Pour ceux que les James Bond ont toujours intrigué, voire fasciné, « Bakchich » raconte la saga des services secrets français, la DGSE. Coups tordus, discrets succès, infiltrations et manipulations, plongez chaque jeudi avec « Bakchich » dans les eaux troubles de « La Piscine », comme on appelle le siège des services, situé à deux pas du bassin Georges-Vallerey, à Paris. Cette semaine, « Bakchich » poursuit l’enquête sur ces officines privées de sécurité « infiltrées » par les services secrets.
Le renseignement, il y a différentes manières de le dénicher. Certes, on ne peut pas se contenter d’intercepter les communications internationales, il est parfois impératif d’obtenir du renseignement d’origine humaine. Les services secrets doivent bien trouver quelque part celles et ceux qui seront les sources adéquates, notamment pour mieux interpréter les messages que l’on a réussi à récupérer grâce aux miracles de la technologie, et à décrypter.
Cela passe par exemple par le suivi, voire parfois par le contrôle, des petites officines privées spécialisées dans la sécurité. Ainsi nombreux sont les barbouzes de la DGSE, les services secrets français, qui n’hésitent pas à franchir le pas pour rejoindre ces sociétés. Des fonctionnaires de l’État qui rejoignent le privé. Après tout, la direction technique fait bien fabriquer ses appareils par des entreprises. Alors pourquoi ne pas en faire autant ? L’idée n’est pas mauvaise, mais il faut respecter un certain nombre de critères.
Il y a manière et manière. Déjà, on ne peut pas infiltrer un espiocrate dans une structure existante. Ce sont des coups à se faire prendre la main dans le sac. Le directeur général de la DGSE n’aimerait pas ça du tout, il a d’ailleurs une peur bleue des activités opérationnelles et clandestines, qui sont rarement sans risques. Et alors ? N’est-ce pas de la responsabilité d’un chef d’assumer l’ensemble des actes de son équipe ?
De toute façon, le service entretient déjà des liens discrets avec la plupart de ces sociétés dont le nom fleurit parfois dans la presse au détour d’une « affaire » plus ou moins tortueuse. Non, l’idéal est de dénicher une officine qu’on maîtrise. Pas question d’en fabriquer une de toutes pièces, c’est cher et ça attirerait l’attention. Comme la discrétion n’est pas toujours le point fort des services secrets, c’est risqué. Or on connaît la doctrine. Pas de vagues. Alors, où trouver la perle rare ?
Les perles rares existent, heureusement pour les services. À Bruxelles, par exemple. « J’ai une idée, dit l’un des participants à une petite réunion de brainstorming qui s’est tenue un jour dans un bureau de la direction du renseignement de la DGSE. Nous avons ce journaliste franco-belge que nous payons depuis des années, vingt ou vingt-cinq ans. Le temps passe si vite. Il a monté, un peu grâce à nous, un centre d’études sur la sécurité et l’anti-terrorisme en Belgique ».
Le petit groupe est ravi, l’idée est excellente. On trouve l’agent secret qui va accompagner les travaux de notre journaliste franco-belge. Ils se connaissent déjà, donc pas de problème. On va le faire « démissionner » de la DGSE, histoire de rendre crédible sa mutation dans le privé. Quelques informations gentiment glissées à la lettre confidentielle Intelligence OnLine annoncent qu’un « ex » des services rejoint le centre belge. La DGSE lui laissera quand même son salaire. Un montage classique, preuve que les services n’ont pas encore perdu la main. Par ailleurs, suggère-t-on à la DGSE, le fameux centre d’études sur la sécurité et l’anti-terrorisme pourrait ouvrir une antenne à Paris. Le projet bien ficelé reçoit l’aval du directeur général. Une antenne sera en effet créée en France.
