Gautier-Sauvagnac, le grand manitou de l’UIMM, allait recevoir une indemnité de départ de 1,5 million d’euros alors qu’il est mis en cause pour des retraits en espèces de plusieurs millions ces dernières années, a été vécue comme une bénédiction par la chère Laurence. Elle avait une occasion en or de régler leur compte à ces vieux messieurs qui lui veulent du mal.
Elle a jugé « grossier » et « vulgaire » le chèque promis à Gautier-Sauvagnac. Les cacochymes de l’UIMM ont rigolé doucement en notant qu’elle n’avait pas protesté contre le versement de plusieurs millions d’euros aux supérieurs hiérarchiques du trader de la Société Générale Jérôme Kerviel, accusé d’avoir fait perdre à la banque près de 5 milliards d’euros. Lolo a aussi demandé à l’UIMM de rendre tous les mandats de négociations exercés au nom du Medef. Là, entre deux bouffées de cigare, les patrons de l’UIMM se sont écroulés de rire.
Car, le Medef n’existe que grâce à des fédérations et unions professionnelles qui lui versent de quoi vivre et lui apportent leur expertise dans tous les domaines. Laurence le sait et c’est la raison pour laquelle elle s’est lancée à l’abordage. Car les vieux messieurs de l’UIMM ont un trésor de 600 millions d’euros, constitué au fil des ans grâce à une cotisation destinée à « fluidifier les relations sociales ». À peine. Dans les couloirs de l’organisation, on a aussi lancé quelques mises en garde en évoquant les conditions de la cession de la société Optimum et on s’est demandé si cette petite entreprise n’avait pas pu bénéficier dans le passé de l’aide de l’UIMM. « On ne va pas se laisser faire », a tonné un patron. À ce stade, Laurence a entrepris une petite marche arrière. Finalement, les vilains messieurs sont sur le point de gagner. La vie est vraiment trop injuste.
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