C’est un nom de gauche qui fait frémir la droite depuis le passage de Jospin à Matignon : Alain Christnacht. Et le garçon a décidé de reprendre du service. Animation garantie…
On l’avait quitté premier reclassé – au Conseil d’Etat – de l’équipe Jospin, au lendemain de la défaite de 2002. Exfiltré en deux temps trois mouvements, avant que les vainqueurs chiraquiens, qui voulaient lui faire la peau, aient eu le temps de dire ouf. Six ans après, Alain Christnacht, ancien conseiller spécial du Premier ministre Lionel Jospin – mais pas conseiller pour les affaires spéciales comme il le précise toujours – est de retour !
L’homme des affaires corses et des dossiers sensibles sous la cohabitation vient de reprendre du service. Cet ancien préfet, artisan des accords de Matignon scellant la paix en Nouvelle-Calédonie sous Michel Rocard, parraine maintenant en sous main le « think tank » Terra Nova, la nouvelle machine de guerre idéologique des sociaux-démocrates contre le régime actuel. Bref après avoir été l’ennemi intime de la Chiraquie, Christnacht, maintenant étiqueté dsko-delanoïste, va se faire de nouveaux adversaires avec les sarkozystes.
De 1997 à 2002, le cabinet noir élyséen – alors dirigé par Dominique de Villepin – voyait la main du conseiller Christnacht, derrière tous les coups bas anti-Chirac. DDV, comme dirait le général Phillippe – OSS 117 – Rondot, le soupçonnait par exemple d’avoir « monté un chantier » contre le président pour l’impliquer dans une affaire de comptes suisses alimentés par des prélèvements sur les rançons des otages français au Liban. Une allégation villepinienne sans preuves. Mais on a toujours donné dieu sans confession à Christnacht, qui commença sa carrière comme directeur financier de la DGSE au temps du Rainbow Warrior, avant de se reclasser comme homme des missions sensibles de « l’austère qui se marre »…
Aujourd’hui, maître des requêtes au Conseil d’Etat mais également conseiller – à mi-temps – de Bertrand Delanoë à la Mairie de Paris, Christnacht repart sur le sentier de la guerre. Membre fondateur de Terra Nova, ce cercle de réflexion qui s’apprête à pilonner Sarko Ier, l’ancien préfet s’ingénue à glisser quelques peaux de banane sous les patins du nouveau régime. Terra Nova a ainsi rédigé une note destinée à saper le plan d’ouverture du secteur des jeux à la concurrence, un projet initié sous pression de la Commission européenne et repris par le Sarkozy, grand ami des casinotiers qu’est Sarko. L’un des arguments de Terra Nova ? Le dossier est truqué car le commissaire européen chargé du dossier est lui-même un ancien bookmaker et le président français « cadeauté » par Dominique Desseigne, le patron du Fouquet’s et du groupe de casino Barrière… Pas très fair-play comme raisonnement. Mais toujours efficace.
Et retrouver les exploits d’autres anciens préfets, auxquels Bakchich rend hommage en ce dimanche de Pentecôte
Le temps qui passe … Les hasards de l’actualité et des regroupements de liens sur le site de Backchich créent des assemblages et des parallèles pour le moins audacieux.
Repéré par Pensec alors qu’il était sous-préfet à Lorient, le ministre d’Etat de la principauté de Monaco avait été directeur au Ministère de la pêche (82/85) puis un préfet de Guadeloupe efficace (89/91) et directeur de cabinet de Chevenement à l’Intérieur (99/00) avant d’être nommé préfet de police de Paris (01/04). En voila donc un qui n’est pas resté fidèle à son passé depuis son couronnement à Monaco …
Ce n’est pas le cas de Marchiani qui a toujours été fidèle à son passé (et qui est en prison pour des affaires de corruption) ni de Christnacht qui reprend du service pour la gauche (ce rapprochement entre les carrières de deux préfets – qui se sont l’un et l’autre affichés proches du pouvoir (à des périodes distinctes) - est plutôt amusant non ?
Quant à Bonnet, que Chevenement avait fait passer des Pyrénées orientales à la Corse parce qu’il y avait déjà été affecté en tant qu’adjoint pour la sécurité (91/92), il fait plutôt figure d’alibi pour ceux qui pensent que le « Che » n’était pas toujours très clairvoyant et finalement assez mal entouré.
Il manque assurément le portrait de Christian Blanc dans cette charmante galerie d’anciens préfets qui restent sous les feux de l’actualité : proche de Rocard et de Pisani, secrétaire général en Calédonie (84) qui avait mené la mission qui a permis la signature des Accords de Matignon (88), il change de cap lorsqu’il préside aux destinées de la RATP (89/92) puis d’Air France (93/97) et se fait élire député (de droite) des Yvelines. Il est désormais vice-président du Nouveau centre et secrétaire d’Etat du gouvernement Fillon.
Ça c’est une bonne nouvelle !
Vivement que François Hollande cet allié (objectif ? consentant ? agissant ?) du sarkozysme soit viré du fauteuil de premier secrétaire, où il aura glandé plus de dix ans…
Vivement que les socialistes retrouvent de la voix et des couleurs !
Face à Nain Ier, on a besoin d’un PS qui ne soit pas en réanimation !