La pétulante Christine Lagarde, ministre de l’Economie, se veut rassurante sur la crise financière venue des Etats-Unis. Mais les banques françaises ont pris des grosses claques et certains experts parlent de récession.
Tandis que Jacques Attali annonce une récession, n’hésitant pas évoquer le spectre du crise économique d’une ampleur comparable à celle de 1929, la ministre de l’Économie, Christine Lagarde, s’est pour sa part efforcée de rassurer l’opinion la semaine dernière. Lundi 17 décembre lors d’une interview sur I-Télé, elle a ainsi réagi au propos d’ Attali : « Dire que nous sommes à la veille d’une grande crise économique, ca me paraît excessif ». Et d’ajouter que, selon elle, la crise du crédit qui s’est ouverte cet été aux Etats-Unis devrait avoir chez nous des « effets mesurés ». « Nous aurons des effets mesurés de la crise de l’été. L’Europe est moins affectée » a t-elle assuré.
L’occasion d’apprécier le changement de ton en quelques mois de notre ministre. Alors qu’éclate la crise cet été aux États Unis, le 24 Aout lors d’une conférence de presse de « rentrée » à Bercy, Mme Lagarde qualifie alors la situation dans le secteur bancaire ( français ) de « tout à fait saine » en affirmant que "les grandes banques françaises sont peu exposées au risque subprime".
Un optimisme pourtant déjà démenti à l’époque, en coulisse par nombres d’ acteurs du marché du crédit. Dès août un responsable de l’ADIL (Agences Départementales pour l’Information sur le Logement), un organisme sous la tutelle du ministère de l’Économie), évoquant une réunion à Bercy sur le sujet, tirait une conclusion inverse ; « la crise ne fait que commencer, les problèmes sont devant nous. » confiait-il à Bakchich. Le petit monde de la banque bruisse, lui, de rumeurs sur un nettoyage en douce des comptes de plusieurs grandes banques françaises. « C’est au printemps qu’on va découvrir l’ampleur réelle des dégâts » assure un banquier, en citant 3 grandes banques françaises particulièrement exposées selon lui. Des concurrents bien entendu …
Toujours est t-il que la crise du crédit s’est effectivement muée en crise financière. La confiance a disparu, chacun suspectant l’autre de maquiller ses comptes et de receler des monceaux de cadavres dans ses placards. Comme l’annonce « le Monde » après la publication des – inquiétants – résultats du Crédit Agricole, la Commission bancaire, l’autorité de tutelle des banques françaises, exige subitement des banques françaises qu’elles passent leurs comptes « à la paille de fer ». Selon une source proche de la Banque de France citée par le quotidien, cette initiative serait motivée par « des niveaux d’exposition qui n’étaient pas considérés comme susceptibles de poser problème au 3e trimestre, le sont désormais, en raison des incertitudes sur l’ampleur et la durée de la crise ». En résumé, cela tourne au vinaigre. Dans une interview accordée aux Echos (19 décembre 2007) Daniel Bouton, patron de la Société Générale et président de la fédération bancaire française, évalue entre 150 et 250 milliards de $ le coût de la crise « proprement dite » des subprimes. « Pour le moment, assure Daniel Bouton le risque de contagion au reste de l’économie est limitée » . Trois jours plus tôt, Jacques Attali avait lui chiffré pour le JDD, l’addition « à 10 % du PIB mondial, soit 4.000 milliards de dollars, c’est-à-dire 50 fois plus que les pertes générées dans les industries de pointe par l’explosion de la bulle internet. Cette crise n’est pas cantonnée au secteur du logement, car elle révèle que les banques ont reprêté leurs prêts à n’importe qui, pour les racheter ensuite beaucoup plus cher. C’était à la mode » ( ..)
C’est dire si les estimations de nos « experts » varient : de 150 à 250 milliards pour l’un à 4000 milliards de dollars, il y a comme qui dirait une marge assez inquiétante sur la transparence du système bancaire. Le 22 octobre dernier, s’exprimant lors d’un point presse à New York (en anglais), Christine Lagarde expliquait de son côté que la crise du subprime « sera compensée par les mesures sur les heures supplémentaires » et « les autres mesures engagées par le gouvernement ».
En un moins d’un trimestre l’analyse de la situation par notre ministre de l’ économie et des finances a fait un joli bout de chemin. Nous sommes donc passé d’une situation « totalement saine » au sentiment que l’apocalypse économique prophétisé par Jacques Attali : « nous sommes en 1928 ! » est un tantinet « excessif ».
Dans ce contexte, Fillon déclarant l’État « en faillite » apparaît comme un joyeux boute-en train.