La voix et l’image de la France dans le monde n’ont pas de prix. Les patrons de l’audiovisuel extérieur français, France Monde pour les non initiés, ont le leur : un million d’euros pour Alain de Pouzilhac et Christine Ockrent.
La refonte de l’audiovisuel extérieur français, si subtilement baptisée AEF [1], n’inquiète pas que les salariés de RFI, France 24 ou TV5 et autres. Elle fait aussi grimper aux rideaux la très institutionnelle et d’habitude peu expressive Direction de développement des médias (DDM). Non que l’office gouvernemental s’inquiétât de la ligne éditoriale du futur ensemble ou du sort des salariés éjectés. La DDM est tout simplement tombée sur la fiche de paie de l’hydre à deux têtes de l’ensemble, la directrice générale Christine Ockrent et le président Alain de Pouzilhac : un million d’euros brut annuel avec les charges sociales pour les deux compères. Bon, dit comme ça, cela paraît gros.
Cela ne représente après tout qu’un salaire mensuel de 40 000 euros pour chacun d’eux. Mais le chiffre est toujours trop imposant pour ces gagne-petits fonctionnaires de la Direction de développement des médias, officine dépendant de Matignon, qui ont découvert le pot aux roses. Et ont été un peu éblouis. Diable ! Ignorent-ils que la voix et l’image de la France ont un prix ?
Dans l’administration qui gère désormais l’Audiovisuel extérieur de la France – Matignon et le ministère de la Culture, puisque le Quai d’Orsay se méfie du dossier et a oublié sa tutelle un soir au fond des bois sans témoins pour éviter le conflit d’intérêt entre Madame et Monsieur Kouchner/Ockrent – les petites mains ont été saisies du syndrome de la feuille d’impôt de Chaban. Et se sont mis à fuiter grave, les malheureux.
Initialement, décrivent doctement ces égarés de la fonction publique, la Reine Christine avait réclamé 60 000 euros mensuels nets pour consentir à diriger l’éditorial du nouveau pôle de l’Audiovisuel extérieur de la France. Un bel effort. Comme l’avaient révélés Le Point et Bakchich, pour 40 émissions annuelles de trois minutes sur France 24, dame Ockrent avait joliment négocié une obole de 120 000 euros nets. La prise de fonction dirigeante l’aura ainsi responsabilisée…
Publicitaire éjecté d’Havas par les soins de l’ami Yachtman du président Sarkozy, Vincent Bolloré (cf. Poupou et Bollo, une guerre de patron de presse), Alain de Pouzilhac ne pouvait pas faire moins. L’inventeur du slogan « un constructeur sort ses griffes », s’est gentiment ajusté sur les louables efforts budgétaires de la femme du ministre des Affaires étrangères.
Tant d’efforts peu récompensés. Aux courageux serrages de ceinture de « Poupou » et « Titine », fonctionnaires, députés et sénateurs récalcitrants opposent les dernières études tombées entre leurs mains. Au choix une somme de la cour des comptes sur l’audiovisuel extérieur, révélé par les Échos le 18 août dernier ou un rapport de la commission des finances de l’Assemblée nationale, daté du 22 juillet. Un monceau de 400 pages agrémenté de mots doux. « Conditions d’indexation généreuses » et « financement baroque » pour France 24. « une déficience stratégique d’ensemble, un pilotage défaillant, une dispersion des moyens, et un budget d’une obscure clarté », pour l’ensemble de l’audiovisuel public français. Au feu, les caisses sont déjà vides !
Et si le budget global de l’audiovisuel extérieur a sensiblement augmenté au cours des six dernières années de quelque 31%, tout a été englouti par la nouvelle et vorace venue France 24, née à la fin 2006, notent les fâcheux. Cher, très cher pour cette belle réalisation technique dont la mesure d’audience est pudiquement qualifié de « délicate » dans les différents rapports. Comprendre que le monde entier nous l’envie sans toutefois la regarder. Normal après tout. L’ambition de la chaîne, outre de poser « un regard français » sur l’actualité, est d’influencer les « leaders d’opinion », pas la plèbe…
Autant d’arguments reçus par les austères parlementaires et autres fonctionnaires comme des raisons de fuiter… Sans même considérer les nouveaux efforts de Poupou et Titine qui, leur petit million en poche, s’échinent à réaliser des économies « d’échelle », disent-ils en ces temps de bourse vide pour l’État.
Dans le cadre du rapprochement et, à terme, de la fusion entre France 24 et RFI, un plan social concernant quelque 400 personnes est, d’ores et déjà, prévu. Sont notamment dans le collimateur, les rédactions de langues qui font la richesse, l’expertise et l’intérêt de la Radio du monde. En attendant, quatre procédures de licenciements secs pour motifs disciplinaires sont en cours à RFI. Même chose à France 24, où le couple-couple veut s’attaquer « au scandale des trop gros salaires ». Une véritable déclaration aux malotrus qui s’offusquent de leurs émoluments et s’enquiert de la vide bourse de l’État… Sans effet.
Pourtant, avec de tels managers , plane autour de l’AEF une atmosphère de temps béni…
Lire ou relire dans Bakchich :
[1] également acronyme d’Afrique Équatoriale Française, gouvernement qui administrait les colonies d’Afrique centrale
si l’on regarde par le petit trou de la lorgnette, sachez que Poupou (au lit d’or) et Titine gagnent plus que M’sieur Obama … yes we can !!!
de plus, j’ai vu un article il y a environ 6 mois sur un graaaaaaaaaaaaand magazine signé Titine…. je n’ose meme pas imaginer combien elle a touché pour ce petit extra !!!!
A eux deux ils gagnent par mois le salaire d’un ingenieur du son en 1 an…. au fait, ils doivent licencier combien de personnes chez RFI ?? hein ??