Les noms valsent pour remplacer Jean-Paul Cluzel, plus que jamais sur un siège éjectable à Radio France. Et comme un bonheur n’arrive jamais seul, le patron attend une mise en examen, entre autres douceurs judiciaires.
« Il y en a tout le temps des affaires comme ça ». Le service communication de la maison de la Radio a beau arrondir les angles, les effets de manche ne suffiront a priori pas à sauver Jean-Paul Cluzel. En effet, la juge d’instruction du tribunal de grande instance de Paris, Mme Zimmermann, a décidé de le convoquer pour une première comparution. Elle « envisage sa mise en examen » à l’issue de celle-ci le 25 mars prochain en sa qualité de « personne pénalement responsable de Radio France ». En cause : une affaire d’injures publiques entre salariés du Mouv’, la radio jeune et rock de la maison. Pendant un an, deux animateurs d’une émission dominicale avaient pour habitude d’insulter celui qui prenait l’antenne après eux. Personne au Mouv’ n’aurait stoppé les insultes dégradantes lancées en direct.
Pour solde de tout compte, les malotrus et l’insulté ont été remerciés, l’ancien responsable d’antenne, Vincent Vivien, « promu » à Belfort et l’ancien directeur, Stéphane Ramezi, a été nommé depuis directeur du pôle multimédia, l’un des pôles les plus importants du groupe. « Il n’y avait pas de lézard à l’antenne. C’était un jeu », tempère joliment Christine Berbudeau, la Directrice générale adjointe chargée de la communication.
Si l’issue de l’audience devant la juge d’instruction est encore incertaine, d’autres actions de justice intentées par d’anciens animateurs du Mouv’ et des techniciens de Radio France sont déjà dans les tuyaux. Deux audiences aux prud’hommes sont d’ores et déjà fixées. Elles auront lieu le 11 mars et le 27 avril prochain. « Un technicien et un animateur » du Mouv’ attaquent Radio France pour « licenciement abusif » et « discrimination ». « Ces audiences au civil sont distinctes des autres affaires pénales qui touchent l’antenne du Mouv’ de Toulouse », assure Me Messant (voir L’inspection du travail fouine dans les CDD du Mouv’ – Bakchich 19 décembre 2008), l’avocat des deux plaignants, ailleurs mandaté par la CGT, constituée partie civile dans l’usage abusif et illégal de CDD de grille. [1]. « Pour l’instant, le dossier est toujours en cours d’enquête. Je n’ai pas encore pris de décision sur le fond. J’ai demandé à la police judiciaire de diligenter une enquête préliminaire du point de vue technique. Si l’infraction est caractérisée, j’engagerais des poursuites pénales », confie le substitut du Procureur de Toulouse, M. Kern.
À Paris, cette enquête préliminaire est prise « très au sérieux ». « Nous avons répondu à toutes les questions », clame Mme Berbudeau. Un moindre mal lorsque l’on sait que le service des Ressources Humaines avait connaissance des risques encourus par le groupe radiophonique depuis… décembre 2007.
En effet, dans une lettre datée du 20 décembre, l’inspectrice du travail de Toulouse avait explicitement demandé la requalification des CDD en CDI au 2 janvier 2008 maximum, sous peine de se voir « contrainte de relever par procès-verbal l’infraction à l’article L 122-1 du code du travail », soit une amende de 3 750 euros par animateur concerné (il y en a sept) et de probables dommages intérêts calculés sur la base des années d’ancienneté et de la fréquence des émissions animées. Le premier animateur à avoir gagné avait touché, en 2007, 75 000 euros de dommages intérêts et de prime de licenciement alors qu’il animait deux émissions hebdomadaires pendant 6 ans. Si ces affaires aboutissent, l’enveloppe sera salée pour Radio France, « un service public censé montrer l’exemple ».
Non sans humour, Christine Berbudeau, admet aussi que si les poursuites pénales étaient engagées et le jugement confirmé, cela pourrait « induire un changement pour toutes les radios » et remettre les compteurs à zéro tant dans le public que dans le privé. En d’autres termes, l’utilisation des « contrats d’usage ou de grille » en radio, ces fameux contrats signés pour une durée déterminée, généralement le temps d’une saison (de septembre à juin) renouvelables à souhait et selon le bon vouloir des directions, serait définitivement exclue. En attendant de voir si les plaignants obtiennent gain de cause, les délégués du personnel paient leur tribut. Une série de tracts édités en février dernier l’atteste. En résumé, « un technicien du Mouv’, élu délégué du personnel, s’est vu signifier au cours d’une simple réunion technique, du jour au lendemain un changement d’affectation arbitraire. Est-ce parce qu’il a dénoncé des dysfonctionnements récurrents, les inégalités flagrantes… que la direction veut l’évincer ? » « Mais non », affirme, laconique, Mme Berbudeau.
