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A l’Insee, pas de pitié pour les « vieux »

Retraites / jeudi 22 mai 2008 par Manuel Jardinaud
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L’accusation est grave : depuis plusieurs années, la direction générale du célèbre institut public empêche les plus de 55 ans de bénéficier d’une promotion interne. Une pratique discriminatoire qui répond à une question toute bête : pourquoi gratifier des « vieux » alors qu’ils sont si proche de la retraite ?

La grogne monte à l’Insee, l’Institut national de la statistique et des études économiques, sous tutelle du ministère de l’Economie. Non plus à propos de la fiabilité des chiffres du chômage, qui avaient fait grand bruit en 2007, terni pour un bon moment l’image de l’institution et, finalement, entraînés la chute de Jean-Michel Charpin, son directeur général, en octobre 2007. Non, cette fois-ci, le ressentiment porte sur une « discrimination de l’Insee envers les agents de plus de 55 ans ». Ce sont les mots d’une lettre ouverte de l’intersyndicale (CGT, CFDT, FO, Sud, CFTC, UGA-CGC) datant du 31 mars dernier, toujours sans réponse officielle de la part de Jean-Philippe Cotis, le nouveau directeur général, et de Virginie Madelin, la secrétaire générale, récemment nommée.

Un usage admis

Pourtant, le document accuse sans détours : « Depuis plusieurs années, la direction de l’Insee utilise le critère de l’âge afin de déterminer les agents « aptes » à être promus. […] Ce critère écarte un nombre important d’agents. Par exemple, en 2007, 852 agents sur les 2029 agents de catégorie C promouvables en B sont âgés de plus de 55 ans et donc écartés a priori par la direction. » En un mot : l’Insee discrimine tranquillement ses seniors, qui n’ont plus qu’à attendre sagement l’âge de la retraite sans rien demander, et surtout pas une promotion. Il va sans dire que cette politique des ressources humaines contrevient à la loi. Selon Julie Herviant, élue CGT à l’Insee, « dans la période récente, la direction générale décidait que les agents devaient pouvoir assumer un poste durant un certain temps pour être promus ». Une « doctrine » disqualifiant, de fait, les plus de 55 ans qui manquent – comme chacun le sait – cruellement de temps pour entamer et dérouler une nouvelle carrière. Un représentant syndical siégeant aux fameuses CAP, là où se discute et se décide la promotion interne des agents, témoigne : « Ces deux dernières années, lors des commissions, le représentant de la direction arguait qu’il s’agissait d’un fonctionnement normal à l’Insee, une sorte d’usage admis. Cela était dit explicitement, mais seulement oralement ». Ces propos sont toutefois consignés dans des procès verbaux. Des documents opportunément confidentiels, comme le confirme Gilles Lazarou, représentant de l’UGA-CGC.

Au placard, les vieux !

Un autre syndicaliste participant aux CAP, qui souhaite garder l’anonymat pour cause de devoir de réserve, poursuit : « Au début, il s’agissait d’une pratique marginale concernant quelques cas particuliers. Maintenant, cela se décide en amont des commissions au niveau des directions régionales sur demande de la direction générale ». En clair, pour répondre à cette politique, les directeurs régionaux sont poussés à se censurer et évitent in fine de proposer des « seniors » pour toute promotion. Face à cette situation, une fonctionnaire de 55 ans travaillant à Nantes, et dont la promotion a été bloquée en juin 2007, a décidé de réagir. En mars dernier, elle a saisi la Halde. Mais d’autres cas perdurent et pourraient aussi faire l’objet d’une saisine, voire d’une plainte : « J’ai vu passer une histoire où une direction avait sérieusement et clairement promis à un agent de niveau C qu’il passerait B. Mais au dernier moment, il n’a pas été mis en tête de liste à cause de son âge », affirme le syndicaliste. Selon lui, cette situation fait désormais des vagues, au-delà des personnes discriminées. Les hiérarques de l’Insee en régions commencent eux aussi à pester de se retrouver à gérer des fonctionnaires quinquagénaires sans avenir. Le placard à 55 ans, c’est en effet plutôt moyen pour motiver les troupes.

