À quelques jours des JO de Pékin, le président Hu Jintao réclame des « Jeux Olympiques non politisés » et des médias « objectifs ». A l’image sans doute de l’agence Chine Nouvelle, vitrine médiatique de l’Empire du milieu, qui n’a jamais été aussi présente sur la Toile et à l’extérieur du pays.
Article paru le 20 avril :
Cousine éloignée de l’AFP, pâle copie de la BBC, l’agence de presse officielle Xinhua, connue en français sous le nom de « Chine nouvelle » pratique l’information comme la désinformation et ses bureaux à l’étranger se révèlent de vrais nids d’espions quand ils ne servent pas de structures diplomatiques parallèles.
Omniprésente sur Internet dès que l’on cherche une information sur la Chine, l’agence de presse Xinhua est bien plus qu’un média. Érigée en agence de presse officielle du pays dès 1949, lors de la création de la République Populaire de Chine (RPC), elle est la jolie vitrine officielle du régime de Pékin. C’est à elle que revient l’honneur d’informer sur l’Empire du Milieu, que ce soit en Chine ou à l’étranger. À tâche de titan, moyens de folie. Et pour cause… Si Xinhua est économiquement indépendante du pouvoir central, elle est sous la coupe directe du département de la propagande du comité central du Parti communiste ainsi que du ministère de l’Information. Ce qui en dit long sur son rôle stratégique.
Basée sur l’avenue Xuanwumen, à Pékin, Xinhua compte environ 20 000 salariés (journalistes, correspondants, administrateurs, techniciens en tout genre…) répartis entre le siège, 31 bureaux provinciaux, cinq bureaux régionaux (Asie, Europe, Amérique Latine, Afrique, Moyen-Orient), les deux départements de rédaction basés à New York et Moscou ainsi que de nombreuses représentations à l’étranger, dont Paris bien entendu.
Xinhua diffuse en sept langues : chinois, français, anglais, espagnol, arabe, russe, japonais et portugais. L’existence de la section en langue chinoise peut sembler superflue mais elle constitue en réalité un maillon essentiel dans le dispositif de propagande visant la diaspora chinoise. Contrairement aux assertions du truculent site web de l’ambassade de Chine en France, c’est en effet là que sont concoctés les journaux chinois publiés à l’étranger comme Nouvelles d’Europe, qui est distribué en… Europe !
Autre spécificité de Xinhua : la présence d’une quinzaine « d’experts » étrangers de toutes les nationalités qui rédigent les articles concernant l’international. Journalistes de formation, pour la plupart ne parlant pas le chinois, ils sont la « caution » morale de l’agence. En effet, on ne peut pas dire que Xinhua fait de la propagande puisque ces dépêches sont « écrites » par des étrangers qui plus est des professionnels des médias.
Sans surprise, les nombreux bureaux de Xinhua se révèlent autant de planques pour les espions chinois. Selon Roger Faligot, auteur d’un tout récent ouvrage sur les services secrets chinois (Nouveau Monde Éditions), l’agence joue dès sa création « un rôle important dans la collecte du renseignement international », notamment en publiant en interne deux fois par semaine une revue « fondée sur des articles de reporters autour du monde qui ne seront jamais publiés ». De la même façon, Xinhua se verra accusée en juin 2000 d’avoir voulu espionner le Pentagone, à Washington, via l’achat d’un bâtiment adjacent.
Décidément multi-fonctions, les représentations à l’étranger de Xinhua peuvent aussi servir occasionnellement d’arrière-boutiques diplomatiques. Ainsi, le siège de l’agence à Hong Kong a été le consulat non-officiel de la RPC tout le temps où le territoire se trouvait sous domination anglaise. Roger Faligot va même jusqu’à la définir de « gouvernement fantôme de la Chine » puisque le directeur de l’agence à Hong Kong était « le représentant des services de renseignement jusqu’à la rétrocession de la colonie à la Chine en 1997. »
Bien normal, le journaliste se doit d’être un touche-à-tout.
