Les Kémites Atoniens, dits aussi Tribu Ka, parlent forts, disent n’importe quoi et se font gentiment éconduire par les états africains qu’ils sollicitent.
Le 28 mai dernier, la Tribu Ka a accédé à la notoriété lorsque ses adeptes se sont rendus rue des Rosiers (Paris) pour provoquer la Ligue de défense juive. Tous les médias ont évoqué cette descente haineuse aux relents antisémites. Une poignée d’excités - noirs qui plus est - cherchant la bagarre en plein quartier juif, il y avait de quoi faire fantasmer sur le repli communautariste…
Ce que l’on sait moins, c’est que cette fameuse Tribu Ka, secte anti-blancs, anti-musulmans et homophobe, n’en était pas à son premier coup d’éclat. Depuis le début de l’année 2006, elle cherchait désespérément un moyen de se faire connaître. Et avant le coup de génie de la rue des Rosiers, elle a essuyé plusieurs revers panafricains.
En janvier, ses membres étaient allés toquer à la porte de l’ambassade de Côte d’Ivoire pour proposer leurs services à Laurent Gbagbo. Ils offraient gentiment leur aide pour lutter contre « l’occupation française ». Las, la Côte d’Ivoire a dû juger qu’elle avait assez de soucis comme ça. Depuis, Kemi Seba, le gourou autoproclamé de la Tribu Ka, prétend avoir cessé tout contact avec les « patriotes » qu’il fréquentait, « à leur grand regret », selon lui. Détail étrange, quand on lui parle du général Blé Goudé - le leader incontesté des patriotes ivoiriens -, il semble ne pas savoir de qui il s’agit. Il faut dire qu’il n’est allé qu’une seule fois à Abidjan, lors d’un voyage avec ses parents, quand il était petit.
Qu’importe, Kemi Seba et sa tribu se sont vite remis de ce camouflet. « Depuis que Laurent Gbagbo a extradé Youssouf Fofana, il a montré qu’il collaborait avec la France », explique d’ailleurs avec mépris le jeune gourou de 25 ans. L’expérience ivoirienne ayant échoué, les membres de la Tribu Ka ont donc mis en oeuvre le plan B. Avec une naïveté confondante, ils se sont tournés vers l’ambassade du Zimbabwe pour offrir, une fois de plus, leurs services.
Le régime du dictateur Robert Mugabe, qui exproprie les fermiers blancs, trouvait pleinement grâce à leurs yeux. Mais, allez savoir pourquoi, Harare n’a pas non plus donné suite. Kemi Seba, qui a réponse à tout, se drape dans sa dignité et ne manque de remarquer que depuis, Mugabe s’est ramolli : « il a rendu des terres à de nombreux fermiers leucodermes ». Ce dernier terme, issu d’une rhétorique qu’il a totalement inventée, signifie « non-noir » dans le jargon de la secte. Il est quand même curieux que sa Tribu, qui prétend défendre les « kémites », les Noirs d’Afrique spoliés par les Blancs, rencontre aussi peu de soutien sur le grand continent. Serait-ce parce que le jeune gourou lui-même n’y a que très peu séjourné ? Quitte à profiter d’une vie confortable aux frais de ses « fidèles », on est peut-être mieux en région parisienne que dans les townships sud-africains…