Avec plus de 70 millions de personnes résidant aux Etats-Unis, les minorités noire et latine seront déterminantes dans la course au bureau ovale. Et sur ce sujet, le candidat démocrate Barack Obama, a pris de l’avance, au point d’être en mesure d’espérer remporter des Etats traditionnellement républicains.
Les derniers mois des primaires au Parti Démocrate ont vu Hillary Clinton devancer Barack Obama dans la classe ouvrière. Les médias ont beaucoup spéculé sur les difficultés que le sénateur métis pourrait rencontrer avec les salariés blancs les moins rémunérés. Mais un nouveau sondage, réalisé par l’Université d’Harvard et la Fondation Kaiser pour le Washington Post et publié le 4 août, vient de contredire ce pessimisme.
Selon ce sondage, Barack Obama possède une avance de 10 points sur John McCain - 47% contre 37% - parmi les ouvriers blancs qui gagnent au plus 27.000 dollars par an. Qui plus est, ce groupe, qui représente un quart de la population adulte, trouve le candidat démocrate bien plus « empathique » que son adversaire républicain. Il est celui qui « partage le mieux leurs valeurs ». Ainsi, il sera bien difficile pour McCain d’augmenter le nombre de ses supporters parmi ces travailleurs blancs.
En réalité, les vrais décideurs de l’élection présidentielle seront les Noirs et les Latinos, qui, ensemble, sont un brin plus nombreux que ces ouvriers blancs. Ils représentent 25.5% des Américains. Prenons d’abord les Latinos, qui, en 2003, avec 37 millions de personnes ont dépassé les Noirs, à 36.1 millions, comme la minorité ethnique la plus importante des Etats-Unis (depuis, le nombre de Latinos augmente à un taux deux fois supérieur à celui des Noirs, pour atteindre aujourd’hui le nombre de 41.3 millions).
Lors de l’élection présidentielle de 2004, grâce à sa campagne très ciblée sur les intégristes, George W. Bush avait obtenu, selon les sondages à la sortie des urnes, 56% des voix des Latinos de confession protestante intégriste. Or, aujourd’hui, selon le très respecté sondage de la Fondation Pew publié le 27 juillet, McCain peine à rassembler 23% de ces Latinos intégristes, tandis qu’Obama, de son côté, connaît un véritable raz-de-marée parmi les Latinos catholiques, traditionnellement démocrates, avec 50 points de plus que McCain.
La différence entre le score de Bush il y a 4 ans et le manque de réussite aujourd’hui de John McCain chez les Latinos s’explique par le récent « flip-flop » du candidat républicain sur la question de l’immigration. En 2006 et 2007, il avait co-sponsorisé avec le Sénateur Teddy Kennedy un projet de réforme de la loi sur l’immigration visant à régulariser les 12 millions de sans-papiers aux Etats-Unis, pour la plupart Latinos. Or, à la base du Parti Républicain l’hystérie anti-immigrée est galopante, et c’est pourquoi McCain a renié pendant les primaires la réforme qui portait son nom, affirmant qu’il avait « reçu le message » et que si son propre projet était présenté à nouveau au Sénat il voterait contre ! Un opportunisme qui lui sera fatal pour ses relations avec les Latinos. En outre, si les discours de Bush pendant sa campagne présidentielle étaient truffés d’incantations religieuses, un moyen pour lui de plaire au Latinos (un groupe très croyant), McCain verbalise beaucoup moins sa foi. Obama, quant à lui, a très souvent déployé des bondieuseries dans ses discours, et s’est dit favorable à la régularisation des sans-papiers. Avantage Obama.
Quant aux Noirs, dans tous les sondages nationaux les plus fiables et les plus récents, Obama le métis recueille aujourd’hui 95% des votes des noirs, un taux sans précédent pour un candidat présidentiel démocrate contre « le parti d’Abraham Lincoln ». En effet, Obama a mis au cœur de sa stratégie électorale une campagne très offensive à destination des millions d’Africain-américains, plutôt sensibles au discours démocrate, mais qui n’ont pas participé aux élections, par cynisme ou par manque d’intérêt pour la politique.
Ainsi, cet été, Obama a lancé une campagne nationale pour encourager l’inscription des Noirs sur les listes électorales. Un effort déjà entamé lors des primaires, et pour lequel Obama a doublé le nombre de ses effectifs dédiés à cette tache (sans compter les 3000 bénévoles supplémentaires).
