Gaston aurait fait des émules aux Etats-Unis tant la gaffe est un sport national. La dernière en date, c’est Silvio Berlusconi qui en fait les frais. Rien de faux rassurez-vous mais il n’y a que la vérité qui fâche. Surtout quand le copyright est signé de la Maison-Blanche.
Après la gaffe de la Maison-Blanche qui a publié par erreur un portrait déplorable de Silvio Berlusconi dans un dossier de presse, on apprend qu’en 2006, la même Maison-Blanche a accidentellement balancé à un média français le plan de vol ultra-secret de l’avion de Bush père envoyé en mission par l’ONU au Pakistan.
Tout est bien qui finit bien mais on n’est pas passé loin de l’incident diplomatique. Comme l’a révélé le quotidien italien Le Corriere della Sera, la Maison-Blanche a commis une énorme boulette à l’occasion du G8 qui se tient au Japon. Dans un dossier de presse distribué aux journalistes, on pouvait découvrir une biographie de Silvio Berlusconi à tomber les quatre fers en l’air. Au menu des réjouissances, cette phrase bien peu diplomatique : « Le chef du gouvernement italien est l’un des dirigeants les plus controversés dans l’histoire d’un pays connu pour la corruption et les malversations de son gouvernement ». Mais aussi que Berlusconi était « un dilettante en politique qui ne doit ses hautes fonctions qu’à son influence considérable sur les médias » ! Bien entendu, un porte-parole de la Maison-Blanche s’est empressé de présenter de plates excuses publiques au Cavaliere et d’expliquer que cette malheureuse biographie avait été piquée sur Internet et non relue avant que le dossier de presse ne soit imprimé.
Si cette boulette de la Maison-Blanche montre l’amateurisme de certains membres de son personnel, c’est loin d’être une première. Inédite, cette énorme gaffe est, elle, survenue en janvier 2006, après le tremblement de terre dans le nord-ouest du Pakistan qui a tué au moins 73 000 personnes et en a blessé des dizaines de milliers en octobre 2005. Cette fois, elle a été commise par ceux qui assurent la sécurité de l’actuel président américain et de sa famille, dont celle de Bush père qui continue de remplir des missions pour son pays, voire pour l’ONU ou d’autres institutions internationales.
À la suite du tremblement de terre, Bush père a été nommé « Envoyé spécial du secrétaire général de l’ONU » à l’époque de Kofi Annan. Le Pakistan réussissant l’exploit d’être à la fois un allié essentiel des États-Unis dans leur « guerre contre le terrorisme » et d’être un foyer de mouvements djihadistes, il allait de soi qu’un déplacement sur place du père du président américain devait être entouré d’un maximum de précautions. Le Pakistan est tout de même réputé abriter toutes sortes d’extrémistes aussi barbus que farouchement anti-américains et dont le zèle s’est exacerbé depuis l’intervention des États-unis en Afghanistan dès 2001 et en Irak depuis 2003.
Parmi les précautions élémentaires de sécurité à prendre, figurait le secret absolu du plan de vol de l’avion transportant Bush père ainsi qu’une stricte confidentialité sur sa date d’arrivée à Islamabad. Il était tout aussi inutile d’ébruiter que Bush père allait bénéficier de l’hospitalité d’un de ses riches amis, actionnaire comme lui du fonds d’investissements américain Carlyle, et propriétaire d’un Boeing 737 aménagé VIP long courrier.
Las, il n’en fût rien ! Au lieu d’avertir par e-mail l’équipage de l’avion de la date et de l’aéroport américain d’où M. Bush souhaitait embarquer pour le Pakistan, le message ainsi que le plan de vol ont été envoyés par erreur à un journaliste français de la radio RTL dont l’adresse e-mail était aussi enregistrée sur la messagerie du secrétariat de M. Bush. Surpris de ne pas voir arriver de confirmation, ledit secrétariat a envoyé un second mail, au bon destinataire cette fois. Par acquis de conscience, l’équipage de l’avion a signalé ne jamais avoir reçu le premier message. Qu’importe ! Le plan de vol n’a en rien été modifié et Bush père est arrivé comme prévu à Islamabad le 16 janvier 2006, où une foule de manifestants hostiles l’attendaient, ce qui n’aurait pu se produire si sa date d’arrivée était restée secrète.
Pire encore, l’équipage de l’avion de l’ancien président a constaté sur place qu’aucune surveillance particulière n’avait été prévue pour assurer la sécurité de l’appareil stationné sur un parking de l’aéroport d’Islamabad accessible au tout venant pendant la semaine du séjour pakistanais de Bush père. Au moment du départ, c’est même l’équipage qui a dû vérifier, sans en avoir les compétences, qu’aucun sabotage de l’appareil n’avait été commis ! Tant de négligences laissent pantois, surtout quand on connaît les contraintes infligées aux voyageurs qui se rendent aux États-Unis (passeport biométrique et tutti quanti… ) par les autorités américaines.
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