Lors du Conseil européen, qui se tient aujourd’hui mercredi, le gouvernement irlandais doit expliquer comment il va faire avaler la pilule européenne à son peuple.
« Dans toute ses déclarations, Nicolas Sarkozy prend bien soin de ne pas fermer la porte à un nouveau réferendum irlandais au cours du premier semestre 2009 », remarque cet europhile plein d’espoir. Pendant ces dernières semaines, la tempête financière a servi d’aimable divertissement à la présidence française du Conseil européen. Les banques, à présent remises sur pied, Sarko et son équipe se retrouvent face aux conséquences du cataclysme qui a plombé le début de la présidence : le refus des Irlandais de voter, en juin dernier, le traité de Lisbonne, prévu pour régir l’Union à partir de 2009. Autant dire qu’on risque d’avancer dans le brouillard. « Il faut à tout prix éviter que les élections européennes mi 2009 se déroulent dans un climat de crise existentielle, explique un haut fonctionnaire de Bruxelles, on risquerait un repli de chaque pays sur lui-même »
C’est pourquoi Brian Cowen, le premier ministre irlandais est attendu de pied ferme pour la réunion des chefs d’États et de gouvernements des 27 pays membres le 15 octobre. Le non étant encore chaud, visiblement, le calendrier ne sera pas arrêté avant décembre.
Le scénario, en revanche, semble fixé. Il s’agirait découper en tranches le traité de Lisbonne pour l’accommoder à la sauce irlandaise. La partie la plus digeste serait présentée au peuple par un nouveau réferendum : elle ne comporterait que les questions purement institutionnelles. En revanche l’entame, plus difficile à digérer, serait soumise au vote du parlement. Les élus se prononceraient sur les questions sensibles – participation à la politique de Défense, fiscalité etc.- avec de possibles aménagements.
« Très bien, répond un proche de Nicolas Sarkozy, mais qu’est-ce qui garantit que les Irlandais voteront oui cette fois-ci ? » C’est là tout le hic, car de tous les pays européens l’Irlande a été le premier à entrer en récession économique. Le terrain politique ne serait pas plus propice, certains observateurs extérieurs décrivent ce pays comme « un vrai bourbier marqué par des querelles intestines incessantes ». Les mêmes remarquent que l’écart entre les partisans du non et les autres ne s’est élevé qu’à 55 000 voix. Du coup Dublin aurait prévu de mettre les moyens pour une campagne pédagogique assez intense, destinée à contrer la propagande basique mais efficace des partisans du non, qui a bénéficié d’importants moyens d’origine très douteuse.
Reste évidemment à trouver le créneau pour rouvrir les urnes en Irlande. Le Parlement européen, qui étant composé d’élus passe pour l’institution la plus légitime de Bruxelles, prépare une initiative. Plusieurs élus pourraient s’adresser au peuple irlandais, pour le rassurer, l’amadouer, lui proposer des garanties spéciales.
Reste que l’Irlande n’est pas le seul mauvais élève. Les brumes dublinoises feraient presqu’oublier que la République tchèque et la Suède n’ont toujours pas demandé à leur parlement de ratifier le texte. Et dire que ces deux pays succéderont à la France – la République tchéque la première – en 2009 à la tête du Conseil européen…
À lire ou relire sur Bakchich.info :
Article digne du Figaro.
Quand à la phrase "… les partisans du non, qui a bénéficié d’importants moyens d’origine très douteuse…" on croit réver ! effectivement pour une fois, face au déferlement "tsunamesque" des partisans du OUI dans la presse et les medias, les soutiens de tous les grands pontes de l’Europe, et même de Nicolas 1er, (rien que des gens qui n’avaient aucuns moyens, notons-le), les partisans du non -certains d’entre eux, et pas forcément pour les meilleures raisons- ont eu les moyens de ses faire entendre.
Sur l’absence de plan B, je trouve terrifiant que les dirigeants européens proposent un référendum (que dans des états démocratiques, personne n’est jamais sûr de gagner, je le rappelle) sans plan "B" ! Pour eux, la réponse ne pouvait, ne devait, être que Oui ! (Je crois me rappeler que quelqu’un avait d’ailleurs déclaré : si le non l’emporte, ce sera la chaos) Independamment de son propre choix, c’est cela qui devrait indigner tout citoyen digne de ce nom !