La raison de cette stratégie est simple. Accroître le taux de participation des Noirs en novembre pourrait bien garantir la victoire d’Obama dans des États où les démocrates ont perdu de très peu lors des élections précédentes. Ainsi, selon les calculs d’une étude du Washington Post publiée le 28 juillet, si Obama conservait le soutien de 95% des Noirs que lui accordent les sondages, il pourrait gagner l’État crucial de la Floride, mais cela sous réserve qu’il obtienne le même score que John Kerry en 2004 auprès des autres électeurs. Dans le Nevada, une augmentation de 8% du taux de participation de la population noire lui permettrait de l’emporter. De même pour l’Ohio, où le vote Noir sera déterminant pour le candidat démocrate. Un vote qui pourrait compenser une éventuelle perte de vitesse dans la classe ouvrière blanche, et permettrait ainsi d’éviter le revers des primaires dans cet État.
La stratégie d’Obama donne par ailleurs l’espoir aux démocrates de conquérir certains États sudistes, comme la Caroline du Nord, la Géorgie, le Mississipi, la Virginie et la Floride, où la concentration de Noirs est très forte. Si ces États ont d’abord été démocrates (après la guerre de sécession), la mise en application de la « stratégie sudiste » du président Nixon consistant à exploiter le racisme des blancs les avait en effet fait basculer dans le camp républicain.
L’équipe de McCain a beau injecter la question raciale dans la campagne, comme elle l’a fait la semaine dernière à la recherche des voix des blancs de la classe ouvrière en espérant rééditer l’exploit de la « stratégie sudiste », c’est une tactique à double-tranchant. Elle pourrait bien motiver les Noirs abstentionnistes à s’inscrire sur les listes électorales cette année et offrir ainsi une force motrice supplémentaire à la stratégie d’Obama. S’il gagne en novembre prochain, il sera sans doute élu grâce à la nouvelle aura des Noirs et des Latinos.
Lire et relire sur Bakchich :
Je n’y connais pas grand chose, mais il me semblait que ce n’était pas le peuple qui élisait le président, mais des super elcteurs…
http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89lection_pr%C3%A9sidentielle_aux_%C3%89tats-Unis_d’Am%C3%A9rique
Bref, qu’il y ait 70 ou 200 millions de Noirs, de Latinos, d’esquimaux, de musulmans ou de Témoins de Jeovah de la sainte église de la rédemption de sa mère, c’est surtout le choix du super électeur qui compte. Et lui, il est rarement noir, latinos ou esquimaux, etc…
"Je n’y connais pas grand chose, mais il me semblait que ce n’était pas le peuple qui élisait le président, mais des super elcteurs…"
En effet vous n’y connaissez pas grand chose, et on se demande bien pourquoi les électeurs américains sont appelés à voter à chaque élection. lol
Plus sérieusement, si Obama ne propose pas H.Clinton comme vice présidente il n’a absolument aucune chance d’être élu, et la seule vraie question que doit se poser l’équipe de campagne d’Obama (puisqu’on sait que le vote African american lui est acquis malgré ce qu’on voulu faire penser les médias en début de campagne des primaires) est de savoir si elle acceptera, et quoi lui "lâcher". Et là, c’est une autre histoire !
Jack
Des noirs !!!???? vous parlez de la couleur de peaux sans doute. vous définissez les gens en fonction de la couleur de leur peaux. Hummmm…. ça a un nom ça.
Eh oui ! vous faites comme les autre journalistes. Vous avez été dans les mêmes écoles de journalisme surement.
Hummm…. réfléchissons… cet article traite du vote des minorités pour les élections présidentielles aux US.
Il s’avère qu’il y a deux minorités principales aux US : les africains-américains et les hispaniques. Hors force est de constater que les africains-américains ont la peau…. noire.
Au fait, pourquoi ne pas s’insurger pour l’apellation "Latinos" ? aprés tout c’est aussi "péjoratif".
N’ayons pas peur des mots cet article n’est en rien raciste (pourquoi ne pas exprimer vos pensées clairement ?)ou péjoratif ou quoi que ce soit qui viserai à rabaisser la communauté africaine-américaine.
Notez d’ailleur qu’il y a une majuscule à Noirs dans le titre ce qui renforce mes propos.
Pourquoi quand DOUG nous parle d’ouvrier Blanc cela ne vous choque t il pas ?
Il faut savoir appeler un chat un chat, un Blanc un Blanc, un Latinos un Latinos et un Noir…. un Noir
CQFD