Un reporter de Bakchich a découvert qui créchait dans un des superbes appartements de l’avenue Iéna dont la vente a titillé le ministère de l’Intérieur. Si petit soit-il, il a été démasqué…
Omar Bongo, éternel président du Gabon, est un heureux homme : il peut compter sur de bons amis qui lui donnent le coup de main quand les fins de mois sont rudes. C’est ce que le ministère français de l’Intérieur a découvert en enquêtant, il y a quelques mois, sur les dessous de l’achat d’un bel appartement avenue d’Iéna, comme nos amis de la Lettre du Continent [1] l’ont raconté.
Acheté par un Gabonais de bonne famille, Michel Teale, il est en fait utilisé par Bongo, qui y a placé une femme un peu plus jeune que lui. Une Marocaine, visiblement très en cour auprès du grand chef de Libreville.
Fils du général Teale, ancien commandant en chef de l’armée gabonaise, le petit Michel a un CV long comme le bras dans l’entourage de Bongo. Il a occupé les fonctions de conseiller du ministre du Commerce extérieur puis de directeur général du Centre Gabonais du Commerce Extérieur. Teale a également géré la Foire de Libreville connue pour produire de gros bénéfices, et installé au poste de patron de la foire, son propre cousin. En 1988, petit accroc dans ce conte de fées : il est arrêté pour détournement de fonds. Mais grâce à l’intervention de papa, il restera très peu de temps en prison. Plus tard, Bongo le nomme conseiller du Président avant d’occuper le fauteuil envié de directeur de cabinet privé du chef de l’État.
Bongo et son affidé partagent la passion du Maroc… Michel Teale est en effet expédié ambassadeur du Gabon auprès du royaume. Il épouse une Marocaine en seconde noce. Désormais musulman, il se fait appeler Medhi Teale. Avec sa femme, ils vont ouvrir une boîte de nuit à Libreville et feront venir des jeunes filles depuis Rabat. Probablement pour animer les longues soirées dansantes des maquis de Libreville…
Furieuse des frasques de cet homme à tout faire, la femme de Bongo, Édith Bongo-Ondimba, demande sa tête et l’obtient. Il est viré du cabinet privé et atterrit commissaire général au Tourisme. Il revient ensuite dans les petits papiers du président et entre au gouvernement comme ministre de la Communication en 2002. Pour gérer la bonne communication avec le Maroc ?
Entre-temps Teale a divorcé de sa marocaine et en épouse une autre. Viré à nouveau du gouvernement en 2006 ((après un passage par le maroquin de la Rénovation urbaine…), il reprend le Commissariat Général au Tourisme comme lot de consolation. Et voilà que les flics de la place Beauvau viennent troubler ce parcours en s’interrogeant sur la régularité de la transaction immobilière. Heureusement, Omar Bongo, qui n’a pas envie d’en faire les frais, devrait le sauver de la curiosité mal placée des enquêteurs. Le 19 mars, lors d’une visite éclair à Paris, peut-être en a-t-il discuté avec son ami Nicolas. Entre fins connaisseurs de l’immobilier francilien, on se comprend.
[1] Lettre du Continent n° 513 du 8/3/2007