Les déchets toxiques déversés sur le port d’Abidjan ont été rapatriés en France. Toujours ça de pris pour l’hexagone, dont la diplomatie n’en finit plus de se noyer dans le marécage ivoirien.
Les déchets toxiques déversés sur le port d’Abidjan ont été rapatriés en France. Toujours ça de pris pour l’hexagone, dont la diplomatie n’en finit plus de se noyer dans la marécage ivorien.
Princesse Brigitte, Brigitte Girardin dans le civil et ministre de la coopération dans la fonction, s’est donnée bien du mal après le camouflet infligé à la France par l’Onu. En retoquant la résolution française sur la Côte d’Ivoire avant d’en adopter une allégée, le conseil de sécurité a mouché les affaires étrangères, désespéré Chirac et ravi son cauchemar africain, « Laurent Gbagbo ».
L’enquête sur le bombardement du camp français de Bouaké s’enlise en France. Les pilotes-mercenaires biélorusses qui ont lâché les bombes ne seront pas inculpés par la justice française. Et Robert Montoya, fournisseur du matériel qui servit lors de l’opération n’est pas non plus inquiété par les juges tricolores. Côté ivoirien, Marcel Gossio, directeur général du port, suspendu après l’affaire des déchets toxiques, coule de paisibles vacances… en attendant sa réintégration. Tranquilles les deux lascars savent qu’ils en connaissent un peu trop sur la Côte d’Ivoire, la crise et les relations avec la France, pour être inquiétés. « Trop de cadavres entre eux et les autorités », résume-t-on dans les chancelleries.
Histoire de sauver la face, dame Brigitte a bien essayé la méthode de son chef, Douste-Blazy : « être présent dans les médias ». Mais les coups de fil au Monde, au Figaro, à Europe 1 et à RTL pour expliquer que la France avait eu ce qu’elle voulait –un affaiblissement de Laurent Gbagbo- et que si si, la décision du conseil de sécurité l’a satisfaite, n’ont pas suffi. Seul le Parisien a daigné ouvrir ses pages à la papesse de la Francophonie. « La France échoue à imposer ses vues en Côte d’Ivoire » (3/11), a même osé titrer le Figaro.
Du côté ivoirien, Laurent Gbagbo n’a pas caché sa satisfaction de voir la France humiliée… et sa volonté de traiter la résolution onusienne aussi bien que les accords de paix de Marcoussis. En se drapant dans la suprématie de la constitution ivoirienne sur tout autre texte. Pas question, donc, de laisser la haute main sur les nominations militaires à son Premier ministre Charles Konan Banny. Le chef de l’État major de l’armée ivoirienne a réaffirmé son soutien au président Gbagbo. Et CKB n’est pas connu pour être un va-t-en guerre. S’il assure qu’« il assumera pleinement la mission que lui a confiée l’Onu », celui que les ultras gbagbistes appellent le « Français » se contentera des affaires courantes, tout en donnant le change. Après tout quel intérêt pour lui ? Il ne peut se présenter aux prochaines, et hypothétiques élections présidentielles.
Seul petit crainte de Laurent Gbagbo, l’arrivée d’une escadrille barbouzarde, téléguidée par Paris. Un brin parano comme scénario. N’empêche, « le Boulanger » d’Abidjan a de nouveau sollicité les conseils de Robert Montoya. L’ancien gendarme de l’Elysée, reconverti dans la vente de matériels militaires en Afrique. Du bon matos, qui a déjà fait ses preuves lors du bombardement du camp français de Bouaké…