Adoncques : le nom de Julien Dray, « socialiste » sécuritaire de niveau 9 sur l’échelle d’Alain Bauer et fameux collectionneur de montres chères, apparaît dans une affaire d’« abus de confiance », où se trouve également impliquée la FIDL, fédération lycéenne spécialisée dans l’élevage intensif de manuelvalls [1].
Cette affaire, où le (courageux) procureur de la République de Paris s’empresse de confirmer qu’il soupçonne quelques « détournements de fonds commis à des fins apparemment personnelles », et qui mouille, répétons-le, un « socialiste » et une fédération de lycéen(ne)s, éclate le jour même où Xavier Darcos, ministre de l’Éducation nationale, proclame (crânement), comme fait la droite à chaque fois que des moins de vingt ans défilent dans les rues, et du ton qu’il prendrait pour annoncer le franchissement de la Meuse par les rouges divisions de chars du Pacte de Varsovie, que le mouvement lycéen est manipulé par l’extrême gauche, « et que le Parti socialiste a voulu s’en faire le récupérateur principal ».
De sorte que Le Figaro, qui est à l’union sarkozyque (toutes choses égales par ailleurs, mais de jour en jour plus nettement) ce que la Правда fut à l’Union soviétique, peut hurler, dans un même numéro, que Julien Dray se trouve « soupçonné d’abus de confiance », qu’un « syndicat lycéen » est « au coeur de l’affaire », et que par conséquent « Darcos » n’a sans doute pas tout à fait tort quand il « accuse la gauche de chercher à récupérer les lycéens »- puisqu’on vient de vous dire qu’il y a des liens étroits et financiers entre le P« S » et quelques lycéen(ne)s, merde alors, mâme Dupont, c’est pas une preuve, ça ?
(Nos juges disent la même chose que notre Xavier Darcos, mâme Dupont, que vous faut-il de plus pour être convaincue ?)
Naturellement : c’est pure coïncidence.
C’est l’un de ces hasards dont un vieux dicton berrichon affirme, non sans raison, qu’ils font bien les choses, et qu’ils font bien aussi les affaires du régime.
Naturellement : il faudrait avoir mauvais fond, pour observer que la justice, en toute indépendance, fait preuve de beaucoup (beaucoup, beaucoup) plus d’empressement, dans la résolution de l’affaire Julien Dray, qu’elle n’en met dans l’instruction des malversations de l’UIMM - ou de l’affaire qui vaut à André Santini, du gouvernement Fillon, une mise en examen pour « détournement de fonds publics, faux et prise illégale d’intérêt ».
Naturellement : je fais confiance à la justice de mon pays.
Je ne suppose pas une seconde qu’elle puisse être sous influence.
Je refuse de voir derrière le choix dans la date du lancement médiatique de l’affaire Julien Dray la main invisible du régime : on est en démocratie, oui ?
Ou merde ?
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Dray, Calife à la place du Calife
[1] De même : l’ex-« trotskiste » reconverti rue de Solférino en meilleur ami de la police, aurait dit-on reçu, en conséquent partisan du libéralisme débridé, quelque argent de sociétés privées. Fort heureusement : l’avocat de Julien Dray, qui est aussi l’avocat de Charles Pasqua, soutient que « des justificatifs seront fournis ».
Que ça tombe au bon moment, c’est évident. On peut se souvenir au moment de la privatisation d’EDF de la sortie opportune d’une affaire concernant la CGT d’EDF… La justice est indépendante dans notre pays, n’est-ce pas !
Mais croire que ça aura une efficacité pour le gouvernement est une erreur, la FIDL ne reprèsente pas grand chose, à part une école de formation pour le PS, ça fait longtemps que les lycéens ont appris à se passer de ces organisations fantômes (FIDL et UNL) et à gérer eux-mêmes leur lutte. Qu’ils continuent, dommage que le monde du travail ne prenne pas exemple sur eux.