Encore récemment, Jean-Paul Cluzel a averti ses troupes : « surtout on ne fait pas de vague, je suis en campagne ». Pas sûr que les procédures fassent partie se son programme de campagne, ni constituent de bons arguments électoraux. D’autant que désormais, tout dépend du Président de la République. Il ne s’agit plus d’élection, mais de nomination. Or d’après les initiés, l’actuel P-DG ne bénéficierait que de minces appuis politiques.
A lire ou relire sur Bakchich.info
[1] « Tout syndicat peut s’adjoindre à une procédure pénale lorsque la profession qu’elle représente subit un préjudice, ce qui donne une caution à l’action et surtout oblige le parquet à instruire la plainte », explique Me Bessant
Dans son rapport 2008 sur la diversité des médias, Le Club Averroes dénonce le fait que dans les radios, aussi bien publiques que privés, “les voix manquent de couleur”. Seul le groupe Radio France sort son épingle du jeu, puisqu’il est selon le rapport “le seul groupe de radios à avoir œuvré de manière structurante” sur la question de l’article 47 de la loi pour l’égalité des chances du 31 mars 2006. Ce dernier donne pouvoir au CSA de veiller à ce que la programmation des radios et des télévisions reflète la diversité de la société française.
(Source : Teleobs.com)
@Averroes
Réponse au club Averroes
Sachez tout d’abord que j’apprécie énormément les activités que vous menez visant à une meilleure compréhension et un rapprochement des deux rives de la Méditerranée. J’ai ainsi suivi avec beaucoup d’intérêt les débats et les compte rendus de vos activités diffusés sur France Culture
Au risque de vous contredire cependant mon propos ne se situait tout fait à ce niveau. Permettez-moi de préciser.
Concernant l’espace euro-méditerranéen, priorité du chef de l’Etat faut-il rappeler, je reproche a la haute direction de Radio France de n’avoir pas su, pu ou voulu mobiliser l’ensemble de l’arsenal à sa disposition.
Aux cotés de France Culture qui s’adresse vous en conviendrez a une certaine catégorie de la population, existent d’autres types de chaines de radio au sein de Radio France développant des contenus aux formats différents s’adressant a d’autres types d’auditeurs.
Comme vous le savez (ou peut-être pas me semble-t-il), l’ensemble des chaines du réseau Radio France vise ainsi à offrir une offre programmatique complémentaire dont le but est de desservir toutes les catégories de la population française.
Si France Culture a plutôt bien couvert les sujets sur l’espace euro méditerranée qu’en est-il des autres radios du groupe ? Par ailleurs et plus important encore n’y a-t-il pas matière à envisager plus qu’une simple couverture éditoriale dominée par l’actualité en regard des enjeux de fonds qui s’y rattachent ?
Or qu’ils s’agissent de France Inter, du Moove ou encore des locales urbaines de France Bleu pour ne citer que celles-ci, force est de constater que rien n’a été fait
Au sujet de ces dernières tout particulièrement, je pense notamment aux radios France Bleu du Sud de la France ou aux grandes locales urbaines à Lyon et à Paris rien a été fait en matière de jumelage, de partenariat, d’échanges de programme, de formation de personnel ou d’équipement numérique avec des radios de services publics au sud de la Méditerranée.
Puis-je à cet égard vous conseiller d’examiner ce que la BBC en dépit de la barrière de la langue a initié avec les radios du Maghreb ?
Donner une signification concrète et surtout populaire à cet espace euro-méditerranéen dont vous êtes parmi les promoteurs importants passe par les media vous en conviendrez mais surtout par les média populaires que sont les radios et tout particulièrement par celles s’adressant à toutes les couches de la population.
En dehors d’une couverture éditoriale de la part de France Culture, j’ai le regret d’affirmer que le bilan de Radio France autour cet espace euro-méditerranéen est inexistant.
Pire même, à mes yeux en tout cas, cela donne l’impression d’une cacophonie voire d’une contradiction entre la volonté politique pourtant exprimée au plus haut niveau (relayée également par de grands acteurs de la vie politique locale) et les décideurs des media de service public.
Concernant l’aménagement du territoire, mission première des media de service public, j’affirme là encore que la diversité sur le territoire a été laissée pour compte. Encore une fois, pour ne prendre qu’un seul exemple, la locale urbaine Radio France Bleu Ile de France censé desservir Paris et plusieurs banlieues a des cotes d’écoute tellement faibles qu’elles ne sont pas identifiée par Médiamétrie.
Enfin concernant la gestion du personnel, sur les plus de 200 cadres et directeur éditoriaux que comprend la maison de radio France aucun à l’exception d’une seule personne n’est issu de la diversité.
