Un strasbourgeois exilé en Roumanie a décidé de construire un complexe hôtelier de luxe dans la ville de Périprava sur les ruines d’un ancien goulag communiste de Nicolae Ceauşescu.
Depuis 1991, le Delta du Danube est inscrit au Patrimoine Mondial de l’Unesco. Il faut dire que l’endroit possède 300 espèces d’oiseaux et 45 de poissons d’après l’organisation. Rien d’étonnant alors à ce que Sylvain Remetter, ancien champion de pêche sportive, en soit tombé amoureux il y a sept ans. Devenu guide de pêche pour touristes en mal de sensations fortes, il a vite été repéré par trois frères originaires de Bucarest bien décidés à se faire du blé au milieu des roseaux.
Malins, ces trois hommes possèdent une concession d’’Etat sur un terrain situé à quelques mètres du petit village de Périprava. Là, à deux pas du fleuve et d’une magnifique réserve naturelle, se trouve un ancien goulag communiste qu’ils aimeraient bien exploiter malgré son sombre passé.
Bâti à la fin des années 50 par le dictateur Gheorghe Gheorghiu-Dej, ce camp est à peu de choses près l’équivalent d’un goulag soviétique. Des baraquements de prisonniers y sont construits tandis que les officiers de la police secrète dorment au chaud dans les maisons en brique. Sous Ceausescu, la prison accueille des prisonniers de droits communs qui se consacrent à l’agriculture. Quoi de plus logique, pour être dans l’ère du temps, se dit Sylvain Remetter, que d’y accueillir des vacanciers écolos ?
Il souhaite en effet bâtir sur ces tristes vestiges un paradis pour « amoureux de la nature ». Bien sûr, les amoureux en questions dormiront dans un hôtel 4 étoiles, et peu importe que des milices privés y aient dormi avant eux !
Toutefois, sur les bords du Delta, les habitants de Périprava ne sont pas tous enthousiasmés par cette idée commerciale. D’abord parce que la quantité de poisson dans l’eau a été divisée par deux entre 1993 et 2004 . Mais à cela, Sylvain répond par la pêche « no kill », une pratique qu’il revendique et qui consiste à pêcher un poisson sans le blesser puis à le remettre à l’eau après l’avoir pris en photo, évidemment.
De même, certaines associations d’anciens prisonniers du goulag ont protesté afin de protéger les mémoires des victimes de la dictature. Mais une fois encore, le promoteur français se défend en arguant une demande de subvention qu’il a effectuée auprès de l’Union européenne afin de construire un musée des atrocités commises à côté de l’hôtel . « Nous ne pouvons pas oublier ce qui s’est passé », précise-t-il.
Le goulag, pardon…l’hôtel ouvrira donc sans doute ses portes dans les prochaines années. Nicolas Hulot pourra à la fois y lire du Ionesco et pêcher du poisson sans culpabiliser.
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Une autre lecture : un écolo fait un énorme cadeau aux 3 crapules qui ont la concession du terrain.
On aurait pu dire : comme d’habitude … Chez nous, par exemple, les ecolos ont permis de faire cadeau à la grande distribution des fameux sacs qu’elle voulait économiser (ceux des caisses, mais surtout pas tous les autres dans les rayons parce que ceux-là, elle en a besoin pour le passage en caisse). Chez nous aussi, les écolos ont permis au contribuable de payer les différentes primes qui ont permis aux constructeurs automobiles de faire exploser les chiffres de leurs ventes et de leurs bénéfices. Chez nous enfin, les écologistes ont permis à Hulot et à Artus, qui sont aussi de grands talents des affaires, de se remplir les fouilles.
La Roumanie c’est loin, mais en ce qui concerne la grande distribution, on aurait pu exiger qu’elle supprime les emballages qui débordent de nos poubelles et qu’elle offre gratuitement des sacs biodégradables. On aurait pu favoriser le dévelopement de la vente des véhicules électriques en créant un réseau de bornes permettant de recharger leurs batteries. Chez nous enfin, on aurait pu chercher à déveloper vraiment une agriculture respectueuse de l’environnement au lieu de continuer à financer l’arrosage du maïs.
Est-il vraiment certain que ce sont les écologistes qui soutiennent le mieux le combat écologiste ? Il vaudrait mieux y penser sérieusement en mettant son bulletin dans l’urne, dans quelques semaines.
C’est sûr que le goulag ne brille guère dans l’image d’Epinal généralement consacrée aux « paradis communistes » et j’imagine qu’il en va de même pour la Roumanie qui a emprunté aux frères Bolchevicks cet héritage de la période tsariste … Mais, si le lieu dont vous parlez a bien été transformé en prison sous Ceausescu (accueillant des condamnés de droit commun), je comprends assez mal quand il a pu être gardé par « des milices privées » …
Et quand bien même ! Des prisons transformées en hôtel de luxe, ça se rencontre partout - même en France - et il semble bien que ça ne choque personne. Est-il indispensable, parce qu’il s’agit de la Roumanie, de s’autoriser ce genre d’article qui relève finalement beaucoup plus de la xénophobie que de la réelle défense du patrimoine écologique de la planète ?