Le banquier suisse, qui dort aux Baumettes depuis novembre, avait l’habitude de prendre des notes sur ses conversations liées au cercle de jeux Concorde, soupçonné par la justice d’avoir servi de lessiveuse au milieu marseillais. On y retrouve un certain « Charles P. », ou encore le bon « Patrick Devedjian ».
Depuis 5 mois, le banquier suisse François Rouge a quitté l’austère et un poil aseptisée ville de Genève pour la plus belle ville du monde, où chantent et dansent toute l’année les mouettes, Marseille. Las, le petit suisse n’a pas eu l’occasion de visiter toute la ville. Pas de déambulation sur la gracieuse corniche Kennedy, aucun coup d’œil vers les Calanques, pas un coucher de soleil, un petit jaune à la main, sur une terrasse du Vieux Port, à regarder les rayons du soleil illuminer les fort Saint Jean et Saint Nicolas, qui bordent l’entrée de la rade. Non l’ancien patron de la banque des patrimoines privés s’est borné à des allers-retours entre l’Evêché, le commissariat central de Marseille, sis à côté de la cathédrale, et la prison des Baumettes, à l’orée des calanques.
Pas les endroits les plus aimables. Mais Rouge a eu le petit défaut de se mêler de fort près au Cercle Concorde, ce cercle de jeux parisien soupçonné par la flicaille et les juges marseillais d’avoir servi de blanchisseuse au milieu. Et l’ami banquier suspecté d’avoir financé l’aventure… D’où une mise en examen et un séjour à l’ombre qui dure depuis fin novembre.
Mais avec le retour des beaux jours, le garçon ne désespère pas d’aller flâner en bord de Méditerranée. « Nous avons envoyé quelques missiles Exocet pour le faire sortir », sourit son primesautier avocat suisse, et néanmoins ancien bâtonnier de Genève, Marc Bonnant. À savoir une demande de libération provisoire et une requête en nullité déposés début mai. Selon le conseil de Rouge, l’accusation d’extorsion, qui lui vaut de rester en cabane, n’est pas « motivée ».
Et ce dossier, qui a enflammé le début d’année, avant de tomber aux oubliettes pourrait rebondir. À l’image du célébrissime Philippe « OSS 117 » Rondot dans le dossier Clearstream, François Rouge avait des petites habitudes de clerc de notaire. Et griffonnait des petites fiches après toutes les conversations liées au Cercle Concorde. Cette centaine de petites notes, saisies à l’occasion de commissions rogatoires internationales en Suisse début novembre 2007, ont été transmises à la justice marseillaise, il y a deux mois.
« Des fiches très circonstanciées », confirme Me Bonnant. Et deux jolis noms apparaissent. « Patrick Devedjian », dont le Suisse a toujours affirmé qu’il avait eu une conversation avec lui. Aux vues des nombreuses écoutes versées au dossier et dont a fait l’objet Rouge rien de neuf. À part un certain agacement de la part du secrétaire général de l’UMP. « M. Devedjian ne comprend pas pourquoi Bakchich s’obstine à vouloir le mêler à ce dossier », nous fait savoir la communication de l’UMP. Tout simplement parce qu’il a été cité par plusieurs acteurs clés du dossier (cf. Cercle concorde : Devedjian voit Rouge) sans jamais être entendu. Et un deuxième nom a été dessiné par la main de Rouge dans ses petites notes. Un mystérieux « Charles P. » Une lettre qui ouvre bien des possibilités dans les cercles de jeux corses.
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