Seule ombre au tableau. Aurait-on négligé de lire le dossier de notre journaliste-directeur ? Un dossier pourtant bigrement intéressant. On y apprend, par exemple, que l’intéressé a travaillé pour les services secrets polonais avant la chute du communisme, qu’il entretient d’excellents contacts avec les Américains et les Israéliens. Il se vante, d’ailleurs, d’être une barbouze, ce qui, au fond, n’est pas totalement faux. La seule question qu’on peut se poser, c’est bien celle-là : une barbouze, oui, mais au profit de qui ?
Après tout, on peut se tromper. Notre ancien agent de la DGSE a peut-être vraiment quitté les services secrets et utilisé à des fins personnelles les contacts noués quand il était en activité. Pas très digne… On peut imaginer aussi que nos barbouzes administratives ont bel et bien pris connaissance de la vie mouvementée de notre journaliste franco-belge et qu’elles ont écarté les risques d’un geste. La direction du renseignement a bien supprimé son service de contre-espionnage, ce qui prouve combien elle porte attention à la protection de ses agents et de la DGSE…
Lire et relire sur Bakchich :
Passons sur les inutiles insinuations relatives à "Gorge Profonde", c’est aussi ridicule que le pantalon trop court. Pourquoi ne pas dire aussi qu’il portait des chaussures militaires ? Pure provocation.
Le problème n’est pas là. Le journaliste franco-belge dit lui-même qu’il est un agent de la DGSE (lire la définition du terme agent dans le glossaire du site officiel de la DGSE) et non pas un honorable correspondant (HC, également défini dans le site signalé).
Toutes les informations sont sur la toile, notamment sur la publicité internet de ce centre. Rien de secret.
Quant au regrettable dommage causé pour mener à bien des recrutements futurs, espérons seulement qu’une attention plus importante sera portée à leur aptitude à rester discrets. La DGSE a besoin de renseignements, pas de pseudo-espions ayant de pseudo-contacts.
Chercher à discréditer Bakchich, composé de journalistes professionnels, de cette manière ne semble pas très noble.
sympa le croc’ en jambe à intelligence online…
Les sites "d’informations" seraient -ils (très) régulièrement intoxiqués ??? non j’y crois pas, ce n’est pas possible, personne ne ferait ça… qu’en pense mr dasquié ? :-)
utiliser un "journaliste" ou son journal, le rendre crédible en l’alimentant en "bonnes" infos puis ensuite utiliser sa "crédibilité" pour diffuser de fausses info°en cas de besoin…le tout à son insu ou non et éventuellement le faire passer pour une victime persécutée pour remettre ses lecteurs en confiance etc.
Il y a une multitudes de manière de tenir des journalistes. et biensûr ne parlons pas des coups classiques (enveloppe fournie$$, arrangement avec le fisc, drogues, et autres ’plaisir’…)
sous-traiter certaines activités, c’est courant, mais le truc c’est que le citoyen lambda ne sait pas tt de suite(ou jamais) d’ou vient cette barbouzerie.
Je sais pas ce qui se passe sur bakchich, ça taille bcp la dgse depuis des mois. il est clair que ce ne sont pas les meilleurs de la planète, pourtant le rapport qualité prix est plutôt bon. mais pour sûr, il y a une sacrée collection de couacs.
Ok , la dgse fait marrer bcp de gens dans le monde, mais il y a pire…je sais c’est pas difficile :-)
Aucun croc’ en jambe, comme vous dites, à Intelligence Online, dont nous sommes à Bakchich des lecteurs assidus. Sur l’affaire en question, ils ont publié une information qui valait d’être publiée, point à la ligne.
Pour le reste, ne jetons pas la pierre à l’ensemble de la presse, il n’existe que des cas particuliers. Soit quelques moutons noirs dans un milieu aux pratiques professionnelles généralement respectables.
Quant à la DGSE, elle est comme toute autre administration de l’Etat : son activité mérite d’être connue et chroniquée par la presse, avec quelques restrictions compréhensibles, notamment sur les affaires en cours. Comme toute administration de l’Etat elle a connu des succès et des échecs. Chaque jeudi nous tentons de nous en faire un tant soi peu l’écho.
Rendez-vous donc jeudi prochain.
Laurent Leger
redac chef