Ces dernières semaines, les relations entre la Chine et l’Afrique ont fait un grand bond en avant. Déjà, à la mi-juillet, alors que d’aucuns préféraient la plage, les Chinois allaient à la mine, nigériane en l’occurrence. Et dès le mois d’août, les permis de prospection d’uranium cédés par Niamey ont été mis à profit, selon La Lettre du continent.
Au même moment, Ndjamena a renoué des relations diplomatiques avec Pékin, via l’ambassadeur de Chine au Soudan. Après le Liberia et le Sénégal, le Tchad devient ainsi le troisième pays subsaharien à rompre avec Taiwan pour satisfaire ce grand frère très « populaire ». Hasard ou coïncidence, alors que l’empire du milieu lorgne sur son or noir, Idriss Déby a ordonné fin août à Chevron Texaco et à Petronas de quitter son territoire. Les deux compagnies, qui concentrent à elles seuls 60% de la production pétrolière tchadienne, sont accusées d’avoir versé des bakchichs à un membre du gouvernement.
Ceux qui croyaient qu’Idriss-Déby-de-boisson appréciait les pots-de-vin en sont pour leurs frais. Le Dieu pétrole. Et tandis que des accords de coopération s’inaugurent entre les armées chinoises et sud-africaines, le président béninois se rend à Pékin. Le 28 août, Yayi Boni est parti convaincre Hu Jintao de prospecter au large de Porto-Nuovo, avec des arguments de poids : « Notre pays appartient au même Golfe de Guinée que le Nigeria, le Cameroun, le Congo, la Guinée et le Gabon, a-t-il solennellement déclaré. Si tous ces pays ont le pétrole, Dieu ne peut pas avoir été si injuste pour ne pas en donner au Bénin. » Amen.
Enfin, l’Egypte, elle aussi, suit la mouvance. Depuis le 4 septembre, le ministre du Commerce et de l’Industrie, Rachid Mohammad Rachid, se promène en Orient, poursuivant le rapprochement amorcé à la mi-juin entre les deux pays. Pas moins de 11 accords bilatéraux avaient alors été signés par le Premier ministre chinois, en visite au Caire au début de l’été. Pronostique de Mahammad Rachid : « La Chine pourra remplacer les Etats-Unis d’ici cinq à six ans en ce qui concerne le volume des échanges commerciaux. » Parce qu’en Afrique, quand on nem, c’est pour la vie.