Julien Dray en a marre de jouer les éminences grises. Il veut maintenant devenir le patron du PS
Il y pense, et pas qu’en se rasant. Julien Dray se verrait bien Calife à la place du Calife. Entendez premier secrétaire du PS en remplacement de François Hollande. Depuis quelques jours, les lieutenants de Juju testent discrètement l’idée dans les couloirs de la rue de Solférino et du groupe socialiste à l’Assemblée nationale. Point fort de l’argumentation : l’extrême-gauche marque des points dans l’électorat socialiste et menace l’existence même du parti ; il n’y a qu’un ancien trotskyste – Dray a fait ses classes à la LCR - qui puisse endiguer la surenchère du très envahissant trotskyste Besancenot.
Les mêmes zélateurs expliquent que la candidature de leur patron est la seule qui préserve l’unité du parti, déjà sérieusement effiloché sur sa droite par les ralliements à Nicolas Sarkozy. Car c’est maintenant le flanc gauche qui se lézarde. Lassé de ferrailler contre les éléphants, le sénateur Jean-Luc Mélenchon et ses amis de « Pour une république sociale » envisagent très sérieusement d’aller faire éclore les roses ailleurs. Sauf si… Julien Dray prend la direction du PS (voir vidéo ci-dessous).
Dernier argument avancé par les missi dominici du candidat, Dray n’a aucune ambition présidentielle. Tous ceux qui, au sein du PS, se voient un destin national – et ils sont nombreux par les temps qui courent, si, si… – n’ont, par conséquent, rien à craindre.
Bref, Juju est le candidat idéal. Question programme, chacun est sûr de s’y retrouver. Le député de l’Essonne est en effet partisan d’une gauche Arc-en-ciel qui va de José Bové à François Bayrou. Difficile de faire mieux, sauf à inclure Nicolas Sarkozy…
Un positionnement dont les téléspectateurs de « À vous de juger », l’autre soir sur France 2, ont pu découvrir un avant-goût. Tout au long de l’émission, Dray n’a cessé d’expliquer qu’il n’y avait qu’une seule gauche, englobant bien sûr Olivier Besancenot qui était également présent sur le plateau. La « radicalité » de l’ancien conseiller de Ségolène Royal n’aurait rien à envier à celle du porte –parole de la LCR. La ligne de partage passerait entre ceux qui se contentent de « témoigner » devant l’histoire – la LCR – et ceux qui, comme le député de l’Essonne, se confrontent au réel. Dray était tellement sûr de son fait qu’il n’a pas hésité à distribuer un poste au facteur dans son futur gouvernement Arc-en ciel ! Besancenot en est resté comme deux ronds de flan.
Mercredi soir, à Sciences po, Juju, qui débattait devant les étudiants avec Jean-Luc Mélenchon, a été encore plus explicite : « La crise du PS se réduit à la crise de sa direction, a-t-il martelé. Il est temps de balayer les éléphants et de construire une nouvelle direction. »
Si l’éminence grise de Ségolène Royal sort ainsi du bois, c’est parce qu’il est fermement décidé à ne pas répéter les erreurs de la campagne présidentielle. A l’entendre, - et, surtout, à lire son dernier bouquin Règlements de comptes [1] – Ségolène Royal s’est plantée, parce qu’elle a trop écouté François Rebsamen et Jean-Louis Bianco, ses directeurs de campagne et pas assez Julien. Un Julien en quelque sorte victime de sa modestie, puisque c’est volontairement qu’il serait resté dans l’ombre. A quoi tiennent les grands destins…
Notre stratège entend jouer désormais les premiers rôles. Et pour qu’on comprenne bien que les choses ont changé, il a publiquement invité, la semaine dernière, son ancienne égérie, Ségolène, à ne pas briguer la direction du PS « car cela risquerait de rouvrir une sorte de confrontation entre deux ou trois personnalités ».
Mieux, il négocie déjà son soutien pour 2012 : « Peut-être qu’il faut que se constitue une direction du Parti socialiste, a-t-il renchéri dans la même déclaration, avec une nouvelle génération qui ait pour mandat de préparer les conditions d’(une) primaire au sein de toute la gauche pour choisir un candidat unique à la prochaine élection présidentielle ». En clair, laisse-moi prendre le parti et je t’aiderai – peut-être ! - à prendre l’Élysée.
Dray se donne encore quelques semaines pour compter ses partisans. S’il se décide à y aller, l’offensive devrait débuter avant les élections municipales.
[1] Hachette Littératures
Julien Dray a joué les instigateurs et n’a fait que mettre la m*** et nous y mettre pour 5 ans !!!
C’est quoi ces réunions secrètes du PS, ils comptent encore la jouer comme si le PS leur appartenait en oubliant que sans nos voix ils que tchi ?
