Nicolas Sarkozy doit présenter ce mardi la nouvelle politique de défense de la France. Parmi les nouvelles priorités, le développement des capacités de renseignement. Mais les services sont pour l’instant toujours sous les ordres de Pierre Brochand qui, de l’aveu de tous, n’est pas fait pour le job.
Comme Bakchich l’avait raconté dans un précédent numéro, le patron de la DGSE, Pierre Brochand, nommé à l’époque par Jacques Chirac, n’est pas pressé de prendre la porte. Et on le surprend régulièrement à rendre visite à l’Élysée, par une porte dérobée, pour justifier la confiance que le nouveau chef de l’État semble lui accorder, malgré l’état d’apesanteur où se trouvent nos barbouzes. Plusieurs articles de presse – entre autres le Canard Enchainé et Bakchich – ont annoncé que le successeur probable de monsieur Brochand pourrait être Bruno Joubert, en charge de la cellule Afrique à l’Elysée.
Ce pronostic n’a guère fait plaisir aux gradés du ministère de la Défense. Lesquels espèrent enfin récupérer pour eux le poste prestigieux de patron des services français qui a été attribué, ces dernières années, à un diplomate, de Jean-Claude Cousseran à Pierre Brochand. Comme l’armée doit, par ces temps de rigueur budgétaire, avaler quelques couleuvres, la succession de Brochand attribué à l’un des leurs pourrait être un petit lot de compensation. L’actuel numéro deux de la maison, le général quatre étoiles Ract-Madoux, un militaire sans grand relief selon certains, y pense nuit et jour.
En attendant une hypothétique reprise en mains, quelques apparatchiks tiennent la maison. Il s’agit de l’énarque André Le Mer, qui a survécu à tous les bouleversements de ces dernières années et occupe le poste envié de directeur du renseignement. Et tout le monde a oublié que cet ancien sous préfet à Lourdes fut protégé par Hervé Gaymard, l’éphèmère ministre des Finances adepte des beaux appartements, chouchou de Chirac et à ce titre pas franchement en odeur de sainteté chez les sarkozistes. On murmure, boulevard Mortier, que l’adjoint de Le Mer, Patrick Perrichon, est devenu l’homme fort des services français. « De lui, dit-on, il n’y a rien à dire, c’est le trou noir ». Et nos espions sont dans le brouillard !