Prochaine étape le 27 mai

Le 27 mai prochain doit se tenir un Comité technique paritaire (CTP). L’occasion pour les syndicats de poser (enfin !) le débat sur la table face à la nouvelle direction de l’Insee. Ils pourront peut-être faire partager à leurs supérieurs cette phrase tirée du numéro de décembre 2007 de la revue de l’Insee Economie et Statistiques : « Etre globalement satisfait de son travail fait baisser d’environ 16 points la probabilité de souhaiter prendre sa retraite le plus tôt possible. » Contactée par Bakchich, la direction de l’Insee a refusé tout commentaire.

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8 MESSAGES
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Forum

  • A l’Insee, pas de pitié pour les « vieux »
    le jeudi 17 juillet 2008 à 10:40, MINEUR DE FOND a dit :

    vous faites là une découverte du style eau chaude….

    cette pratique existe depuis bien longtemps, notamment dans les services de la DGFIP ex DGI…précédemment il était de coutume de promouvoir les "vieux agents" afin d’améliorer leur retraite….

    là, c’est fini….on prend ceux que l’on peut utiliser…logique de productivité….

  • A l’Insee, pas de pitié pour les « vieux »
    le dimanche 29 juin 2008 à 06:10
    Il faut croire que les vieux de l’INSSE tout le monde s’en fout : 5 commentaires seulement à ce jour. Au moins quelqu’un travaillant pour cet institut aurait pu prendre la parole pour défendre sa boite. Rien. Pourquoi ? La réponse pourrait être la déduction suivante : les employéss de l’Insee n’ont jamais appris à se servir d’internet. Leur patron leur interdisait peut-être. Et du coup ils ne lisent même pas "Bakchich". Dommage : ils ne voient même pas que certains essaient de les défendre.
  • A l’Insee, pas de pitié pour les « vieux »
    le jeudi 19 juin 2008 à 16:14, nemo3637 a dit :
    On avait des doutes quand l’INSEE nous disait, par exemple, que le coût de la vie n’augmentait pas, qu’on se faisait des idées, que les chiffres étaient là… Et puis, de plus en plus, on s’est rendu compte qu’il y avait là participation à un mensonge plus global. La méfiance s’est à présent installée. Et tout ce que peut dire l’INSEE est considéré comme participant au complot des puissants. C’est comme pour les grands médias ; difficile de rétablir la confiance. Si "ça ne marche plus", j’espère quand même qu’on ne va pas licencier à tour de bras. Solidarité avec les soutiers de l’INSEE qui ont sûrement des gosses à nourrir ! Continuez à nous dire des conneries : on fera semblant d’y croire…
  • A l’Insee, pas de pitié pour les « vieux »
    le lundi 2 juin 2008 à 21:11

    elle doit se dire vivement la prochaine canicule font chier ces vieux mdrrrrrr !

    paisiblenuit

  • A l’Insee, pas de pitié pour les « vieux »
    le jeudi 22 mai 2008 à 16:07, Rensk a dit :

    Je rappel simplement que d’un côté le pouvoir (de décider sur les autres) en place politiquement, nous dit qu’il faut prendre exemple sur les Anglais ; 68 l’âge de la retraite… repris dans les 27 autres pays de la « communauté pour le bien de tous » soit la CE ! D’autres pays d’Europe font de même ; la Suisse par exemple…

    D’un autre côté, les trois quart des autres hommes de pouvoir (le quart étant les politiciens) soit les financiers, les assureurs, les chimistes et pétroliers, les services et les industriels… sans oublier les agriculteurs nous disent que : l’ont est plus très "réactifs" après 45 ans ; que l’ont est "butés, bornés" à 50 ans… ; qu’à 55 ans : ils sont obligés de "devoir faire du social" à la place de l’Etat ! Ils licencient donc sans gênes de plus en plus de personnes, totalement aptes au travail, pour des raisons divers et souvent fallacieuses (vrai raisons : salaires, ponction sociale de l’Etat contre rendements aux actionnaires) !

    Qui donc pensez-vous va gagner la « cause » ? La majorité des citoyens ou la minorité des « hommes de pouvoir » ?

    PS : L’Etat vous a déjà répondu avec la loi sur les OGM. !!!

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