Lorsque vous faites l’addition ( ou la soustraction) de ces trois éléments, laissez moi vous dire alors que le bilan de Radio France en matière de diversité s’apparente à un désastre.
Mon propos n’est pas de culpabiliser tel ou un tel Président, ce déficit s’est amorcé, selon moi, il y a une vingtaine d’années.
Il y a bien eu récemment sur cette question quelques réactions ou promesses de la part des décideurs de Radio France comme cette journée récemment consacrée à la diversité sur l’ensemble des ondes de Radio France ou encore cette promesse de campagne de l’actuel président visant à donner une priorité à la diversité pour les prochaines années.
Reste que cette journée relève d’avantage selon moi de l’opération de relations publiques, (let them eat comme dirait Marie Antoinette), tout autant que cette promesse résonne comme un pénible aveux.
Maman de deux adolescents français aux origines libanaises et congolaises qui se destinent à la communication, je ne puis me satisfaire de voir cette question traiter de manière aussi grossière de la part d’un media de service public.
Pour reprendre le titre amusant de l’article, je suis partisante d’un grand coup de balais dans ce GOURBI.
Louise
Bravo pour cet article concernant le PDG de Radio France. Le chat sort du sac. Bravo également aux commentaires de Madame Chabani. Je suis educateur a Toulouse et je ne comprends pas pourquoi un telle absence de diversité dans cette grande maison. Comment pretendre etre un service public alors que son personnel et meme son contenu ne refletent pas la realité quotidienne de nos villes. Radio France est tout sauf un exemple en la matière de diversité. je ne comprends pas pourquoi une telle omerta de la part de son personnel. Pouvez vous enqueter la dessus ?
Franck
Je suis bien évidemment désolé des mésaventures de M Cluzel mais disons que je préfere m’attarder sur son bilan.
Qu’en est-il de l’engagement REEL de la société Radio France en termes de diversité ?
Qu’en est-il de la représentation la diversité au sein de la direction et de l’encadrement et tout particulièrement parmi celles et ceux qui portent la responsabilité éditoriale : directeur, rédacteur en chef, directeur des programmes et directeur musical ?
Et bien, tenez vous bien, sur plus de 200 personnes appartenant a cette catégorie au sein du réseau Radio France, il n’y aucune personne d’origine africaine, maghrébine, des DOM TOM ou asiatique. Soyons juste, en fait, il y en a une.
Qu’en est-il de la mission d’aménagement du territoire, mission première de Radio France rappelons le, si l’on examine les cotes d’écoute dans les banlieues ?
Prenons un seul exemple ; les cotes d’écoute de Radio France Bleu Ile de France c’est-à-dire, excusez du peu : Paris (75), Seine-et-Marne (77), Yvelines (78), Essonne (91), Hauts-de-Seine (92), Seine-Saint-Denis (93), Val-de-Marne (94), Val-d’Oise (95), s’avèrent tellement faibles qu’elles ne sont tout simplement pas identifiées par Médiamétrie
Qu’en est-il du rôle de Radio France en regard de la politique européenne et tout particulièrement du virage amorcé par M. Sarkozy en direction de l’espace euro-méditerranéen ?
Un fait d’évidence s’impose la encore, aucun jumelage, aucune politique d’échanges de programmes, aucun plan de formation n’a été mis en place entre notamment les locales du Sud de France Bleu et des radios du Maghreb à la faveur de cette politique pourtant voulue au plus haut sommet de l’état.
Quel regard portent les américains sur les media français et la diversité ?
Internews, une ONG américaine spécialisée dans les media a organisé a Paris, peu après les émeutes en banlieue, une rencontre entre journalistes français (y compris de service public), les éducateurs et certains émeutiers. Parmi les thèmes abordés : comment faire en sorte que les journalistes ne soient plus agressés lors des couvertures ? Comment communiquer ensemble ? Parmi les recommandations émises entres autres est ressortie la nécessité impérieuse d’accroitre la diversité en termes de personnel au sein des media. Une ONG américaine a fait cette recommandation en France même, bien avant l’arrivée d’Obama.
Voici en quelques faits incontestables, ce que j’estime être un portrait sommaire de la situation de Radio France en termes de diversité. Pas brillant vous en conviendrez.
j’ai eu l’occasion d’interpeller la Haute Direction de Radio France et n’ai obtenu aucune réponse probante jusque maintenant
Dans le cadre de sa campagne actuel M Cluzel prétend vouloir faire de la diversité une priorité de sa prochaine Présidence.
Pardonnez moi mais en tant qu’auditeur passionné par la notion de service public, je prefere que cette priorité a un autre Président moins dans le gourbi.
En vous remerciant
Louise