Ils sont toujours dans leurs manigeances, à la recherche de leur petit pouvoir personnel, plutôt que de rénover, donc aux municipales le PS peut se gratter pour avoir ma voix !
http://www.marianne2.fr/Royal-et-Delanoe-font-l-union-sacree-contre-eux- !_a82931.html ?preaction=nl&id=2938833&idnl=25352&
Royal et Delanoë font l’union sacrée… contre eux ! Strauss-kahniens, fabiusiens, orphelins de Jospin, ex-hollandais et indépendants se sont réunis clandestinement dimanche, au Sénat. Programme commun : barrer la route à l’ex-candidate et au Maire de Paris et favoriser le débat d’idées.
Sacré PS ! Qui eut cru que des adversaires idéologiques aussi patents que les strausskahniens et les fabiusiens communieraient bientôt au cours d’une réunion « confidentielle » organisée dimanche 13 janvier 2007 au Sénat ? Qui aurait pensé que ces deux tendances seraient rejointes par des orphelins du jospinisme, comme Martine Aubry, Jean-Marie Le Guen, des « indépendants » venus du NPS comme Benoît Hamon ou Arnaud Montebourg, et, dans la salle, Razzye Hammadi ou encore Fayçal Douhane ? Et ça ne s’arrête pas là : alors que la réunion s’ouvre dans une salle à moitié pleine, devant un parterre d’une petite centaine de militants, on signale que le premier fédéral du Nord, Serge Janquin et la secrétaire nationale Marisol Touraine, absents pour cause de campagne municipale, assurent l’assemblée de leur soutien.
La grande famille des orphelins Ambiance maquisarde. En fait, en cette fin de règne de François Hollande, entre Fabius « sage actif » et DSK absent de la vie politique pour cause de FMI, tous sont un peu orphelins. Chacun fustige la « crise de la gauche », se flagelle sur les divisions qui laissent un boulevard à Nicolas Sarkozy… Mais, après un an passé à soutenir une candidate à contre-cœur, éléphants et jeunes lions ne veulent pas se faire avoir une nouvelle fois. Finis les calculs subtils et les stratégies d’alliance à cinq bandes, la surmédiatisation de la candidate et du maire de Paris marginalisent les courants traditionnels du parti et font bouger les lignes idéologiques. « Il ne faut pas que nous apparaissions comme un front du refus contre Bertrand Delanoë ou Ségolène Royal », prévient Benoît Hamon. Pourtant, ça y ressemble quand même beaucoup.
Un congrès, des primaires A quelques mois du Congrès du PS, le premier objectif de cette union sacrée des concurrents d’hier est d’éviter à tout prix que le prochain Premier secrétaire ne soit l’un des candidats potentiels pour 2012. On s’accorde sur l’importance d’organiser des primaires en 2010, de façon à éviter la présidentialisation du Parti. Et d’ici-là, on veut mettre en place des groupes de travail qui permettront de défendre un projet commun lors du Congrès de 2008. Le mot d’ordre : « ni synthèse molle, ni querelles meurtrières ». Henry Weber et Alain Bergougnoux ont préparé quelques documents. « Il va falloir travailler », tempête Weber. Son diagnostic est d’une lucidité acide : le PS, comme machine à faire élire ses candidats aux élections locales, marche encore, mais son « fonctionnement programmatique » est en panne. Après l’amer constat, tout reste à faire pour ces contestataires. Difficulté supplémentaire, les points de divergences ne manquent pas, à commencer par les positions des uns et des autres sur le référendum européen… Malgré leur volonté d’union, nonistes et ouistes présents à la tribune campent sur leurs positions. Les premiers voteront à Versailles pour exiger un référendum, quand les second s’asbtiendront.
La « carpe et le lapin » unis contre la Madone ? D’où le scepticisme qui se sent dans la salle même du Sénat : « C’est quand même le mariage de la carpe et du lapin », lâche carrément un militant pour qualifier cette réunion. Un autre met le doigt là où ça fait mal : il faudra bien que ces nouveaux alliés se choisissent un leader après les municipales… mais qui ? Ce pacs de raison survivra-t-il aux ambitions des uns et des divergences des autres ? Prudente, Martine Aubry conseille à ce mouvement naissant de ne pas sortir de l’ombre avant d’avoir mis ses idées au clair : « on ne va pas s’appeler les rénovateurs ou je ne sais quoi, on a vu trop souvent des groupes comme ça qui se donnaient un nom et ne duraient pas six mois ». Même si la remontée de Ségolène Royal dans les sondages et sur la scène médiatique les inquiète, ces socialistes-là sont prêts à prendre le temps de la réflexion.