Lire ou relire sur Bakchich :
Je suis un peu atterré de voir les attaques souvent réactionnaires des lecteurs contre Bakchich. Oui nos journaux occidentaux ont aussi des biais partisans ! Oui certains media sont carrément acoquinés avec des industriels, des financiers et/ou des politiques.
Mais il y a une différence fondamentale entre propagande et biais.
Par ailleurs, et c’est cette confusion simpliste qui me dérange le plus : vous faites l’amalgame entre chinois (les personnes chinoises) et le gouvernement chinois. Anti-chinois, bakchich ? si vous avez vu cela, montrez-le moi ! Anti-gouvernement-chinois, bakchich ? là, oui ! Mais à raison !
Sortez un peu la tête de vos occidentales fesses degoulinamment gauchistes ! Vous vous posez en défenseur de la veuve et de l’orphelin au sujet de la Chine ? Votre compréhension semble bien limitée pour que vous en ayez la moindre légitimité. Essayez d’abord de comprendre les articles que vous fustigez avant de prendre la parole !
Est-ce que vous vous rendez compte de ce que vous écrivez ?
Vous êtes trop jeunes pour comprendre que votre article est aussi ridicule qu’un article d’un journal américain parlant des Russes à l’époque Mac Carthy !
Balayez devant votre porte et parlez nous donc un peu de vos contacts étroits avec les "services" français !
Quand à Roger Faligot, il est très controversé, c’est le moins qu’on puisse dire. Une grande partie de ses informations fantaisistes provient de la secte Falun Gong qu’on surnomme la "scientologie chinoise" et qui est financée par les Etats-Unis via la NED/CIA etc…
Parce que les médias occidentaux sont bien connus pour leur indépendance ! Entre être contrôlés par des puissances financières privées ou le gouvernement chinois, franchement on ne sait que choisir. Je suggère que RSF lance une grande campagne pour libérer les journalistes du joude la finance privée !
En surfant sur internet, toutefois, ce que j’ai remarqué c’est qu’en lisant Ria Novosti et Xinhua on en sait bien plus sur le monde que les versions uniformes et prémachées de l’actualité internationale que se repasse l’ensemble des médias occidentaux, et qui sont d’un parti pris dégoutant : ça sent le libéral-impérialisme britannique à plein nez (tibet, zimbabwe, iran, soudan, etc.)
Vous parlez d’indépendance des média. En effet peu de nos media francais sont indépendants. Mais concernant la Chine et Chine Nouvelle, le débat se situe à un autre niveau : Chine Nouvelle est directement un outil de propagande que manie le PCC.
Chaque article publié dans ce journal (comme les autres journaux chinois depuis environ 2 ans si je ne m’abuse) doit être préalablement autorisé par les instances du PCC, quand il n’est pas directement commandité par le parti unique (what else ?).
Quand je vois la quantité de Francais qui sont suffisamment "bovins" (excusez le terme) pour se faire duper par une politique francaise avec de grosses ficelles, j’ai peur que de nombreux chinois tombent effectivement dans le piège de la feuille de chou propagandiste et croient dur comme fer que leur gouvernement est respectueux des citoyens. Aujourd’hui et pour longtemps encore, les chinois sont à la Chine ce que les oeufs sont à l’omelette : on ne fait pas d’omelette sans casser des oeufs.
Les Chinois sont les premiers parmi 24 autres nationalités, à afficher la plus grande satisfaction des directions suivies par leur pays et la situation de leur économie, selon une enquête du Pew Research Center
Quatre-vingt-six pour-cent des Chinois se disent satisfaits de la direction prise par leur pays, et 82% sont contents de la situation économique. Lors d’une précédente enquête en 2002, les chiffres étaient respectivement de 48 et 52%. Avec de tels résultats, les Chinois sont ceux qui sont les plus fier de leur pays, loin devant les Australiens (61%) et les Russes (54%).
http://www.radio86.fr/la-chine-en-profondeur/lactu-du-jour/6774/l-economie-et-les-jo-font-la-fierte-des-chinois
http://pewglobal.org/reports/display.php ?ReportID=261